Coordonner, innover, intervenir: le rôle clé du nouveau Pôle de santé publique

La mission du nouveau pôle est de mobiliser et coordonner un réseau d'organismes clés pour optimiser les ressources et atteindre plus d'efficience en santé publique au Québec.

La mission du nouveau pôle est de mobiliser et coordonner un réseau d'organismes clés pour optimiser les ressources et atteindre plus d'efficience en santé publique au Québec.

Crédit : Getty

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Le Pôle de santé publique permettra d’orchestrer les efforts des différents partenaires afin de faire face aux défis actuels et futurs en santé publique.

Un réseau collaboratif ambitieux vient de voir le jour avec le lancement officiel du Pôle de santé publique, qui doit devenir un tremplin d'innovation pour la formation, la recherche et l'intervention en santé publique. 

Cette initiative rassemble les principales unités et organisations du domaine, dont l'École de santé publique de l'Université de Montréal (ESPUM), le ministère de la Santé et des Services sociaux, l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et plusieurs autres partenaires de premier plan. 

«Notre mission est de mobiliser et coordonner un réseau d'organismes clés pour optimiser nos ressources et atteindre plus d'efficience en santé publique», explique Jacqueline Wassef, directrice du Pôle. L’action du Pôle s'articule autour de cinq thèmes prioritaires, soit la santé urbaine, les changements climatiques, la science des données, la plateforme d’expertises en soutien à la prise de décision et l’adaptation du système de santé. 

«Logé à l’Université de Montréal, le Pôle constitue un nouveau réseau permettant aux organisations de santé publique de collaborer plus efficacement, ajoute Carl-Ardy Dubois, doyen de l’ESPUM et président du conseil de direction du Pôle. La contribution au budget de lancement de 800 000 $ témoigne de l'engagement des partenaires: la moitié provient du ministère, un quart de l'UdeM et le reste des autres parties prenantes.»

Des projets concrets pour répondre aux défis actuels

Carl-Ardy Dubois

Carl-Ardy Dubois

Crédit : Courtoisie

Les membres du conseil de direction qui se sont rencontrés récemment ont adopté un plan de travail pour les deux premières années, axé sur deux perspectives.  

«Nous voulons d'abord montrer la valeur ajoutée du Pôle à travers des projets concrets mobilisant les partenaires, puis apprendre à travailler ensemble et obtenir des résultats rapidement», souligne Carl-Ardy Dubois. 

Plusieurs projets sont d’ailleurs déjà en branle. 

«Nous avons amorcé un projet de recherche concernant les travailleurs étrangers temporaires, en collaboration avec des organismes communautaires et des partenaires institutionnels, dit Jacqueline Wassef. C'est un projet coconstruit où diverses parties apportent leur expertise et permettent de mieux ancrer le projet.» 

Une collaboration avec l'INSPQ et l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ) dans un projet nommé SAVOIR – pour Stratégies appliquées pour une vision optimale de l'impact de l'alimentation sur la santé face aux risques climatiques – est également en cours. «Il s’agit d’une formation des nutritionnistes pour s’adapter aux changements climatiques», indique la directrice du Pôle de santé publique, qui est aussi vice-présidente de l'ODNQ.  

Enfin, une école d'été sur les changements climatiques est prévue pour 2026, sous la gouverne du Pôle.

Une structure de gouvernance inclusive et représentative

Jacqueline Wassef

Jacqueline Wassef

Crédit : Courtoisie

«La pandémie a mis en lumière l'importance d'une réaction rapide et coordonnée en santé publique, affirme Jacqueline Wassef. Si une nouvelle crise sanitaire survient, le Pôle nous permettra d’être déjà arrimés et organisés afin de répondre aux besoins des décideurs en matière d’information, et de formation sur le terrain, en trouvant les expertises nécessaires rapidement.» 

