Sans surprise, l'insécurité alimentaire s'accompagne de difficultés dans plusieurs sphères de la vie. Même après avoir pris en compte des conditions familiales et psychosociales vécues avant l’âge adulte, elle reste liée à une perception négative de sa situation socioéconomique, à une moins bonne santé physique et mentale, à un soutien social plus faible et à une satisfaction réduite quant à la vie menée.
«Peu importe leur parcours – universitaire, en formation professionnelle ou pas du tout aux études –, les répercussions sont les mêmes. Autrement dit, l’insécurité alimentaire, ce n’est jamais bénin», signale Véronique Dupéré.
Devant ce constat, les chercheuses proposent des pistes de solution. Les approches les plus efficaces, selon les écrits scientifiques, combinent des mesures structurelles – comme la bonification des prêts et bourses ou l'instauration d'un revenu minimum – avec des solutions d'urgence rapidement accessibles et non stigmatisantes.
Parmi les mesures prometteuses, des interventions consistant à offrir des repas gratuits sur les campus, accessibles par la carte étudiante, ou des coupons pour des aliments frais ont des effets positifs sur la santé, le bien-être et la réussite scolaire. Mais leur mise en œuvre dépend d’un engagement politique réel.
Les solutions ne peuvent cependant se limiter aux populations étudiantes des cégeps et des universités, avertissent les chercheuses. Il importe qu’elles s’adressent à tous les jeunes confrontés à l’insécurité alimentaire, incluant ceux et celles en formation professionnelle, en formation générale des adultes ou qui ne sont plus aux études et peinent à intégrer le marché de l’emploi – des groupes peu visibles dans l’espace public.
«Ce que nos résultats révèlent, c'est que, même si l’on vante notre accès à l'éducation postsecondaire comparativement au reste du Canada, si les besoins de base ne sont pas comblés, il faut revisiter certains programmes, car nous assistons actuellement à une tempête parfaite, avec la hausse du coût de la vie et la rareté des logements», conclut Geneviève Mercille.
Intitulé Transitions vers la vie adulte et insécurité alimentaire : une analyse longitudinale des jeunes adultes nés au Québec, ce rapport a été rendu possible grâce au soutien du Centre de recherche interdisciplinaire sur la justice intersectionnelle, la décolonisation et l'équité, du Centre de recherche en santé publique, de Myriagone – Chaire McConnell-Université de Montréal en partenariat jeunesse, de la Chaire de recherche du Canada sur la transition à l'âge adulte et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada.