La diversité et les Premiers Peuples au cœur des actions de l’Université de Montréal

En 5 secondes

Deux plans d’action viennent enchâsser les valeurs d’équité, de diversité et d’inclusion ainsi que les relations avec les Premiers Peuples dans toutes les activités de l’UdeM.

Marie-Claude Rigaud, professeure à la Faculté de droit, a été nommée secrétaire générale associée afin de voir à la mise en œuvre des deux plans d'action institutionnels.

Crédit : Amélie Philibert

L’Université de Montréal vient de lancer les plans d’action Pour l’équité et l’inclusion et Place aux Premiers Peuples, des feuilles de route ambitieuses qui contiennent chacune plus d’une centaine de mesures sur trois ans. Fruit d’un travail majeur de mobilisation de la communauté, ces deux plans témoignent de l’engagement de l’UdeM à mettre l’équité, la diversité et l’inclusion ainsi que l’ouverture aux Premiers Peuples au cœur de ses missions. Si la crise sanitaire et le confinement ont stoppé de manière abrupte le lancement prévu au printemps, ils n’auront pas empêché l’Université d’aller de l’avant et de poser les premiers jalons de ce vaste chantier.

Les plans d’action viennent compléter l’énoncé de vision présenté par l’UdeM au printemps 2019 et le diagnostic posé au printemps 2020. En réalisant la centaine d’objectifs inscrits dans chacun de ses plans d’action, l’Université compte favoriser l’égalité des chances et offrir à sa communauté un milieu de vie inclusif et représentatif de l’ensemble de la société.

Nommée secrétaire générale associée en juin 2020, Marie-Claude Rigaud a comme mandat de superviser la mise en œuvre des plans d’action. Professeure à la Faculté de droit, Me Rigaud est spécialisée en prévention et résolution des différends ainsi qu’en éthique professionnelle. Elle répond à nos questions à propos des plans d’action sur l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) et sur les relations avec les Premiers Peuples (RPP).

 

 

 

 

 

Ce sont deux plans d’action ambitieux. Comment s’assurer de passer du «plan» à l’«action»?

Lorsqu’on parle d’équité, de diversité et d’inclusion et des relations avec les Premiers Peuples, on parle d’êtres humains, c’est donc très concret en partant! Mais de manière plus spécifique, je crois que les plans eux-mêmes ont été conçus et formulés de manière à se traduire en actes concrets: ils comportent des objectifs précis, des échéanciers clairs et des porteurs de dossiers clairement désignés. Ces structures internes vont également favoriser un suivi serré. À titre d’exemple, nous avons constitué une équipe de suivi et de mise en œuvre composée d’un représentant ou d’une représentante de chacun des vice-rectorats et qui se rencontre chaque mois pour s’assurer que les dossiers avancent. Et dès décembre 2021, une première évaluation sera préparée pour nous permettre de constater ce qui aura été accompli.

Dans le cadre de plans d’action institutionnels, quels rôles peuvent jouer les facultés et les services?

Un plan d’action, ça prend vie à travers les parties qui constituent l’organisation: les facultés et les départements, les directions, les services et les personnes. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à rencontrer, malgré la pandémie, toutes les facultés, toutes les équipes décanales et les directions générales, les syndicats et les associations étudiantes afin de leur présenter les plans d’action EDI et RPP. Nous demandons aussi aux unités de s’engager à plus petite échelle, par exemple par l’adoption pour chacune des facultés d’un plan d’action en matière d’équité, de diversité et de relations avec les Premiers Peuples.

Qu’avez-vous constaté, justement, au cours de ces tournées de présentation des plans d’action?

D’abord, je dois dire que l’enthousiasme des gens de notre communauté est admirable. Les tournées se sont faites dans un contexte très particulier. Avec tous les défis engendrés par la COVID-19, on aurait pu s’attendre à ce que plusieurs nous demandent de reporter notre présentation, mais non! Ils ont tous été présents et ils en ont profité pour confirmer leur engagement à l’égard des questions d’équité, d’inclusion et de relations avec les Premiers Peuples. Et même si nous savions qu’il existait un besoin de formation en la matière, les tournées de présentation nous l’ont confirmé: les gens sont très ouverts et très désireux d’apprendre et de profiter d’un accompagnement de notre part.

Qu’est-ce que ces plans d’action nous permettent de faire que nous ne faisions pas auparavant?

