La course à la détection de la COVID-19

En 5 secondes

Deux laboratoires, deux technologies, deux publics: deux chercheurs de l’Université de Montréal sont entrés dans la course au dépistage du coronavirus.

Dans les laboratoires des professeurs Alexis Vallée-Bélisle et Jean-François Masson, on s’active depuis quelques semaines à mettre au point des tests de dépistage des anticorps contre le coronavirus. Au cœur du campus MIL de l’Université de Montréal, les deux chercheurs qui enseignent au Département de chimie travaillent pour un objectif commun, mais avec des technologies différentes et pour des publics différents.

Alexis Vallée-Bélisle dirige le laboratoire de biocapteurs et de nanomachines à l’UdeM. Pour faire la chasse aux anticorps, le chercheur a adapté la technologie qu’il a conçue pour détecter les anticorps présents chez les patients infectés par le VIH. L’appareil utilisé ressemble à un glucomètre et est destiné à un usage personnel. Par exemple, une personne désireuse d’aller rendre visite à ses grands-parents, voulant s’assurer de ne pas être porteuse asymptomatique du coronavirus et de ne pas contaminer ces êtres chers, dépose une goutte de sang sur l’appareil et le résultat apparaît en moins de deux minutes.

La COVID-19 et les recherches d'Alexis Vallée-Bélisle
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La COVID-19 et les recherches d'Alexis Vallée-Bélisle

C’est la lecture d’un courant électrique qui permet de savoir si les anticorps contre le coronavirus sont présents dans le sang d’un individu. Plusieurs anticorps pourraient être détectés par le test et, selon ceux qui le sont, cela permettrait de fournir un tableau plus personnalisé du statut immunitaire du patient. Est-ce que le patient possède des anticorps utiles qui neutralisent le virus ou des anticorps néfastes qui compliquent son traitement? Ces questions pourront être explorées sur une base plus individualisée au fur et à mesure que les connaissances des scientifiques sur le virus seront approfondies.

Les révélations d'un courant électrique
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Le laboratoire du professeur Vallée-Bélisle, qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en bio-ingénierie et bionanotechnologie, vient de se voir attribuer une subvention du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec de 150 000 $ pour l’élaboration de son prototype. Une jeune pousse (spin-off) de l’Université de Montréal devrait voir le jour très bientôt afin de produire les prototypes au bénéfice de la population. Ne reste qu’à trouver des investisseurs!

Pendant ce temps dans le laboratoire du professeur Masson

Dans un laboratoire situé quelques mètres plus loin, Jean-François Masson et son équipe de recherche travaillent de leur côté sur un test de dépistage sérologique de la COVID-19. Toutefois, ce test sera utilisé par des professionnels de la santé et non par M. et Mme Tout-le-Monde, comme c’est le cas pour celui du professeur Vallée-Bélisle.

La technologie conçue et employée par le professeur Masson est celle de la résonance des plasmons de surface, au carrefour de la chimie analytique, de l’ingénierie et de la nanotechnologie. La résonance des plasmons s’obtient grâce à l’interaction de la lumière et de la matière. Le chercheur se sert d’une fine couche d’or placée sur une puce et ce film d’or réagit à la lumière et change de couleur selon la présence ou non d’anticorps contre le coronavirus.

La COVID-19 et les recherches de Jean-François Masson
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La COVID-19 et les recherches de Jean-François Masson

L’appareil écourtera de beaucoup le délai de réponse au test de dépistage de la COVID-19 puisque, en quelques minutes, l’instrument pourrait indiquer si l’échantillon contient les anticorps contre le coronavirus, une opération qui prend actuellement plusieurs heures.

L’appareil de Jean-François Masson est aussi une adaptation d’un test d’anticorps qu’il a mis au point il y a quelques années pour le CHU Sainte-Justine pour la détection de réactions allergiques chez les enfants atteints de leucémie. Financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la recherche pour concevoir l’appareil de dépistage est menée en collaboration avec sa collègue Joelle Pelletier, aussi professeure de chimie à l’UdeM, au sein d’une équipe dirigée par Denis Boudreau, professeur de chimie à l’Université Laval.

Les essais cliniques pour valider l’efficacité de l’appareil commenceront très bientôt. 

À tous ceux et celles qui se demandent à quoi sert l’étude de la chimie à l’école secondaire, on pourra répondre : à sauver des vies, entre autres!

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