Rugby féminin: le sport d’excellence et la famille choisie

En 5 secondes La saison des joueuses de rugby des Carabins bat son plein. Derrière le bleu de l’uniforme, on découvre une équipe soudée comme peu d’autres.
L'équipe des joueuses de rugby des Carabins.

Le rugby, ce sont: des contacts rudes, des sprints intenses, des ballons oblongs qui fusent avec vélocité, des plaquages sans concession, des pyramides humaines étonnantes.

Derrière l’intensité de ce sport se cache à l’Université de Montréal une réalité encore plus évidente: une équipe complice, solidaire et engagée.

Il suffit d’une visite dans les couloirs et les installations du CEPSUM, le Centre d’éducation physique et des sports de l’UdeM, pour constater l’esprit de famille qui règne au sein du programme de rugby féminin des Carabins. Rencontre de terrain (littéralement). 

Une équipe bien encadrée

Invitée à assister à une séance d’entraînement des Bleues, l’équipe d’UdeMNouvelles est tout d’abord tombée sur Mike Malagisi, le thérapeute sportif de l’équipe depuis trois ans.

«On peut vous interrompre un instant?

«Non! Je dois taper toutes les filles avant la séance», nous dit-il en souriant.

Car le thérapeute est celui qui gère tous les «petits bobos» des joueuses, la plupart du temps des chevilles, des épaules et des hanches meurtries par la rudesse du sport. Il nous indique que c’est de 60 à 75 % de l’équipe pour qui est nécessaire l’application de bandes neuroproprioceptives servant à minimiser les douleurs ou à réduire les risques de blessure.

«J’utilise environ 18 rouleaux de tape par match ou entraînement. Et ça prend de 30 à 40 minutes pour taper tout le monde», précise-t-il, vif mais décontracté, tout en prenant des nouvelles des athlètes.

Plus loin, la toute nouvelle entraîneuse-chef Pauline Moussa – elle-même ancienne étudiante-athlète des Carabins – rencontre une joueuse. «Merci Pau!» lance joyeusement cette dernière en s’éloignant. La camaraderie est palpable.

La jeune entraîneuse nous invite ensuite dans son bureau, où l’on peut voir des cartes de départ pour les finissantes qui quitteront l’équipe, des cadres de photos d’équipe qu’elle souhaite accrocher au mur et les valeurs de l’équipe, fraîchement rédigées. On y lit des termes comme solidarité, excellence et respect.

«On est en train de déconstruire pour reconstruire et on vise l’excellence», mentionne Pauline Moussa, qui est devenue la deuxième pilote de l’histoire du programme fondé en 2012.

Elle nous guide vers le vestiaire, qui est étonnamment vide. Les filles sont déjà sur le terrain. Assidues.

Sur un mur trônent des affiches de requin de récif, un animal totem qui leur plaît bien en raison de son mordant et de son grégarisme. On trouve aussi les règles de l’équipe qui vont de la ponctualité au code vestimentaire en passant par la communication bienveillante. Sur un bureau traînent un coffre avec des mots d’encouragement et de renforcement positif ainsi qu’un livre avec des conseils d’anciennes.

Équipé d’un micro-ondes, d’un réfrigérateur et d’un divan, ce local devient le repaire des joueuses, qui y passent de nombreuses heures entre leurs cours et leurs entraînements pour se détendre, socialiser, voire étudier.

Une proximité littérale et imagée

Sur le terrain, on retrouve les joueuses en cercle, enlacées. Elles sont en train de faire trois respirations ensemble avant de commencer la séance d’entraînement. Pauline Moussa se joint à elles, les félicite pour celle de la veille, annonce que la séance du jour sera orientée vers la défense et leur dit quelques mots quant aux territoires non cédés en cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation.

Les filles scandent un puissant «Force, montagne, Carabins!» et ça part.

Quelques étirements synchronisés, puis les Bleues se lancent dans les mêlées, ces impressionnantes phases de jeu où les joueuses luttent physiquement pour la possession du ballon. Muscles saillants, chandails empoignés, corps imbriqués: l’effort semble soutenu, mais les sourires tiennent bon.

Autre démonstration de force: les athlètes travaillent les touches, qui consistent à soulever à près d’un mètre dans les airs des joueuses pour réceptionner le ballon mis hors jeu. Sont aussi répétés les plaquages – puissants et robustes –, les passes, les feintes.

Chaque étape se déroule sous l’œil attentif de Pauline Moussa et ses collègues entraîneurs, qui corrigent avec précision les mouvements, conseillent et encouragent. Flegmatique, l’entraîneuse-chef est une force tranquille: des mots fermes, mais bienveillants.

Des liens très forts

Pendant deux mois, les étudiantes-athlètes s’entraînent trois fois par semaine, en plus de prendre part à deux entraînements en salle et d’affronter les autres équipes du circuit universitaire québécois. Pendant cette courte, mais prenante période, elles passent tout simplement l’entièreté de leur temps ensemble.

Si l’activité physique est majoritairement prévue à leur horaire, le divertissement fait aussi partie du menu. Par exemple, elles ont regardé ensemble la finale de la Coupe du monde féminine de rugby, opposant le Canada à l’Angleterre, en toute collégialité au côté de leurs concurrentes de l’Université Concordia.

Elisa Pietrzykowski, étudiante au diplôme d’études supérieures spécialisées en journalisme, s’est inscrite au programme des Carabins exactement pour ça. Venue de France, la joueuse savait qu’elle nouerait des amitiés indéfectibles tout en pratiquant le sport qui la fait vibrer. «Même quand il pleut ou que la fatigue s’installe, je me dis que je vais voir mes copines et que ce sera le fun. On se tire mutuellement vers le haut, on se dépasse et on grandit ensemble», déclare-t-elle.

Pauline Moussa croit aussi que le rugby universitaire crée un puissant sentiment d’appartenance familial. «C’est l’un des rares sports d’équipe où il faut autant de cohésion sur le terrain. C’est un sport très inclusif, on a besoin de chacune des joueuses, tous gabarits et forces confondus, explique-t-elle. On est 15 sur le terrain, mais on est vraiment 30 à travailler ensemble.»

Le 4 octobre, les Bleues iront à la rencontre du Rouge et Or de l’Université Laval. Qu’attendez-vous pour aller les encourager?

Partager