Comment allier télétravail avec santé et mieux-être?

  • Forum
  • Le 27 juillet 2020

  • Martin LaSalle
Si le télétravail apparaît comme une pratique de gestion pouvant favoriser la santé et le mieux-être au travail, les résultats préliminaires de l’étude de l’OSMET tendent à démontrer qu’il doit être bien encadré.

Si le télétravail apparaît comme une pratique de gestion pouvant favoriser la santé et le mieux-être au travail, les résultats préliminaires de l’étude de l’OSMET tendent à démontrer qu’il doit être bien encadré.

Crédit : Getty

En 5 secondes

Une étude de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail de l’UdeM vise à déterminer les avantages et les inconvénients du télétravail et leurs conséquences sur la vie des employés.

Quels seront les secteurs d’emploi qui continueront à promouvoir le télétravail après la pandémie, et quels en seront les conséquences sur la santé et le mieux-être des employés? 

C’est, entre autres, ce que tente de déterminer le professeur Alain Marchand, de l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal, avec l’équipe de chercheurs de l’Observatoire sur la santé et le mieux-être au travail (OSMET), dont il est aussi le directeur. 

Il y a un peu plus d’un an, l’OSMET amorçait une étude longitudinale sur cinq ans afin de recueillir des données sur les conditions de travail, les situations de vie hors travail et les caractéristiques personnelles des travailleurs. 

Jusqu’à tout récemment, l’équipe comptait sur la participation de 2 400 employés grâce à la collaboration de 66 organisations diversifiées allant du secteur de l’enseignement à celui des cabinets d’avocat, en passant par les entreprises manufacturières. 

Mais depuis la pandémie, l’OSMET cherche à étendre l’étude à une centaine de milieux de travail afin de mieux cerner les enjeux de santé et de mieux-être liés au télétravail, devenu une tendance manifeste. 

«Depuis le printemps et jusqu’à l’automne, nous demandons aux participants de répondre à un deuxième questionnaire portant sur la COVID19, dans lequel on les interroge sur leur satisfaction à l’endroit du télétravail, les problèmes liés à l’équilibre travail-famille ainsi que le soutien et les outils que leur organisation met à leur disposition», indique le professeur.

Aspects positifs et négatifs du télétravail sur la santé

Alain Marchand

Crédit : Amélie Philibert

Les résultats obtenus depuis la pandémie auprès des 2 400 participants indiquent que près de six travailleurs sur dix (58 %) ont la possibilité d’effectuer du télétravail. «Les répondants n’effectuent pas nécessairement du télétravail à temps plein, et tous ne s’en prévalent pas, même si leur employeur le leur permet», précise M. Marchand. 

Parmi les facteurs de protection au chapitre de la santé et du mieux-être cités par les personnes qui effectuent du télétravail, on retrouve l’utilisation de leurs compétences, l’autonomie décisionnelle, le soutien de leurs collègues et de leur supérieur, la reconnaissance au travail et les perspectives de carrière. 

Mais le télétravail est aussi associé à un niveau plus élevé de facteurs de risque, dont les demandes psychologiques – charge et rythme de travail, demandes conflictuelles –, l’accroissement du nombre d’heures travaillées par semaine ainsi que les conflits travail-famille. 

«La semaine de travail s’est allongée d’un peu plus de quatre heures par semaine, soit une demi-journée, signale Alain Marchand. De plus, avant même la pandémie, les gens qui effectuaient du télétravail éprouvaient des difficultés en ce qui a trait à la conciliation travail-famille… On peut penser que ça ne s’est pas amélioré avec la crise de la COVID19.»

Mieux encadrer le télétravail

Si le télétravail apparaît comme une pratique de gestion pouvant potentiellement favoriser la santé et le mieux-être au travail, les résultats préliminaires de l’étude de l’OSMET tendent à démontrer qu’il doit être bien encadré. 

La cueillette d’autres données permettra d’ailleurs de mesurer de façon plus spécifique l’épuisement professionnel et la détresse psychologique ainsi que la santé mentale dans son ensemble. 

«Puisqu’il y aura un après COVID-19 et un engouement certain pour maintenir ou accentuer cette pratique en milieu de travail, la surveillance et le contrôle des facteurs de risque et de protection pour la santé et le mieux-être au travail liés au télétravail devront être priorisés, conclut M. Marchand. À terme, nous prévoyons produire des capsules d’information et de sensibilisation pour alimenter la réflexion sur les problématiques liées au télétravail.»