Briser les silos pour mieux accompagner les personnes considérées comme obèses

En 5 secondes Le projet de recherche COLLAB-INTER-360-Obésité se veut un véritable laboratoire d’idées et d’actions pour repenser l’accompagnement des personnes considérées comme obèses.

À Montmagny, une petite ville aux abords du fleuve Saint-Laurent, une communauté d’apprentissage de différents secteurs est en train de prendre vie. Des patients, des professionnels de la santé, des intervenants communautaires, des décideurs et des résidents s’unissent pour trouver des approches plus humaines et mieux adaptées aux réalités des personnes atteintes d’obésité.

Pourquoi Montmagny? C’est que dans ce milieu rural de Chaudière-Appalaches, le vieillissement rapide de la population entraîne une hausse marquée des cas d’obésité. Préoccupée par cette réalité, Laurence Berthelet, professionnelle en santé publique et habitante de Lévis, s’est demandé comment mieux soutenir les personnes considérées comme obèses – un terme recommandé par le Collectif Vital pour réduire la stigmatisation.

Une collaboration universitaire et citoyenne

Grâce au programme ENGAGEMENT du Fonds de recherche du Québec, Laurence Berthelet a été jumelée à la Dre Géraldine Layani, professeure adjointe de clinique au Département de médecine de famille et de médecine d’urgence de l’Université de Montréal, pour élaborer le projet COLLAB-INTER-360-Obésité, qui mise sur une approche inclusive, intersectorielle et ancrée dans le quotidien des gens.

«L’obésité est reconnue comme une maladie chronique complexe qui touche 27 % de la population canadienne, souligne la Dre Layani. Elle entraîne de la morbidité, de la mortalité et de la stigmatisation. Or, notre système de santé reste trop centré sur les soins et ne prend pas suffisamment en compte la prévention et les déterminants sociaux.»

L’initiative innove en misant sur la force du groupe pour bâtir une communauté d’apprentissage, où chaque participante et participant peut raconter ses expériences et contribuer à trouver des solutions concrètes pour améliorer la qualité de vie et les parcours de soins des personnes considérées comme obèses. Consultations locales, ateliers collaboratifs, discussions ouvertes: autant de leviers proposés pour nourrir la réflexion.

Laurence Berthelet y voit un tremplin pour changer les pratiques: «On parle beaucoup d’un réseau de la santé en crise. Pour moi, c’est l’occasion de penser autrement. Quand on est en coconstruction avec les gens du territoire, ce ne sont pas nos solutions qui s’imposent; elles émergent des vrais besoins et des ressources disponibles», dit-elle.

Des ateliers pour passer à l’action

Pour structurer cette communauté d’apprentissage, des ateliers de coconstruction sont en cours. Le premier, qui s’est tenu en mars, a permis de réfléchir aux façons d’instaurer la collaboration. «Les participants sont motivés à travailler ensemble, à mieux se connaître et à améliorer leur communication», note la Dre Layani.

En mai dernier, nous avons assisté au deuxième atelier, qui a réuni une vingtaine de personnes à Montmagny. Pendant trois heures, elles ont travaillé en petits groupes sur des cas fictifs présentés sur des affiches, inspirés du vécu de patients. Chaque personne avait un rôle à jouer dans la recherche de solutions et de moyens pour les mettre en œuvre.

Un troisième atelier, prévu à l’automne, servira à mettre en place la gouvernance de la communauté d’apprentissage. Un forum citoyen sera également organisé pour informer la population de Montmagny de la démarche et des résultats de la recherche.

Vers une implantation à l’échelle du Québec

À terme, ce projet pilote vise une implantation plus large au Québec autour d’autres thèmes de santé. «L’obésité est une question complexe, à la fois médicale et sociale. Redonner le pouvoir d’agir aux patients, c’est aussi sensibiliser les gens à ce qu’ils vivent et aux ressources disponibles sur un territoire. Dans un contexte de pénurie de soins, nous voulons promouvoir ces ressources pour permettre aux personnes considérées comme obèses de mieux agir sur leur santé», conclut la Dre Layani.

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