Une traversée du Canada à vélo épaulée par l’UdeM
Pédaler quotidiennement sur une distance de plus de 200 kilomètres pendant 32 jours consécutifs d’un océan à l’autre à 64 ans: tel est le défi qu’a relevé Laurent Proulx cet été afin d’amasser des fonds pour la recherche sur le cancer de la prostate et de sensibiliser la population à cette maladie.
Cette traversée du Canada à vélo – de Vancouver à Saint-Jean de Terre-Neuve – a été rendue possible grâce à un encadrement rigoureux assuré par une équipe de spécialistes affiliés à l’Université de Montréal.
Coordonné par le professeur Raynald Bergeron, de l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique (EKSAP), ce plan d’un an visait à optimiser la condition physique de Laurent Proulx en y intégrant également une préparation mentale et nutritionnelle.
Une prise en charge multidisciplinaire
C’est au sein de la Clinique de kinésiologie de l’UdeM que le cycliste – qui a lui-même été atteint d’un cancer prostatique à 48 ans – a bénéficié du soutien d’une équipe aux expertises et savoirs diversifiés.
S’il n’est pas un champion olympique, Laurent Proulx reste tout de même un athlète de haut niveau, ayant fait un Ironman à peine un an après l’opération pour son cancer. Il n’en demeure pas moins qu’une préparation méthodique était nécessaire.
Pierre-Mary Toussaint, professeur de clinique à l’EKSAP, et des étudiants et étudiantes du baccalauréat en kinésiologie ont élaboré un programme d’entraînement révisé mensuellement qui avait pour objectif d’améliorer la capacité cardiorespiratoire et l’endurance de Laurent Proulx tout en maintenant sa masse musculaire.
En parallèle, la composition corporelle du cycliste a été analysée et suivie par la professeure Marie-Ève Mathieu, de l’EKSAP, par l’entremise de la technologie d’absorptiométrie à rayons X biphotonique (ou DEXA pour dual-energy X-ray absorptiometry), soit un examen d’imagerie qui mesure les masses osseuse, musculaire et adipeuse.
Pour le volet psychologique, le triathlonien a rencontré Leslie Podlog, également professeur à l’EKSAP, qui l’a guidé dans le renforcement de sa résilience, une qualité primordiale pour supporter de longues périodes solitaires d’effort et, parfois, d’ennui.
Le cas particulier de l’alimentation
Ève Crépeau, professeure de clinique au Département de nutrition de l’UdeM, s’est vu confier la préparation nutritionnelle de l’athlète, notamment l’entraînement de son système digestif à fonctionner pendant un exercice soutenu et prolongé.
Raynald Bergeron rappelle que, pour un effort de plus de quatre heures, il est essentiel de s’alimenter pour assurer une performance. Or, d’un point de vue physiologique, la digestion et l’activité physique sollicitent le corps d’une façon qu’il qualifie de «conflictuelle».
«Quand on fait de l’activité physique, l’activation du système nerveux sympathique redistribue l’afflux sanguin vers les muscles par exemple, alors que, lorsqu’on s’alimente, il y a plutôt une augmentation du débit sanguin vers le tube digestif pour permettre la digestion et l’absorption des nutriments», explique le professeur.
Il devient donc indispensable d’entraîner l’organisme à être capable de réaliser simultanément ces deux tâches qui sont naturellement opposées, et d’ainsi éviter les inconforts gastro-intestinaux, voire les nausées et la diarrhée.
Raynald Bergeron indique que, grâce à cet entraînement, Laurent Proulx est parvenu à passer de 60 à 80 g d’hydrates de carbone à l’heure – des glucides complexes qui sont des sources importantes d’énergie pour le corps.
Un projet pour encourager la recherche
À titre de président-directeur général de PROCURE, un organisme de bienfaisance dans la lutte contre le cancer de la prostate, Laurent Proulx a dédié son aventure au soutien d’initiatives de recherche sur ce type de cancer.
Il serait question de collaborer entre autres avec Isabelle Doré, professeure à l’EKSAP et à l’École de santé publique de l’UdeM et chercheuse au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’UdeM. Ses travaux portent notamment sur l’activité physique et la santé mentale chez des personnes ayant reçu un diagnostic de cancer.
«On parle de futurs projets qui concerneraient la préparation des patients s’apprêtant à subir des traitements d’oncologie, puisqu’il y a des éléments qui indiquent que la condition physique est un facteur important pour la qualité de vie durant les interventions, mais également après», précise Raynald Bergeron.