L’avantage des plans d’action, c’est qu’ils nous permettent de structurer nos interventions. Ainsi, depuis mon entrée en poste, nous avons mis sur pied trois groupes de travail, dont un sur les personnes en situation de handicap. Toutes les personnes concernées par la question sont présentes pour discuter des enjeux et des solutions à envisager: les Bibliothèques, les Services aux étudiants, la Direction des immeubles, la Direction des ressources humaines, les associations étudiantes. Si l’on veut effectuer des changements, il faut que les bonnes personnes soient autour de la table. Cette concertation et l’aspect fédérateur des plans d’action seront à mon avis déterminants.

L’Université de Montréal a-t-elle des défis particuliers à relever en matière d’équité et de diversité?

Le diagnostic posé au printemps dernier démontre certaines lacunes en matière de données institutionnelles, autant pour notre communauté étudiante que pour les membres de nos personnels. C’est un enjeu auquel font face bon nombre d’universités canadiennes. Pour plusieurs raisons, les gens hésitent parfois à dire qu’ils font partie d’un groupe porteur de diversité ou appartenant à une nation autochtone. Nous avons, par conséquent, peu d’informations au sujet de nos étudiantes et étudiants parents, au sujet du lieu de naissance des parents de nos étudiants et étudiantes et de leur niveau de scolarité. C’est pourtant extrêmement important, cette question des données, parce qu’elle nous permet de mieux répondre aux besoins réels de notre communauté. Les deux plans d’action comportent des mesures qui concernent la bonification de nos données, et ça passe notamment par une meilleure explication de notre démarche lorsque nous posons des questions sur l'identité à un groupe de la diversité ou d'appartenance à une nation autochtone. J’ai confiance que le lancement officiel des plans d’action va nous aider en ce sens, en démontrant le sérieux de l’UdeM et la volonté réelle que nous avons d’améliorer la situation.

Les plans d’action seront-ils appelés à évoluer au cours des trois prochaines années?

Les mesures de nos deux plans d’action ont été définies en fonction des constats faits lors de notre diagnostic et selon notre désir d’apporter des solutions concrètes aux défis soulevés. Nous savons que la situation peut évoluer et nécessiter des adaptations. C’est pourquoi nous nous sommes dotés d’une structure de gouvernance comptant deux comités-conseils [à l’interne] et un forum des partenaires [à l’externe]. Cela nous permet de rester à l’écoute de notre communauté et d’adapter, au besoin, nos priorités d’après le contexte, les enjeux et les préoccupations de la société dans laquelle nous vivons.

Avez-vous un souhait personnel pour l’Université en matière d’équité, de diversité et d’inclusion?

Je souhaiterais que le plus de personnes possible acquièrent un «réflexe» de l’EDI et soient davantage sensibilisées aux réalités des Premiers Peuples. En d’autres mots, faire en sorte que chaque membre de la communauté tienne compte de ces enjeux, entre autres chaque fois qu’une décision doit être prise. Dans la situation actuelle, nous avons tous et toutes besoin de nous recentrer sur l’avenir, d’être animés par un projet commun et, en ce sens, la mise en œuvre de ces plans d’action est une formidable occasion de travailler ensemble pour l’avenir de la communauté de l’UdeM.

Lancement des plans d’action
En lecture:

Lancement des plans d’action

Quelques exemples de mesures concrètes

Les plan d’action EDI et RPP comportent chacun plus d’une centaine de mesures touchant au recrutement étudiant, au soutien à la réussite, à la formation aux diversités, aux ressources humaines, au vivre-ensemble et à la gouvernance, à la recherche de même qu’à l’engagement citoyen de l’Université. En voici quelques exemples:

  1. Création d’un cours crédité PLU sur les relations interculturelles;
  2. Adoption d’une politique-cadre sur les étudiantes et étudiants parents;
  3. Mise en place de programmes courts pour les populations autochtones;
  4. Production de capsules de sensibilisation sur la pédagogie inclusive;
  5. Diversification des menus des services alimentaires;
  6. Création d’un centre d’excellence pluridisciplinaire sur les questions liées à l’équité, à la diversité et à l’inclusion;
  7. Recrutement de titulaires autochtones pour deux nouvelles chaires de recherche du Canada;
  8. Poursuite de l’adaptation des services informatiques et des sites Web aux besoins des étudiantes et étudiants non voyants.

Envie d’en savoir plus?

Sites web