Suivre la COVID-19 chez les enfants

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Une équipe de l’UdeM cherche chez des enfants des anticorps du virus à partir d'un simple échantillon de sang, ce qui permettra de savoir combien d'entre eux ont été infectés.

Kate Zinszer

C'est assez mystérieux: comment la COVID-19 affecte-t-elle les enfants et combien ont été infectés depuis le début de la pandémie? En connaissant les réponses, les autorités de santé publique pensent qu'elles pourraient davantage limiter la propagation de la maladie. Et les chercheurs de l'Université de Montréal sont là pour les aider.

Sous la direction de Kate Zinszer, professeure adjointe à l'École de santé publique de l'UdeM, et en collaboration avec la Direction de santé publique de Montréal, une équipe a commencé cette semaine à solliciter des parents pour qu'ils participent au projet EnCORE.

Ce projet a pour but d'estimer combien d'enfants montréalais, âgés de 2 à 17 ans, ont été infectés par le SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19. Les résultats préliminaires sont attendus au début de 2021. 

Soutenue par le Groupe de travail sur l'immunité face à la COVID-19, que finance le gouvernement fédéral, l'équipe de Kate Zinszer cible les écoles primaires, les cégeps et les garderies dans quatre quartiers de Montréal: Beaconsfield, Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Nord et Le Plateau-Mont-Royal.

Les parents qui accepteront de participer au projet répondront à un questionnaire en ligne, puis, à la maison, ils soumettront leur enfant à un test rapide consistant en une piqûre du doigt afin de fournir un microéchantillon du sang aux chercheurs pour analyse en laboratoire.

Nous avons interrogé Kate Zinszer sur son projet et sur ce qu'elle et ses collègues au Centre de recherche en santé publique de l’UdeM espèrent découvrir.

Étude EnCORE
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Pourquoi les parents devraient-ils prendre part au projet EnCORE?

Premièrement, le test leur dira si leur enfant a été infecté par le coronavirus; peut-être n'a-t-il eu que des symptômes légers ou même aucun. Deuxièmement, du point de vue de la santé publique, il est extrêmement important de savoir combien d'enfants ont eu la COVID-19. Cela nous donnera une idée de l'ampleur de la transmission chez les enfants et aura une influence directe sur la façon dont nous élaborons nos stratégies pour prévenir la propagation de la maladie dans les quartiers, les écoles et les garderies.

La vie privée des familles sera-t-elle respectée?

Absolument. Toutes les informations que nous recueillons pour l'étude sont totalement confidentielles et protégées, et cela inclut les renseignements personnels comme les noms; ils ne peuvent en aucun cas être liés à l'analyse sanguine ou à ce que la personne a répondu au questionnaire. Tout est stocké dans des serveurs informatiques cryptés et sécurisés et seule l'équipe de recherche a accès aux données; les écoles et les garderies ne recevront qu'un rapport global du groupe et ce rapport sera également fourni aux familles qui ont participé au projet.

En quoi consiste le test?

Pour savoir s'il a été exposé au virus, un enfant donne un petit échantillon de sang par une piqûre au doigt; l'échantillon est déposé sur un morceau de papier spécial qui est ensuite envoyé à un laboratoire, où nous recherchons les anticorps spécifiques produits pour combattre une infection par le SRAS-CoV-2. Ces anticorps restent dans l'organisme même après la disparition de l'infection, ce qui nous permet de déterminer si l'enfant a été infecté par le virus. Nous ne pourrons pas dire si l'enfant est actuellement infecté; cela nécessite un autre type de test.

Si vous trouvez des anticorps, cela signifie-t-il que l'enfant ne sera pas de nouveau infecté?

Non, un test positif ne nous dira pas si l'enfant est immunisé; il se peut que l’enfant n'ait qu'une immunité partielle ou temporaire. Le fait d'avoir les anticorps ne signifie donc pas que l'enfant est protégé contre de nouvelles infections par le SRAS-CoV-2. Je tiens à souligner que les résultats de cette étude sont uniquement destinés à la recherche. Ils ne doivent pas être utilisés pour le traitement ou le diagnostic de la maladie ou comme moyen pour un individu d'éviter d'être infecté. 

Que se passe-t-il si le test s'avère négatif, c'est-à-dire s’il ne révèle pas la présence d’anticorps?

Un résultat négatif veut simplement dire que les anticorps provenant d'une exposition au coronavirus n'ont pas été trouvés dans le sang de l'enfant. Mais cela peut indiquer plusieurs choses: soit l'enfant n'a pas été exposé, soit il a été exposé, mais son système immunitaire n'a pas eu le temps de produire des anticorps, ou il a été exposé, mais son système immunitaire n'a pas réagi en produisant des anticorps.

Dans l'ensemble, quelles seront les retombées de votre étude?

En fonction de ce que nous trouverons, les résultats pourraient être utiles sur de nombreux fronts. Tout d'abord, il s'agit de comprendre combien d'infections par le SRAS-CoV-2 il y a eu dans quatre quartiers très différents de Montréal. Ces résultats pourraient ensuite servir à éclairer les décisions concernant les mesures de contrôle dans les écoles ou les garderies, comme le port d'un masque ou la distanciation physique. Nous espérons également que l'étude aura une portée nationale et internationale; Montréal est l'épicentre de la COVID-19 au Canada, donc ce que nous apprenons ici sera bénéfique pour tous, où qu'ils soient.

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