Programme Côte à Côte: favoriser la mobilité étudiante dans la francophonie canadienne
L’Université de Montréal est à l’initiative d’un nouveau projet collaboratif pour renforcer la mobilité étudiante francophone à l’échelle pancanadienne. Ce programme, mené en partenariat avec l’Université de Moncton, l’Université de l’Ontario français, le Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta et la Cité universitaire francophone de l’Université de Regina, propose une immersion de deux mois, centrée sur l’expérience concrète et l’implication citoyenne, pour mieux comprendre la diversité des communautés francophones au Canada. Sur les 10 à 15 prochaines années, ce projet souhaite permettre à des centaines de personnes étudiantes francophones de vivre une expérience hors les murs de leur université d’attache. Le développement de ce nouveau programme de mobilité étudiante dans la francophonie canadienne est rendu possible grâce au soutien financier que les universités partenaires ont reçu de la part du ministère de la Langue française du Québec, du ministère des Affaires francophones de l’Ontario et du ministère des Affaires intergouvernementales du Nouveau-Brunswick.
Déployé pour une deuxième année, le programme connaît déjà un bel élan. «Avec trois nouveaux partenaires, cette deuxième édition a été un franc succès. J’ai eu la chance de rencontrer chacune des personnes que nous avons accueillies sur notre campus cet été et elles m’ont toutes exprimé le plaisir à découvrir une nouvelle ville francophone, une nouvelle université, de nouveaux modes d’enseignement. Pour la plupart d’entre elles, il s’agissait d’une première expérience de mobilité hors de leur université: rester dans un contexte canadien et francophone les a incitées à sauter le pas et à se sentir en sécurité pour une première mobilité. Toutes souhaitent réitérer l’expérience, dans une autre province ou à l’international», affirme Valérie Amiraux, vice-rectrice au communautaire, à l’international et aux Premiers Peuples.
Cet été, cinq membres de la communauté étudiante de l’UdeM ont l’occasion de s’immerger dans une autre réalité francophone, pendant que d’autres ont été accueillis à Montréal.
Xavier Douville, étudiant en littérature comparée, a effectué un stage à l’Institut Marcelle et Louis Desrochers pour le Patrimoine et les recherches transdisciplinaires en francophonies canadiennes et internationales (IMELDA) au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta. Il y a documenté des figures méconnues de la francophonie de l’Ouest canadien et rédigé des scénarios pour une série de balados. «J’ai pu travailler dans des lieux de la mémoire canadienne très importants, comme les Archives provinciales de l’Alberta, et en apprendre davantage sur le passé de l’arrière-pays canadien.» Ce travail l’a mené à explorer des récits historiques souvent oubliés. En parallèle, l’expérience lui a permis de renforcer ses compétences de recherche et d’analyse. «Dans un domaine comme la littérature comparée, il faut être à l’aise avec plusieurs méthodes et approches. Mon stage m’a permis de solidifier tous les acquis demandés dans mon baccalauréat.»
Quant à Evelyne Alix-Fontaine, étudiante au baccalauréat en science politique et jumelée à l’Université de Moncton, elle réalise un stage auprès du député néo-brunswickois Alexandre Cédric Doucet, avocat spécialisé en droit constitutionnel. Ce stage lui offre une plongée concrète dans les réalités politiques d’une autre province francophone. Elle souligne à quel point cette immersion lui permet d’explorer en français son domaine d’étude sous une autre perspective, tout en constatant les différences politiques entre le Nouveau-Brunswick et le Québec, notamment en matière de protection du français et du processus de vérité et réconciliation avec les peuples autochtones. «Je sais déjà que ces informations vont m’inspirer pour des projets de recherche dans le cadre scolaire», affirme-t-elle, reconnaissante de pouvoir travailler avec un député partageant sa passion pour le droit constitutionnel.
Monika Daigle, étudiante en psychologie à l’Université de Moncton, fait partie des personnes étudiantes accueillies par l’UdeM dans le cadre du programme pancanadien. Elle effectue un stage à la Clinique Mauve, un lieu dédié à la recherche et à l’intervention auprès des personnes LGBTQ+ migrantes et racisées. En contribuant aux projets de recherche de la clinique, elle approfondit sa compréhension de ces réalités. «Mon stage me permet d’intégrer un discours plus inclusif dans mon quotidien, que je mobiliserai dans mes interactions professionnelles», explique-t-elle, en soulignant les apprentissages concrets qu’elle compte appliquer dans sa future pratique en psychologie.
Pour Valérie Amiraux, ces expériences étudiantes concrètes traduisent une ambition plus vaste. «Ce projet incarne notre aspiration comme université à participer activement au rapprochement des francophonies canadiennes et à encourager notre jeunesse à découvrir les différentes communautés francophones d’un océan à l’autre. J’espère voir ce programme de mobilité grandir dans les prochaines années, et que d’autres universités nous rejoindront afin de bâtir ensemble les prémices d’un “Erasmus” canadien.»