Yvette Mollen est nommée professeure invitée à la Faculté des arts et des sciences

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Yvette Mollen, experte de la langue innue, est nommée professeure invitée à la FAS. Dans son enseignement, elle transmettra des savoirs, des cultures et des pratiques autochtones.

Le Département de littératures et de langues du monde et le Centre de langues de la Faculté des arts et des sciences (FAS) de l’Université de Montréal s’enrichissent d’une nouvelle recrue pour transmettre la langue et la culture innues aux étudiantes et étudiants de l’UdeM. Déjà active au Centre de langues, où elle donne quatre cours de langue innue depuis 2017, Yvette Mollen voit sa contribution élargie à la mesure de ses activités professionnelles.

Bien ancrée dans sa communauté

Yvette Mollen

Première lauréate du Prix de valorisation des langues autochtones de l’Université de Montréal, décerné chaque année à une personne autochtone s’étant démarquée par ses efforts en vue de protéger ces langues, Mme Mollen est reconnue pour sa connaissance approfondie de la langue et de la culture innues ainsi que pour ses nombreuses contributions et réalisations liées au monde de l’enseignement et de la recherche.

Née dans la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan) sur la Côte-Nord, où elle a passé toute son enfance, Yvette Mollen a consacré sa carrière à la protection et à la valorisation de sa langue maternelle, l’innu, d’abord comme enseignante au primaire – «c’est là que j’ai appris la structure de la langue et que je suis tombée dedans» –, puis comme directrice du secteur Langue et culture de l’Institut Tshakapesh ou encore à travers sa participation à la création de dictionnaires, de manuels d’enseignement, de publications en innu-aimun et de livres jeunesse.

Ayant étudié à l'Université du Québec à Chicoutimi et à l'Université de Montréal en enseignement en milieu amérindien, en intervention éducative et en études françaises et mené des recherches de maîtrise auprès de jeunes Innus, elle réalise maintenant son rêve de se consacrer à l’enseignement de la langue innue à l’UdeM.

«Le titre de professeure invitée est un honneur et fait de moi un modèle pour les étudiants et étudiantes autochtones, dit-elle. Je me souviens, la première fois que je suis venue à l’Université de Montréal, à l’âge de 22 ans, il y avait très peu d’Innus auxquels m’identifier. Aujourd’hui, des ressources existent, comme le Centre étudiant des Premiers Peuples. Pour ma part, j’amène les étudiantes et étudiants à s’ouvrir non seulement à la langue, mais aussi à la culture et à la vie dans les communautés. Je leur demande de parler en innu en présence de personnes autochtones. Une façon de leur signifier que leur langue mérite d’exister. Ça leur donne une fierté.» 

Représentation accrue des Premiers Peuples à l’UdeM

Alors que cette langue descriptive au vocabulaire riche et complexe est en déclin, et en réponse aux appels de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, l’UdeM a lancé son plan d’action Place aux Premiers Peuples, qui comprend plus d'une centaine de mesures visant à intégrer les réalités des communautés autochtones à toutes les missions et facettes de l’Université – recrutement, soutien à la réussite, formation, milieu de travail, milieu de vie, recherche, partenariats.

Nommée dans la foulée de ce plan d’action institutionnel, Yvette Mollen a donc pour mandat d’intégrer et de transmettre des savoirs, des cultures et des pratiques autochtones, tant par l’enseignement que par la collaboration, à des activités de formation ou de recherche qui favorisent le dialogue avec les Premiers Peuples. Elle contribuera en outre à l’accroissement d’un réseau de personnes-ressources pour rendre plus visibles les offres de formation et le recrutement d’étudiantes et étudiants autochtones.

«Au-delà de l’enseignement et de l’intégration des personnes autochtones à l’UdeM, j’ai à cœur la formation des maîtres dans les communautés, insiste Yvette Mollen. Je ne serai pas là éternellement. Je dois former une relève pour que l’innu ne s’endorme jamais et que les mots ne tombent pas dans l’oubli. C’est en enseignant la langue parlée et la langue écrite qu’on va la perpétuer.»

Frédéric Bouchard, doyen de la Faculté des arts et des sciences, se dit reconnaissant et fier de pouvoir compter, au sein du personnel enseignant invité de la faculté, sur une personne dont la compétence, les connaissances et l’expérience sont vastes et solides. «Toute notre faculté est engagée au quotidien à offrir à nos étudiantes et étudiants la meilleure formation possible. Cela veut dire, plus que jamais, que nous avons une responsabilité de les mettre en contact avec l’ensemble des savoirs et de leur permettre de mieux comprendre les réalités les plus diverses. Cela veut aussi dire que nous devons participer à l’épanouissement de toutes les communautés par le savoir. Dans cet esprit, la contribution de Mme Mollen dépasse largement l’enseignement des langues et nous sommes très privilégiés de l’avoir comme collègue.»