Un choc à la tête peut vous faire perdre l'odorat

Une commotion cérébrale majeure peut provoquer, chez les personnes qui en sont victimes, une perte temporaire de l'odorat et causer de l'anxiété et des symptômes dépressifs. Des scientifiques viennent de découvrir qu'il en allait de même pour ceux ayant subit une commotion cérébrale mineure.

Une commotion cérébrale majeure peut provoquer, chez les personnes qui en sont victimes, une perte temporaire de l'odorat et causer de l'anxiété et des symptômes dépressifs. Des scientifiques viennent de découvrir qu'il en allait de même pour ceux ayant subit une commotion cérébrale mineure.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Les personnes qui subissent une commotion cérébrale, même légère, peuvent avoir de la difficulté à identifier les odeurs dans les jours qui suivent et éprouver des problèmes d'anxiété un an plus tard.

On sait depuis longtemps que les personnes qui subissent une commotion cérébrale majeure peuvent perdre temporairement le sens de l'odorat et développer des problèmes affectifs comme l'anxiété et la dépression. Mais des scientifiques ont découvert qu'il en allait de même pour les personnes victimes d'une commotion cérébrale mineure.

Tomber de vélo avec un casque, avoir un accrochage avec un autre véhicule, chuter à ski, glisser sur une plaque de glace et se cogner la tête sont autant d'accidents mineurs qui peuvent provoquer le même genre de problèmes olfactifs et d'anxiété, selon les chercheurs.

Dans une étude publiée dans Brain Injury, une équipe internationale dirigée par des neuropsychologues de l'Université de Montréal a comparé 20 patients hospitalisés souffrant de commotion cérébrale légère à 22 patients ayant subi des fractures, mais sans commotion cérébrale. Dans les 24 heures suivant leur accident, un peu plus de la moitié des victimes de commotion cérébrale présentaient une diminution du sens de l'odorat, contre seulement cinq pour cent des victimes de fractures. Un an plus tard, même s'ils avaient retrouvé un sens de l'odorat normal, le premier groupe de patients présentait un niveau de troubles anxieux nettement plus élevé que le groupe témoin.

«De nombreuses personnes subiront une commotion cérébrale légère à un moment ou un autre de leur vie et le fait de prendre conscience qu'elle ont un problème d'odorat est le premier indice qui devrait les inciter à signaler cet événement à leur médecin», explique Fanny Lecuyer Giguère, auteure principale, qui a mené cette étude dans le cadre de sa thèse de doctorat en neuropsychologie sous la supervision de Johannes Frasnelli, professeur associé au Département de psychologie à l'UdeM. «Il est important que les patients signalent toute perte olfactive, car les médecins généralistes et les urgentologues se renseignent rarement à ce sujet.»

Selon Mme Lecuyer Giguère, l'identification du problème est un grand pas vers un traitement personnalisé et un suivi plus étroit visant à vérifier si la perte olfactive et l'anxiété persistent, de façon à mesurer la gravité du traumatisme. Les médecins doivent aussi éduquer les patients afin que ceux-ci voient si ces symptômes apparaissent dans les semaines suivant leur accident. «C'est une question de sensibilisation : plus les patients seront incités à surveiller les signes de perte olfactive et d'anxiété, mieux les médecins seront à même de réagir», ajoute-t-elle.

Accidents de ski en Suisse

Dans le but de tester leur capacité à identifier des odeurs, Fanny Lecuyer Giguère a rendu visite à des patients hospitalisés dans la station de ski de Viège, en Suisse, entre décembre 2016 et février 2017. Presque tous les patients souffrant de commotion cérébrale légère avaient subi un accident de ski. Ils avaient tous été examinés dans les 24 heures suivant leur accident, tout comme les patients souffrant de fractures sans commotion cérébrale. Ces patients ont été invités à identifier des odeurs synthétiques de rose, d'ail, de clous de girofle, de solvant et autres au moyen de «Sniffin' Sticks» (des feutres parfumés).

Un an après, les patients ont reçu un questionnaire de suivi et des livrets « grattez et sentez ». En comparant les résultats des deux groupes de patients le lendemain de leur accident et 12 mois plus tard, les chercheurs ont pu établir que la plupart de ceux qui avaient perdu le sens de l'odorat l'avaient recouvré dans les six mois suivant leur accident. Cependant, les symptômes d'anxiété – des pensées qui créaient chez eux de l'inquiétude, de la difficulté à se détendre et des sensations subites de panique – avaient peu diminué. Environ 65 pour cent des patients ayant subi une commotion cérébrale signalaient de tels symptômes.

Les futures études devraient porter sur un échantillon plus important de patients pour mieux examiner l'association entre anxiété et olfaction, concluent les auteurs.


À propos de cette étude

L'étude «Olfactory, cognitive and affective dysfunction assessed 24 hours and one year after a mild Traumatic Brain Injury (mTBI)», par Fanny Lecuyer Giguère et al., a été publiée le 21 juin 2019 dans Brain Injury.

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