Louis-Éric Trudeau : le jeune premier
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Le 3 décembre 2014
Louis-Éric Trudeau, professeur titulaire au Département de pharmacologie de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, a toujours eu de l'intérêt pour la science. «Quand j'étais petit, mes parents m'ont offert un ensemble de chimie et je me suis mis à faire plein d'expériences, dont des petits pétards à la dynamite que je faisais exploser dans la cour, se souvient le spécialiste de neuropharmacologie qui est né à Sorel, mais a passé la majeure partie de sa jeunesse à Baie-D'Urfé dans l'ouest de Montréal. Quand j'ai entrepris mes études postsecondaires, je savais donc depuis longtemps que je voulais tenter ma chance en recherche.»
Cette passion s'est confirmée durant son baccalauréat en psychologie à Concordia. «J'ai choisi cette université parce qu'elle offrait un programme spécial de trois ans qui permettait d'acquérir une formation scientifique multidisciplinaire et de faire plusieurs stages en laboratoire tout au long de l'année, raconte-t-il. C'est là que j'ai véritablement eu la piqûre.» C'est aussi durant cette période que M. Trudeau s'est intéressé au fonctionnement des neurones à dopamine, qui tiennent aujourd'hui une place centrale dans ses recherches, dans le cadre de son travail pour des labos qui étudiaient l'impact des drogues et de l'alcool sur le cerveau.
Après ses études de premier cycle, le jeune chercheur se rend en France afin d'effectuer une maîtrise en neurosciences à l'Université de Paris. «En psychologie, on se retrouve souvent à déduire ce qui se passe dans le cerveau à partir de comportements. Or, j'ai réalisé que je trouvais cela un peu indirect comme approche et que j'étais plus curieux de comprendre comment le cerveau fonctionne.» Louis-Éric Trudeau s'affaire donc à découvrir les secrets des mécanismes élémentaires de la mémoire, un sujet qu'il reprendra lors de son doctorat à l'Université de Montréal puis de son postdoctorat à l'université de l'Iowa, toujours en neurosciences. «C'est à cette époque que j'ai adopté comme objectif de mieux connaître la plasticité synaptique afin d'éventuellement pouvoir appliquer cela à la compréhension des maladies qui affectent le cerveau», précise-t-il.
De retour au Québec, M. Trudeau est recruté par le Département de pharmacologie de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, qui souhaitait alors développer une expertise en neuropharmacologie, soit l'étude des médicaments qui agissent sur le cerveau. «C'était à la fin des années 1990 et la recherche était en plein essor à l'Université de Montréal, raconte-t-il. Il y a aussi eu une vague de départs à la retraite chez les professeurs, ce qui m'a permis de me retrouver à la tête de mon propre laboratoire à l'âge de 29 ans.» Un fait plutôt inusité lorsque l'on sait que la plupart des chercheurs n'atteignent pas ce stade avant la mi-trentaine. «Au début, c'est arrivé à quelques reprises que des représentants de compagnies de matériel scientifique entrent dans mon bureau et me demandent où est mon patron», se rappelle-t-il en riant.
Le principal projet de recherche de Louis-Éric Trudeau comporte deux volets, soit l'étude des mécanismes de fonctionnement normal des neurones à dopamine et celle des dysfonctions de ces mécanismes dans le cas de la maladie de Parkinson. «Le premier est vraiment fondamental alors que le deuxième pourrait éventuellement déboucher sur des applications cliniques, résume-t-il. Jusqu'à maintenant, notre réalisation la plus importante est d'avoir contribué à démontrer que les neurones dopaminergiques libéraient non seulement de la dopamine, mais aussi un autre neurotransmetteur appelé glutamate. Auparavant, nous ne savions pas que les neurones à dopamine utilisaient ce mécanisme de cotransmission.» Le chercheur travaille aussi sur le lien entre la croissance des neurones et leur vulnérabilité par rapport aux maladies, un thème qui devrait guider ses recherches au cours des prochaines années.
Même si sa vocation scientifique s'est révélée très tôt, Louis-Éric Trudeau n'hésite pas lorsqu'on lui demande quelle autre carrière il aurait pu faire. J'aurais probablement été propriétaire d'un magasin de vélo ou quelque chose du genre. Je suis un mordu de ce sport, j'en fais 300 jours par année sur 365», lance celui qui est également un adepte de ski de fond. En tant que père de trois enfants âgés de 19 ans, 15 ans et de 2 ans, M. Trudeau est aussi très pris par sa vie familiale. «J'ai eu mon premier à l'âge de 25 ans alors la paternité a toujours fait partie de mon existence, indique-t-il. Disons qu'avec la recherche, le sport et les enfants, je suis occupé 25 heures par jour.»