Les jeunes accablés par différents stresseurs au travail
- UdeMNouvelles
Le 14 juillet 2025
- Martine Letarte
Plusieurs stresseurs au travail pèsent sur les jeunes, qui gagneraient à avoir des lieux d’échange et à participer à la mise en place d’actions pour améliorer la situation.
Surcharge de travail, hyperconnectivité, relations interpersonnelles conflictuelles ou insatisfaisantes, insécurité financière, conditions de travail difficiles: les jeunes sont confrontés à plusieurs facteurs de stress au travail. C’est ce que révèle une recherche coréalisée par Myriagone – Chaire McConnell-Université de Montréal en mobilisation des connaissances jeunesse et Force Jeunesse, un organisme de défense des droits et des intérêts de la jeunesse du Québec dans l’élaboration des politiques publiques.
Le projet a aussi montré l’importance de créer des lieux d’échange pour les jeunes sur ces questions et de solliciter les parties prenantes pour engendrer des changements.
Alors que, depuis 2021, la Loi sur la santé et la sécurité du travail inclut désormais la prévention des risques psychosociaux liés au travail, c’est-à-dire les stresseurs au travail, la recherche a donné la parole aux jeunes de 18 à 35 ans sur cette question.
La méthodologie utilisée avec les 11 participantes et participants à la recherche qui sont des leaders du mouvement associatif jeunesse québécois a été la photovoix.
«On leur a demandé de prendre des photos qui représentent les facteurs de stress vécus au travail», explique Nancy Beauregard, cotitulaire de la Chaire et professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal.
Cette avenue a été préférée à un questionnaire préétabli par l’équipe de recherche afin de leur laisser une pleine latitude pour présenter leur expérience. «Cela nous a aussi permis d’éviter des angles morts que nous aurions pu avoir», précise la chercheuse.
Qu’en est-il sorti? Une photo de l’application Mail avec 10 005 courriels non lus. Ou encore celle d’un téléphone affichant l’icône de la pile à plat.
Les photos ont été présentées à l’exposition Tous seuls ensemble pour permettre aux jeunes de témoigner de leur expérience auprès d’une trentaine d’organisations jeunesse et de représentants de l’État ou d’un organisme public.
L’importance d’échanger entre pairs
Après avoir pris connaissance des réalités vécues par leurs pairs, les personnes engagées dans la recherche ont été invitées à en discuter.
«Il y a eu une prise de conscience des jeunes par rapport à leur réalité collective, remarque Fred-William Mireault, président de Force Jeunesse. Quelques-uns n’avaient pas mis le doigt sur certaines sources de stress et, en voyant les photos et en parlant, ils ont été capables de les nommer.»
L’équipe de recherche est d’avis qu’il est important de favoriser ce genre de dialogue dans les milieux de travail.
«En raison de la Loi, les employeurs doivent mettre en place des mécanismes pour déterminer les risques, indique Nancy Beauregard. Il serait important de s’assurer d’intégrer des jeunes dans ces instances parce qu’ils ont des choses intéressantes à dire. Puis, comme leur arrivée sur le marché du travail est récente, ils permettent d’analyser la situation avec un regard neuf.»
Intégrer les jeunes dans la mise en place de solutions
Rendre visibles les stresseurs liés au travail et en discuter permet de trouver des solutions afin de les éliminer ou de les réduire.
«Déjà, le fait de donner un espace de discussion aide beaucoup, dit Fred-William Mireault. En parlant entre eux, des travailleuses et des travailleurs ont réalisé qu’ils se mettaient eux-mêmes énormément de pression, par exemple en restant toujours connectés au travail. L’objectif n’est pas de montrer du doigt les employeurs, mais de les amener à avoir une saine discussion avec leur personnel pour que des limites claires puissent être établies selon le type de travail.»
Parce qu’on sait que personne n’est gagnant lorsque des gens sont confrontés à des facteurs de stress au travail sur une période prolongée. «Cela peut finir par altérer la santé et diminuer l’engagement au travail», affirme la professeure Beauregard.
Le rapport note que plusieurs éléments faciles à mettre en place peuvent venir contrebalancer ces stresseurs, comme le fait de reconnaître les efforts que font les jeunes ou s’assurer que les personnes nouvellement arrivées dans un milieu de travail bénéficient de relations interpersonnelles positives et soutenantes. La possibilité d’accéder à des formations pour maintenir à jour ou accroître ses compétences est aussi fort aidante.
«L’important, c’est de lancer cette conversation sur les stresseurs en milieu de travail avec les jeunes», conclut-elle.
En savoir plus
Le rapport QUEST: co-développer avec et pour les jeunes des connaissances sur la qualité de leur environnement psychosocial de travail, par Nancy Beauregard et ses collègues, a été publié en mai 2025.