L’UdeM lance un guide sur l’écriture inclusive
- Forum
Le 5 février 2020
- Mathieu-Robert Sauvé
Le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’UdeM lance un guide d’écriture inclusive.
«Renoncer à la mise au masculin habituelle du texte»; «Veiller à une juste répartition des formes au féminin pour obtenir une visibilité discrète mais continue des femmes et des hommes». Voilà deux principes qui figurent dans Inclusivement: guide d’écriture pour toutes et tous, que vient de faire paraître le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’Université de Montréal.
«Il s’agit d’un outil pour accompagner le personnel dans cette transition vers une écriture plus inclusive», souligne la vice-rectrice associée à la langue française et à la Francophonie, Monique Cormier. Elle précise que cette parution ne constitue pas une politique officielle qui engagerait le personnel dans une voie unique. «Nous offrons simplement la possibilité aux personnes qui veulent s’adapter à cette nouvelle réalité égalitaire de le faire en respectant des balises appropriées.»
Professeure au Département de linguistique et de traduction, Mme Cormier a suivi avec attention le changement des usages depuis quelques années dans la francophonie. Même si la féminisation des titres est appliquée au Québec depuis plusieurs décennies, le pas vers une écriture inclusive n’avait pas été franchi jusqu’à une date assez récente. L’Office québécois de la langue française (OQLF) a pris résolument le parti de la rédaction épicène en 2006. Plus récemment, l’affiche «Rédiger épicène, à la portée de tous… et de toutes!» en a présenté les grandes lignes.
Plan de match
Pour le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie, le plan de match, désormais, est de faire connaître le guide par des séances de formation et divers outils de communication. Une page Web a été créée et le guide a été imprimé en plus d’être accessible sous sa forme numérisée.
Mme Cormier insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une approche coercitive mais d’une démarche d’accompagnement. «Bien sûr qu’il pourra y avoir des zones de résistance, dit-elle. C’est normal. Mais nous croyons qu’il est nécessaire d’emboîter le pas aux personnes qui pensent que la langue doit être plus inclusive.»
L’OQLF forme des rédacteurs à l’UdeM
C’est à l’organisme québécois veillant à la qualité de la langue qu’on a demandé de mettre sur pied les premières formations destinées au personnel de l’UdeM chargé de la communication écrite. Quatre ateliers réunissant une vingtaine de personnes chacun ont eu lieu au cours des derniers mois.
«Pour préciser notre position, nous souhaitions être en phase avec les autorités québécoises en matière de langue, qui ont beaucoup réfléchi sur cette question. C’est pourquoi l’OQLF a collaboré à chaque étape du processus», explique Mme Cormier. Elle mentionne néanmoins que le personnel de l’UdeM a pris la relève pour assurer désormais la formation de celles et ceux qui désirent assister aux ateliers.
Le guide donne plusieurs exemples de formes à préférer et d’autres à ne pas employer. Par exemple, on écrira un vice-recteur ou une vice-rectrice, un médecin ou une médecin et l’on évitera les formes féminines en -eure telles *une directeure, *une chercheure, etc. Les formes tronquées (*les étudiant/e/s, *les chirurgien-ne-s, *les professeur[e]s…) sont également à éviter. «Ces procédés rendent l’écriture complexe et nuisent à la lisibilité du texte, le rendant difficile, voire impossible à prononcer à haute voix», peut-on lire.
Par ailleurs, on soutient l’utilisation d’une formulation neutre comme le personnel enseignant, le vice-décanat, le secrétariat. «C’est un procédé non genré et inclusif, utile et simple», signale le guide.
J’écris épicène!
La rédaction épicène, ou «rédaction non sexiste», «assure un équilibre de la représentation des hommes et des femmes dans les textes produits», dit le guide d’écriture pour toutes et pour tous.
Parmi les noms qu’on peut considérer comme neutres pour une écriture inclusive figurent:
‒ les noms collectifs, qui désignent un ensemble de personnes: le personnel enseignant, l’auditoire, la communauté universitaire, le corps professoral, la clientèle, le public, la population;
‒ les noms de fonction et noms d’unité administrative, qui peuvent dans certains contextes remplacer la désignation de la personne titulaire ou responsable: la direction, le vice-décanat, le secrétariat;
‒ les noms épicènes, qu’on peut choisir si cela est possible de préférence aux appellations marquées et qui, au singulier, n’exigent de doubler, le cas échéant, que le déterminant de genre: l’aide de laboratoire, le ou la responsable de programme, les chefs de projet, les cadres, les gens d’affaires.
Des noms désignant des personnes qui sont employés comme compléments peuvent parfois être supprimés si le contexte est explicite:
‒ à la dernière assemblée départementale, la majorité [des professeurs et des représentants étudiants] a voté en faveur de…
Les phrases à la voix active, plutôt qu’à la voix passive, peuvent éviter les accords en genre:
‒ on invite les spécialistes de la question à… au lieu de les spécialistes de la question sont invités à…
Les formulations neutres ne conviennent cependant pas dans tous les contextes. En dépersonnalisant le texte, elles peuvent parfois sembler trop générales, manquer de précision ou être ambiguës. Il importe donc, au besoin, de varier les pratiques dans un même texte et d’employer aussi les procédés syntaxiques.
Extrait du guide d’écriture Inclusivement.