Fils invisibles

En 5 secondes Le professeur Pierre Minn donne aujourd’hui le cours d’anthropologie qui a marqué sa mère 60 ans plus tôt.
Le professeur Pierre Minn accompagné de sa mère, Patricia Lynch

Depuis qu’il est jeune, le professeur du Département d’anthropologie de l’Université de Montréal Pierre Minn entend sa mère évoquer les souvenirs d’un cours d’anthropologie auquel elle s'était inscrite à l’UdeM en 1965. «Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la discipline à l’université, ma mère me disait souvent qu’elle avait suivi un cours d’anthropologie à l’UdeM et qu’elle avait beaucoup aimé ça. Elle avait oublié le nom du professeur, le titre du cours, mais elle se rappelait qu’elle avait trouvé ça passionnant», raconte-t-il. Patricia Lynch fera trois baccalauréats, dont un à l’Université de Montréal. En 1978, la famille quitte Montréal pour aller s’installer en Californie, laissant derrière ces souvenirs.

Pierre Minn était donc loin de se douter, en acceptant de donner le cours d’introduction Éléments d’anthropologie, que c’était celui qui avait autant marqué sa mère, aujourd’hui âgée de 90 ans. «Cet été, en classant des papiers, j’ai trouvé son relevé de notes de l’UdeM. Le cours avait un sigle différent, mais c’était bien le même! Et elle avait obtenu une bonne note», évoque-t-il fièrement.

Un cours pour initier à l’anthropologie

Le cours Éléments d’anthropologie fait partie des tout premiers offerts au Département d’anthropologie de l’UdeM après sa fondation, en 1961, et dont le cofondateur de l’unité Guy Dubreuil a lui-même assuré la charge pendant les premières années.

Aujourd’hui, Éléments d’anthropologie est un cours donné dans le cadre de l’année préparatoire aux études universitaires, un programme de formation générale destiné aux étudiants et étudiantes qui ne possèdent pas de diplôme d’études collégiales ou qui ont fait leurs études préuniversitaires à l’extérieur du Québec. Il présente les quatre sous-disciplines de l’anthropologie: l’archéologie, l’anthropologie biologique, l’ethnologie et l’ethnolinguistique. Pour le spécialiste en anthropologie médicale, la préparation de ce cours représentait un défi intéressant. «J’ai dû me replonger dans les autres sous-disciplines, ce qui m’a donné l’occasion de redécouvrir ma discipline, d’échanger avec mes collègues et de mieux connaître mon département», explique-t-il.

«C’est vraiment un cours d’initiation. La plupart des étudiantes et des étudiants du cours ne continueront pas en anthropologie, mais ça leur fait découvrir la discipline et ils en deviennent en quelque sorte des ambassadeurs», soulève celui qui s’est pris d’intérêt pour l’anthropologie un peu par hasard lors de sa scolarité de baccalauréat à l’Université Yale. En effet, aux États-Unis, les études de premier cycle ne sont pas disciplinaires. Un peu comme sa mère, le jeune Pierre Minn a alors suivi des cours sur plusieurs sujets et dans divers domaines, de la littérature aux langues en passant par les sciences sociales. Et comme elle, c’est l’anthropologie qui l’a marqué.

Et c’est peut-être ce cours suivi il y a 60 ans par sa mère qui est à l’origine de ce que Pierre Minn est devenu. Parce que pour s’engager en sciences sociales et poursuivre sa formation aux cycles supérieurs (d’autant plus aux États-Unis), le soutien de la famille est essentiel. «Le fait que ma mère m’encourageait, qu’elle était contente que j’étudie en anthropologie, ç'a été un appui immense», conclut-il.

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