L’huile de poisson n’aide pas les prématurés

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Les gélules d’huile de poisson que les mères prennent pour augmenter l’oméga 3 dans leur lait maternel n'empêchent pas leurs bébés prématurés de développer la maladie pulmonaire DBP, selon une étude.

Anne Monique Nuyt

La consommation de suppléments d’« huile de poisson » contenant du DHA, un acide gras oméga‑3, par les mères qui allaitent est inefficace pour prévenir la dysplasie bronchopulmonaire (DBP) chez les prématurés nés avant la 29e semaine de grossesse.

C’est la principale conclusion d’une étude pancanadienne menée par des scientifiques de l’Université Laval et de l’Université de Montréal, publiée tout récemment dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Nous avons demandé à la coauteure Anne Monique Nuyt, médecin néonatologiste au Centre de recherche du CHU Sainte-Justine, affilié à l’UdeM, d’expliquer l’étude et ses ramifications pour les familles inquiètes ou confrontées à la prématurité et à la DBP, une maladie pulmonaire chronique.

Cette étude a été réalisée en cinq ans. Avez-vous été surprise par les résultats?

Nous avions de solides raisons de penser que la supplémentation en DHA donnée aux mères qui allaitent améliorerait la survie de leurs enfants sans développer de maladie pulmonaire chronique de la prématurité, ou DBP. Mais ce n’est pas ce qui a été trouvé. La supplémentation en DHA des mères n’a pas amélioré la survie sans DBP des bébés très prématurés. Cela montre à nouveau l’importance de réaliser des études de grande envergure et bien menées pour valider les questions qui ont une justification solide – en d’autres termes, qui semblent très logiques – avant de faire des recommandations de santé au public.

Vos collègues de l’Université Laval ont dirigé l’étude. Y avez-vous participé?

Personnellement, je faisais partie de l’équipe de chercheurs qui a conçu l’étude, obtenu le financement et dirigé la réalisation de l’étude et l’analyse des données sous la direction des Drs Isabelle Marc, chercheuse principale à l’Université Laval, et Pascal Lavoie, de l’Université de la Colombie-Britannique. De plus, notre unité du CHU Sainte‑Justine faisait partie des sites de recrutement pour l’étude, et mon collègue le Dr Ibrahim Mohamed était le chercheur responsable localement.

Quel est le message pour les parents, maintenant que nous savons que l’huile de poisson est inefficace?

Les femmes qui allaitent leur nouveau-né prématuré doivent continuer à avoir une alimentation équilibrée, notamment comprenant du poisson, mais nous ne pouvons pas recommander la prise d’huile de poisson comme supplément nutritionnel.

À propos de cette étude

L’article d’Isabelle Marc et al., « Effect of maternal docosahexaenoic acid supplementation on bronchopulmonary dysplasia–Free survival in breastfed preterm infants: A randomized clinical trial » a été publié le 14 juillet 2020 dans JAMA, le Journal of the American Medical Association. Voir également le communiqué de presse de l’Université Laval.

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