Le laitier sonne à la porte... pour réduire le gaspillage

La réduction du gaspillage passe par l'engagement de chacun et chacune de nous.

La réduction du gaspillage passe par l'engagement de chacun et chacune de nous.

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La famille carboneutre ne produit presque plus de déchets. Elle composte, elle recycle et, surtout, elle réutilise ses objets de consommation.

La livraison des bouteilles de lait à domicile est ainsi de retour, pour éviter la production de contenants à usage unique. Tandis que les appareils électroménagers sont loués par des entreprises chargées de les entretenir chez le client et de les remplacer au besoin. Voilà du moins l’anticipation du professeur du Département de chimie de l’Université de Montréal Sébastien Sauvé, coauteur de L’économie circulaire: une transition incontournable, publiée aux Presses de l’Université de Montréal en 2016.

«Le lait, le vin, les spiritueux ou les shampoings sont vendus dans des contenants qui sont réutilisés de multiples fois», explique le professeur Sauvé. Selon lui, la consommation doit s’appuyer sur l’allongement de la durée d’utilisation des produits, l’intensification du recyclage, la gestion durable des ressources, l’usage partagé des biens et des services, sans oublier des politiques encadrant la production.

Afin d’éviter la contamination des produits recyclables, en 2050 les Montréalais ne les déposent plus pêle-mêle dans des bacs ou des sacs. «Cela dit, le recyclage n’est pas le meilleur usage qu’on puisse faire d’un contenant, même s’il vaut mieux que l’enfouissement, précise Sébastien Sauvé. La transformation d’une bouteille en verre ou en plastique, ça coûte cher en énergie et en main-d’œuvre. La réutilisation est beaucoup plus efficace. Un lavage suffit avant de remettre la bouteille en circulation.»

La fin de l’usage unique

Le plus gros changement dans le secteur de la gestion des déchets, c’est l’instauration de mesures incitatives et l’imposition de taxes capables de changer les habitudes des consommateurs. «Les consignes à cinq cents étaient peu encourageantes. Mais en offrant, par exemple, un dollar pour chaque retour de bouteille de vin, on récupère alors pas mal de matière!» lance le professeur.

Il y a plusieurs années, le laitier déposait à votre porte votre ration de lait et reprenait les bouteilles vides. Le cycle du produit s’en trouvait décuplé. Le même principe peut s’appliquer aux laveuses, sécheuses et autres électroménagers. «On obtient des machines efficaces, durables, écologiques et solides, qui coûtent moins cher et qu’on peut réparer lorsqu’elles brisent.» Même si les entreprises étaient peu enclines à suivre cette voie, en 2050 l’encadrement légal ne leur a pas laissé le choix. «La lutte contre l’obsolescence programmée, même si elle ne s’est pas faite sans résistance, aura été capitale pour régler le problème du gaspillage.»

L’État responsable

L’économie circulaire s’appuie, bien sûr, sur une nouvelle approche commerciale. Pour arriver à la carboneutralité en 2050, l’État a dû encadrer le secteur de la vente au détail de façon à réduire les déchets. Les taxes continuent de s’appliquer sur l’achat de produits neufs, mais une surtaxe peut être imposée sur les produits à usage unique ou non réutilisables pour financer les initiatives de réemploi (ateliers de réparation, transport, etc.).

«Dans ce 2050 rêvé, l’économie circulaire réussit à minimiser les contaminants et à éliminer la pollution, entrevoit Sébastien Sauvé. Elle agit en ce sens en fermant les cycles. Elle vise à s’assurer que les produits sont non toxiques, qu’ils ont la plus longue vie possible et que, en fin de parcours, ces produits et les matériaux qui les composent reviennent en début de cycle pour servir à la fabrication de nouveaux biens.»

Dans le cas des produits de courte vie comme les produits d’hygiène, il ajoute qu’on doit pouvoir les retourner «en toute sécurité à la terre, en enrichissant cette dernière, non sans en avoir extrait des molécules utiles ou de l’énergie». Le professeur de chimie environnementale précise que, pour boucler la boucle «extraction-production-usage-valorisation», en 2050 on a veillé à rejeter le moins possible de contaminants à chacune des étapes du cycle de consommation.