Le Pôle mise sur un éventail de partenaires. Parmi les organismes fondateurs, on trouve neuf écoles et facultés de l'UdeM, soit l’ESPUM, la Faculté de médecine, la Faculté de l’aménagement, la Faculté de médecine vétérinaire, la Faculté de pharmacie, la Faculté des arts et des sciences, la Faculté de médecine dentaire, la Faculté des sciences infirmières et l'École d'optométrie. 

«À ces partenaires universitaires s'ajoutent la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux, la Direction régionale de santé publique de Montréal, l'INSPQ, l'Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail, l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux et l'Association pour la santé publique du Québec», énumère la directrice du Pôle de santé publique. 

Les universités McGill et Laval ainsi que l’École nationale d’administration publique ont rejoint les rangs du Pôle, de même que des centres de recherche et des directions régionales de santé publique. D’autres invitations ont été lancées visant à élargir le bassin des partenaires du Pôle et à le diversifier. 

La structure de gouvernance comprend une assemblée des membres et un conseil de direction présidé par le doyen de l'ESPUM. «Le pouvoir décisionnel est détenu par le conseil de direction, avec une représentation au plus haut niveau des organisations participantes», explique Jacqueline Wassef, qui précise qu’il reste quelques sièges à pourvoir, y compris un siège pour représenter les municipalités du Québec.

Une valeur ajoutée unique pour l'écosystème de santé publique

Ce qui distingue le Pôle de santé publique, c'est sa capacité à mutualiser les ressources et à entreprendre ce qu'aucune organisation ne pourrait accomplir seule. «Cet alliage formation-recherche-intervention permettra de rallier les partenaires dans des projets qu'aucun ne peut mener à lui seul», mentionne Carl-Ardy Dubois. 

Le doyen de l’ESPUM donne l’exemple de problèmes complexes comme ceux que posent les changements climatiques. «C'est un thème qu'on peut aborder sous différents angles, dont la surveillance des populations, la gestion des déchets dans les établissements de santé, la formation de la main-d’œuvre, la santé et la sécurité au travail, pour n’en nommer que quelques-uns», illustre-t-il. 

«Notre nouveau réseau structuré nous conférera une capacité collective d’action et de résolution des problèmes qui sera plus rapide et plus efficace», ajoute Jacqueline Wassef. 

«Nous sommes en train de créer quelque chose d'unique, un écosystème d’innovation en santé publique de calibre mondial rassemblant universitaires, décideurs, praticiens, conclut Carl-Ardy Dubois. Le Pôle de santé publique permettra une synergie des forces existantes et créera des conditions pour réaliser des projets collectifs et assumer un leadership collectif en santé publique. Notre ambition est qu’il devienne, dans quelques années, un joyau qui distingue le Québec par rapport à d'autres pays et juridictions.»

Pôle de santé publique: une idée qui a mûri avec le temps

L'idée de regrouper les forces vives en santé publique au Québec date d'une vingtaine d'années. À l’origine, il était question de regrouper physiquement l'INSPQ, la Direction régionale de santé publique de Montréal et les trois départements du secteur de la santé publique de l’UdeM pour créer une synergie dans ce domaine. 

Après plusieurs tentatives avortées, les discussions ont repris en 2018 dans le cadre du plan de relance de l'est de Montréal. «Puis la pandémie est arrivée et a montré à quel point le système de santé publique est vulnérable, souligne Carl-Ardy Dubois. On s'est alors demandé comment faire mieux et travailler ensemble même si on n’est pas tous regroupés sur un même lieu.» 

Si l'idée d'un regroupement physique sous un même toit a été mise en veilleuse, la volonté de collaboration est restée intacte. «Nous avons rencontré tous les partenaires potentiels pour sonder leur intérêt et explorer comment pourrait évoluer le projet. Le consensus a émergé pour créer un réseau d'organisations travaillant ensemble sur des projets communs», ajoute le doyen de l’ESPUM. 

Le projet a finalement pris forme grâce à l'engagement de tous les partenaires. «Il fallait un engagement réel pour faire naître ce projet et tous les partenaires ont accepté de contribuer au budget de lancement», signale-t-il.