Virginie Simoneau-Gilbert remporte une bourse Rhodes

Virginie Simoneau-Gilbert

Virginie Simoneau-Gilbert

Crédit : Maxime Laporte

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L’excellence du dossier de Virginie Simoneau-Gilbert et son engagement dans la communauté lui permettent d’entreprendre un doctorat en philosophie à la prestigieuse Université d’Oxford.

«C’est l'une des trois étudiantes les plus brillantes avec lesquelles j’ai eu la chance de travailler au cours de ces 20 dernières années.» C’est en ces termes que Virginie Simoneau-Gilbert a été présentée par Christian Nadeau, son directeur de mémoire. Le professeur du Département de philosophie de l’Université de Montréal ne tarit pas d’éloges sur cette talentueuse étudiante qui vient de remporter la très convoitée bourse de la Fondation Rhodes, offerte à 100 étudiants dans le monde. Parmi les lauréats passés, citons Bill Clinton, Roger Gaudry ou encore Paul Gérin-Lajoie.

Selon les critères pour l’obtention de cette bourse, le candidat ou la candidate doit avoir «un talent marqué pour l’étude et des aptitudes intellectuelles de haut niveau. L’intégrité, l’altruisme, l’esprit d’initiative, les qualités de meneur et l’intérêt porté à ses contemporains sont autant d’attributs nécessaires, de même que le déploiement d’énergie nécessaire pour mettre pleinement à profit ses talents». D'après Christian Nadeau, Virginie Simoneau-Gilbert satisfait à tous ces critères: «C’est une étudiante qui non seulement fait un travail exceptionnel d’un point de vue intellectuel, mais qui est dotée d’une capacité d’organisation et de travail hors norme et qui est engagée sur de nombreux fronts.»

Parler au nom des animaux

Virginie Simoneau-Gilbert est également boursière du Centre de recherche en éthique de l’UdeM et du Groupe de recherche en éthique environnementale et animale. Elle entend défendre la cause animale, qui lui tient particulièrement à cœur. Celle qui a fait de l’équitation pendant toute son enfance milite pour une plus grande protection des animaux, dont elle a toujours été proche. À l’occasion des 150 ans de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux de Montréal, elle a publié un ouvrage de 375 pages retraçant pour la première fois l’histoire de la cause animale au Québec.

Depuis 2018, Virginie Simoneau-Gilbert étudie les fondements et l'évolution de la personnalité juridique dans sa maîtrise en philosophie. Sous la direction de Christian Nadeau et Valéry Giroux, elle entend démontrer qu’on devrait accorder aux animaux le statut de personnes non pas sur la base d'une autonomie morale, mais sur celle de la sensibilité au plaisir et à la douleur.

La bourse d’études de la Fondation Rhodes lui permettra d’entreprendre un doctorat à la prestigieuse Université d’Oxford. Dans ses travaux de troisième cycle, elle compte étudier les comportements moraux des animaux et leur capacité à répondre à certaines normes.

Les aspects juridiques entourant la question animale l’intéressent grandement. Après ses études doctorales, elle aimerait poursuivre des études en droit. Elle voudrait mettre à profit son solide bagage en philosophie et en éthique pour défendre les animaux. Elle songe à travailler dans des organisations de protection des animaux qui comptent des équipes de juristes.

Une étudiante aux multiples engagements

Quand on lui a demandé, dans le courant du processus de sélection, pourquoi se préoccuper en tout premier lieu de la cause animale, Virginie Simoneau-Gilbert a répondu qu’il s’agissait «d’une question de justice pour tous les êtres sensibles, d’un enjeu lié non seulement aux animaux non humains, mais également à la crise environnementale, à des enjeux de santé, de conditions de travail, de gaspillage alimentaire […] et que cela ne [l’empêchait] en rien de se préoccuper d’autres enjeux majeurs».

Parmi ceux-ci, il y a la question de l’autodétermination des peuples. En 2014, elle a été observatrice du référendum écossais et a collaboré au blogue du programme d’histoire et civilisation du Cégep Marie-Victorin pour l’occasion. La jeune femme a tellement aimé son expérience qu’elle l’a renouvelée en 2017 pour le référendum catalan. Son séjour en Angleterre lui permettra de continuer à observer ces différents mouvements politiques dans une perspective québécoise.

Virginie Simoneau-Gilbert a travaillé au comité Accès à l’égalité et climat du Département de philosophie. En 2017, dans la foulée des débats sur le harcèlement sexuel, le département a adopté des lignes directrices encadrant les relations entre professeurs et étudiants. Il a été le premier à l’Université à élaborer une telle politique. Ce comité a ainsi contribué à établir un meilleur climat de travail et de recherche au sein de la communauté philosophique de l’Université de Montréal.

La boursière a également fait partie du Comité Femmes de l’Association des étudiants en philosophie de l’UdeM. Elle a ainsi participé à l’organisation de nombreuses activités scientifiques et sociales dans le but de mettre en valeur le travail des femmes en philosophie. Outre cet engagement, elle a bénévolement donné plusieurs conférences, dont une consacrée à Simone de Beauvoir en 2016. Par la suite, elle s’est concentrée sur la convergence historique et politique entre le mouvement féministe et la lutte pour les droits des animaux. Par exemple, elle a présenté à plusieurs reprises le travail de Carol Adams, auteure de La politique sexuelle de la viande, qui a montré comment la consommation de viande peut être associée à certaines idées liées à la virilité masculine.

Grâce à la bourse de la Fondation Rhodes, Virginie Simoneau-Gilbert aura la chance de poursuivre ses études en philosophie. Elle a été sous le choc lorsqu’elle a appris la nouvelle: «J’étais tellement heureuse, je ne m’y attendais pas du tout. Je suis très touchée de recevoir cette bourse. Je suis la première de ma famille à faire des études doctorales. C’est un soutien symbolique et financier qui veut dire beaucoup pour moi.»