Risque plus élevé de fracture chez les enfants dont la mère souffre de troubles de santé mentale

  • Forum
  • Le 28 janvier 2020

  • Martin LaSalle
L'étude indique que le risque de fracture chez l’enfant dont la mère vivait un stress chronique était 17 % plus élevé que chez ceux dont la mère ne présentait pas ce problème. Les troubles anxieux, quant à eux, étaient associés à un risque accru de fracture de 26 %.

L'étude indique que le risque de fracture chez l’enfant dont la mère vivait un stress chronique était 17 % plus élevé que chez ceux dont la mère ne présentait pas ce problème. Les troubles anxieux, quant à eux, étaient associés à un risque accru de fracture de 26 %.

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Les jeunes enfants dont la mère souffre d’un problème de santé mentale seraient plus susceptibles de subir une fracture, selon une étude menée par la professeure Nathalie Auger, de l’UdeM.

Chez les femmes atteintes de stress chronique ou de troubles anxieux avant, durant ou après la grossesse, le risque que leur enfant subisse une fracture en bas âge est 22 % plus élevé comparativement aux enfants de mères n’ayant pas ces problèmes de santé mentale.

C’est ce qui se dégage d’une étude publiée dans la revue Bone et réalisée par la Dre Nathalie Auger, professeure au Département de médecine sociale et préventive de l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

La Dre Auger et ses collègues tirent leurs résultats de données issues d’une cohorte constituée de 773 000 enfants nés au Québec entre 2006 et 2016. Parmi eux, 8249 ont été hospitalisés pour une fracture durant leur enfance ‒ soit 1 % de la cohorte.

D’entrée de jeu, Nathalie Auger précise qu’en termes de santé publique une occurrence de 1 % dans une population désignée représente un risque très faible.

Des fractures en bas âge

Nathalie Auger

L’indice utilisé par les chercheurs pour établir la fréquence des fractures au sein de la cohorte repose sur le nombre de personnes par année de suivi. Par exemple, un enfant pour lequel on dispose de données sur 10 ans représente 10 personnes-années (p.-a) de suivi.

Ainsi, parmi les mères ne souffrant d’aucun trouble de santé mentale (groupe témoin), la fréquence des fractures chez les enfants était de 15,3 sur 10 000 p.-a. Chez ceux dont la mère avait reçu un diagnostic de stress chronique, la fréquence était de 20,5 sur 10 000 p.-a, tandis qu’elle était de 19,8 sur 10 000 p.-a parmi les enfants de mères atteintes de troubles anxieux.

Les chercheurs ont établi que le risque de fracture chez l’enfant dont la mère vivait un stress chronique était 17 % plus élevé que chez ceux dont la mère ne présentait pas ce problème. Les troubles anxieux, quant à eux, étaient associés à un risque accru de fracture de 26 %.

«Nos données indiquent aussi que le risque de fracture découlant de la maltraitance est 2,55 fois plus élevé chez les enfants de moins de 6 mois dont la mère composait avec un stress chronique ou des troubles anxieux, explique Nathalie Auger. Au-delà de 36 mois, c’est le risque de fracture découlant d’une chute qui est le plus haut.»

Enfin, le risque de fracture des membres inférieurs chez les poupons de moins de 6 mois était 2,67 fois plus élevé que chez ceux dont la mère souffrait de stress chronique ou de troubles anxieux, comparativement aux enfants des mères du groupe témoin. Le risque de fracture de la colonne vertébrale, de la cage thoracique ou du bassin était, quant à lui, 2,36 fois plus prononcé.

«En ce qui a trait aux fractures résultant de la maltraitance, les circonstances entourant l’évènement restent floues, avertit la Dre Auger. Elles peuvent être liées aux comportements parentaux ‒ degré de supervision, types de jeux auxquels l’enfant est exposé, activités à risque.»

De plus, dans le cas de fractures découlant d’actes de maltraitance, les données ne permettent pas aux chercheurs de savoir si c’est la mère ou une autre personne qui en est responsable.

Pour un soutien maternel accru

Les résultats de l’étude visent à mieux comprendre la réalité vécue par les mères ayant des problèmes de santé mentale et à cerner plus précisément leurs besoins en matière de soutien social.

«L’objectif ici n’est pas de blâmer qui que ce soit, conclut celle qui est aussi chercheuse au Centre de recherche du CHUM. Nos résultats pourraient permettre d’éclairer les décideurs quant au soutien accru dont ont besoin tant les femmes aux prises avec des problèmes de santé mentale que leurs enfants.»

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