L’art de mémoriser et d’apprendre en période d’examen… et pour la vie
- Forum
Le 2 décembre 2019
- Martin LaSalle
L’effet test, les répétitions espacées et les palais de mémoire sont des outils qui permettent de mieux retenir les nouveaux apprentissages, tant pour se préparer à un examen qu’à d’autres fins.
Comment améliorer sa mémoire et optimiser sa capacité d’apprendre, particulièrement en cette fin de trimestre?
L'Association des étudiants et étudiantes en physique de l'Université de Montréal (PHYSUM) a récemment demandé à Francis Blondin de venir partager avec ses membres l’art de mémoriser et d’apprendre, lui qui a remporté à deux reprises le Championnat canadien de la mémoire, en 2016 et en 2017.
Pour M. Blondin, qui n’avait au départ aucun talent particulier pour mémoriser, «le cerveau se transforme tout au long de la vie et l'on peut apprendre à mémoriser ainsi qu’acquérir n’importe quelle habileté».
Aussi a-t-il commencé, il y a quelques années, à travailler sa mémoire avec assiduité tout en s’adonnant à de nouvelles activités. Pour preuve, il a retenu devant son auditoire une série de 60 chiffres en les observant pendant deux minutes, après quoi il les a récités en jonglant avec deux balles d’une main, puis en résolvant un cube de Rubik de l’autre!
Il a réussi l’exploit en ne commettant qu’une seule erreur dans la série de nombres qu’il venait de mémoriser…
«Ne vous laissez pas impressionner, a-t-il lancé humblement. Ce que je viens de réaliser est à la portée de presque tout le monde, à condition de s’entraîner avec discipline.»
Voici par quoi commencer…
L’effet test ou l’art de se mettre à l’épreuve
Plutôt que de relire ses notes à maintes reprises, la méthode de l’effet test ‒ ou autoexamen ‒ est une forme de révision plus exigeante, mais plus efficace: on lit ses notes, on les masque et l’on tente de formuler l’information dans ses propres mots, verbalement ou par écrit.
En plus de révéler les éléments dont on se souvient le moins, l’acte de se creuser les méninges et de reformuler l’information renforce le souvenir du contenu à retenir.
«Cette technique est utile tant pour les concepts simples que pour les sujets complexes, a mentionné Francis Blondin. Je conseille d’ailleurs d’expliquer la matière apprise à voix haute: une fois que vous y serez parvenu, votre sujet restera gravé dans votre mémoire pour longtemps.»
Les répétitions espacées
La technique des répétitions espacées sert à mémoriser de l’information dont on souhaite se servir à plus long terme, comme apprendre des mots ou des phrases d’une nouvelle langue.
Elle consiste à réviser l’information à plusieurs reprises initialement ‒ une ou deux fois le jour même où l'on en prend connaissance ‒, puis une fois le lendemain et une fois le surlendemain, après quoi les révisions deviennent plus espacées.
Francis Blondin recommande ici de faire appel à des fiches. On peut aussi faire un plan de révision à l’aide des logiciels gratuits Anki ou Quizlet, qui proposent des cartes mémo virtuelles.
«Le truc est de réviser lorsqu’on sent qu’on est sur le point d’oublier, a ajouté le mnémoniste. Quand on fournit l’effort de se souvenir, l’information devient de plus en plus ancrée dans la mémoire.»
Et plus le temps passe, moins on a besoin de réviser. Songez au vocabulaire en français, en anglais ou dans une autre langue que vous avez intégré et qui a forgé votre aptitude à communiquer tous les jours: il est le fruit de répétitions espacées!
Palais de mémoire: «la bombe nucléaire de la mémoire»
Le palais de mémoire permet quant à lui de stocker, à très long terme, une grande quantité d’informations ordonnée en se servant de lieux connus, auxquels on associe par divers moyens les éléments nouveaux que l'on souhaite mémoriser.
Pratiquée depuis l'Antiquité, cette technique s’appelait d’ailleurs «méthode des lieux», d’où l’énumération fréquente «en premier lieu (ou dans un premier temps), en deuxième lieu…».
La première étape consiste à construire son palais de mémoire en choisissant un lieu que l’on connaît bien (un appartement, un parc, un pavillon du campus, etc.). Dans ce lieu connu, on cible différents points de repère qu’on parcourra dans un ordre qui a une logique pour soi.
Ce lieu devient ainsi un palais mental dans lequel on transforme les informations (concepts, énumérations, formules, etc.) en associations mentales.
«Pour que ces informations soient mentalement associées, elles doivent faire appel à vos sens ainsi qu’à votre imagination, a insisté M. Blondin. Ces associations doivent être exagérées pour être rapides à trouver et en mouvement.»
Par exemple, pour retenir les mots électricité et loin, on peut imaginer un clown qui se fait frapper par la foudre (électricité) et qui est projeté à plus de 100 m (loin).
«Il faut rendre l’information amusante, voire caricaturée, et en mouvement, car les associations mentales qui bougent sont plus faciles à retenir que si elles sont statiques», a-t-il poursuivi.
Et, à l’instar de la technique des répétitions espacées, il faut tester son palais mental.
«Le palais de mémoire est considéré comme la technique de mémorisation la plus puissante et, lorsqu’on l’applique fréquemment, elle devient la bombe nucléaire de la mémoire!» a déclaré Francis Blondin en avertissant du même coup qu’il «ne faut pas attendre la veille d’un examen pour élaborer un palais de mémoire».
Se préparer à un examen en utilisant le principe de Pareto
Enfin, Francis Blondin a suggéré que, pour préparer un examen, le principe de Pareto peut s’avérer fort utile.
Aussi appelé «principe des 80-20», ce phénomène indique que, dans certains domaines, 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes.
«Si l’on transpose ce principe aux études, on peut dire que 20 % du contenu d’un cours permettra d’obtenir 80 % des résultats à un examen, a-t-il conclu. Vous n’avez pas nécessairement besoin de tout retenir de vos lectures: conservez ce qui est important et ramenez le contenu à une feuille que vous pourriez apporter à l’examen: vous utiliserez ce résumé en subdivisant l’information que vous placerez dans votre palais de mémoire.»
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter le site Internet de Francis Blondin ou faire différentes recherches sur le Web au sujet de ces techniques.
Championnat de mémoire 2019: Patrick Dufour deuxième au pays!
Le professeur Patrick Dufour, du Département de physique de l’Université de Montréal, s’est hissé au deuxième rang du Championnat canadien de la mémoire, qui a eu lieu le 24 novembre simultanément à l'UdeM et à Vancouver.
Parmi les défis qu’il est parvenu à relever, M. Dufour a retenu l'ordre d'un jeu de cartes complet en moins de quatre minutes.
«C’est une excellente performance dans le cadre d’un concours où l’on fait face à des compétiteurs, mais lorsqu’il s’entraîne, Patrick réussit généralement l’exploit en deux minutes ou deux minutes et demie», a dit Francis Blondin, l’un des organisateurs du Championnat.
L'activité a été organisée en collaboration avec l'Association des étudiants et étudiantes en physique de l'Université de Montréal.
On peut consulter les résultats complets de la compétition sur cette page.