Une application pour aider les jeunes à mieux vivre avec le cannabis et la psychose

En 5 secondes Des scientifiques du CRCHUM testeront une application mobile pour aider les jeunes adultes ayant vécu un premier épisode psychotique à mieux contrôler leur consommation de cannabis.

Des scientifiques du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) vont tester une application mobile pour aider les jeunes adultes qui ont vécu un premier épisode psychotique à mieux contrôler leur consommation de cannabis. Cet essai clinique national constitue une première au Canada, un pari audacieux tenu par l’équipe du Dr Didier Jutras-Aswad, chercheur de l’axe Neurosciences du CRCHUM et professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. 

L’étude pilote de l’équipe, intitulée CHAMPS (Cannabis Harm-reducing App to Manage Practices Safely), qui a fait l’objet d’une publication dans la revue Psychiatry Research, lui a permis de recevoir près de 800 000 $ des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour évaluer l’efficacité de son approche numérique. 

«Conçue en collaboration avec de jeunes adultes, des cliniciens et de nombreux experts, notre application offre des modules interactifs, ainsi qu’un accompagnement personnalisé pour réduire les risques liés à la consommation de cannabis, dit le Dr Jutras-Aswad, chef du département de psychiatrie du CHUM. Notre étude pilote a confirmé son acceptabilité auprès des jeunes ayant vécu un premier épisode psychotique. Le financement des IRSC nous permettra d’aller plus loin en évaluant son efficacité dans divers milieux cliniques.» 

Une étude pilote qui ouvre la voie

Pour réaliser l’étude pilote, le Dr Jutras-Aswad a pu compter sur l’aide d’une équipe multidisciplinaire, dont Stephanie Coronado-Montoya, première auteure de l’étude et ancienne doctorante de son équipe, et la Dre Amal Abdel-Baki, psychiatre au CHUM.  

Au total, 101 jeunes adultes âgés de 18 à 35 ans ont été suivis dans six cliniques situées au Québec et en Nouvelle-Écosse spécialisées en intervention précoce dans les cas de psychose.  

L’objectif est de proposer une solution aux approches traditionnelles de soins centrées sur l’abstinence, souvent inadéquates pour les jeunes adultes ayant connu un premier épisode psychotique et qui n’ont pas nécessairement l’intention d’arrêter leur consommation de cannabis. 

«En comparant les soins standards avec une approche combinée à CHAMPS, nous avons démontré que l’utilisation de l’application mobile est bien accueillie et qu’elle peut être intégrée dans un environnement clinique réel, explique le chercheur. Même si nous ne pouvons pas encore conclure à l’efficacité de CHAMPS, nous avons vu un signal encourageant en matière de baisse des problèmes liés au cannabis.»  

Ces résultats ont incité les IRSC à subventionner l’essai contrôlé randomisé, qui vise à inclure 250 jeunes dans six cliniques du Québec, de la Nouvelle-Écosse et de l’Alberta. Le recrutement s’étalera sur trois ans.

Une application qui parle aux jeunes

L’application CHAMPS va au-delà d’une simple application mobile. Elle s’intègre harmonieusement aux suivis cliniques existants sans surcharger le personnel médical. 

En soi, elle incarne une nouvelle philosophie en matière de soins en santé mentale, spécifiquement conçue pour répondre aux véritables besoins, trop souvent négligés, de jeunes adultes. 

«Plusieurs personnes ne souhaitent pas, du moins pendant une certaine période, réduire ni cesser leur consommation de cannabis. Ces jeunes nous disent toutefois être ouverts à changer leur façon de consommer pour en diminuer les risques. C’est ce que vise CHAMPS», mentionne le Dr Jutras-Aswad.

Cette perspective, exempte de jugement et centrée sur l’autonomie, pourrait contribuer à transformer la façon dont les équipes cliniques abordent la consommation de cannabis chez les personnes atteintes de troubles psychotiques.

Une approche qui pourrait changer les pratiques

Conçue à Montréal, l’application CHAMPS pourrait être adoptée dans des pays où la consommation de cannabis reste interdite. Elle s’inscrit d’ailleurs dans un mouvement plus vaste visant à humaniser, individualiser et déstigmatiser les soins en santé mentale.

«Afin de pouvoir intégrer plus largement la réduction des risques dans les soins en santé mentale, il est crucial de modifier les perceptions, les pratiques et les philosophies de soins», précise le Dr Jutras-Aswad.

En publiant des directives sur la consommation sécuritaire de cannabis en contexte de psychose, son équipe s’est d’ailleurs engagée activement à promouvoir cette approche avec l’aide d’un groupe de recherche international.

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