Liberté d’expression: des consultations pour rédiger un énoncé de principes

La Mission est composée d’étudiants et étudiantes et de membres du personnel enseignant et de l’administration qui représentent une diversité de générations, de genres, d’origines et de disciplines.

La Mission est composée d’étudiants et étudiantes et de membres du personnel enseignant et de l’administration qui représentent une diversité de générations, de genres, d’origines et de disciplines.

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L’Université de Montréal mènera des consultations en vue de proposer à l’Assemblée universitaire un énoncé de principes et de recommandations sur la liberté d’expression en contexte universitaire.

Valérie Amiraux

Crédit : Amélie Philibert

C’est à Valérie Amiraux, professeure titulaire au Département de sociologie et vice-rectrice aux partenariats communautaires et internationaux, qu’on a confié la présidence de la Mission du recteur sur la liberté d’expression à l’Université de Montréal.

«Comme toutes les libertés, la liberté d’expression n’est jamais absolue, affirme-t-elle. C’est un mandat très large que le recteur a donné à la Mission. Son travail, extrêmement complexe, ne se limitera pas aux controverses qu’on a pu suivre dans les médias.»

Des cas où la portée de la liberté d’expression dans différentes universités a été mise en question ont souvent fait les manchettes depuis quelques années. Par exemple, des conférenciers ont vu leur invitation annulée en raison de la controverse qu’a suscitée leur venue dans un pan de la communauté étudiante. Ou encore, des mots jugés offensants par certains étudiants ont été prononcés en classe par des professeurs.

La liberté d’expression est protégée dans le cadre règlementaire de l’UdeM et par des conventions collectives. Or, comme le constatait en mars dernier le rapport Les libertés universitaires dans une université inclusive, réalisé par le professeur de droit Jean-François Gaudreault-DesBiens, l’UdeM n’a pas d’énoncé de principes concernant la liberté d’expression en contexte universitaire. La Mission donne donc suite à l’une des recommandations de ce rapport.

Si le travail de la Mission est si complexe, c’est notamment parce que plusieurs termes qui ont été utilisés au cours de certaines périodes historiques, dans certains pays, dans certaines circonstances peuvent offenser des personnes si on les emploie hors contexte, illustre Valérie Amiraux. «De même, l’évocation de faits historiques avérés peut aussi troubler des personnes que ces faits interpellent personnellement bien que plus ou moins directement, précise-t-elle. On ne sait jamais qui est dans sa classe. Cela ne signifie pas qu’on ne peut pas aborder certaines réalités, mais qu’il faut tenir compte de cette variable inconnue lorsqu’on le fait. La prise en compte de cette variable participe à la relation pédagogique que l’enseignant tisse avec ses étudiants.»

En même temps, l’université reste un lieu où l’on fait de l’enseignement et de la recherche. «On y enseigne l’esprit critique, on apprend à nos étudiants et étudiantes à argumenter, à construire un raisonnement, à réfléchir au contexte d’énonciation de leurs propositions scientifiques, on valorise la diversité des idées, des épistémologies, donc il y a une série de choses que la Mission devra examiner avec minutie», souligne la sociologue.

Consulter la communauté

Si la Mission souhaite aller au-delà des controverses présentes dans l’actualité médiatique, elles alimenteront certainement la réflexion.

«Ces cas rendent la démarche encore plus justifiée, déclare Valérie Amiraux. Du reste, si aucun cas de l'UdeM ne s'est retrouvé dans les médias, ce n'est pas parce que ces problématiques ne se sont jamais posées sur nos campus.»

La Mission commencera par consulter la communauté universitaire. «Nous nous renseignerons auprès des facultés, du Secrétariat général et des associations actives sur le campus pour voir les types de situations qui surgissent et qui sont associées à la liberté d’expression en contexte universitaire», explique la vice-rectrice.

Si l’on a beaucoup vu dans les médias des cas liés aux sciences humaines et aux sciences sociales, notamment en littérature de langue française, ce travail de recension se fera dans les 13 facultés de l’UdeM. «Nous voulons recenser ce qui se passe dans toutes les facultés, puisque leurs réalités sont très différentes et nous ne voulons exclure aucune des disciplines ni aucun des secteurs de recherche présents sur nos campus», mentionne Valérie Amiraux.

La Mission est composée d’étudiants et étudiantes et de membres du personnel enseignant et de l’administration qui représentent une diversité de générations, de genres, d’origines et de disciplines. Plus de la moitié des membres a été nommée par l’Assemblée universitaire à la suite de la présentation de candidatures de personnes intéressées par ce sujet souhaitant contribuer à la réflexion institutionnelle. La Mission entendra ainsi les diverses composantes de la communauté de l’UdeM s’exprimer sur la question, que ce soit au cours de rencontres ou par écrit.

«La forme que prendra la consultation en mars et avril sera définie ce mois-ci», indique Mme Amiraux, qui présentera un premier rapport d’étape le 15 mars à l’Assemblée universitaire.

Un site Web, où l’on publiera notamment des textes de référence, sera créé pour soutenir les travaux de la Mission.

Produire un énoncé clair et pratique

C’est à partir de ce travail de consultation et d’analyse que la Mission produira son énoncé de principes et de recommandations sur la liberté d’expression en contexte universitaire. Il sera remis au recteur en juin.

«Nous voulons qu’il soit un outil suffisamment clair pour permettre à tous les membres de la communauté universitaire d’exercer de manière autonome leur liberté d’expression dans le contexte universitaire», conclut Valérie Amiraux.

Composition de la Mission

Présidence

Valérie Amiraux, professeure titulaire au Département de sociologie de la Faculté des arts et des sciences et vice-rectrice aux partenariats communautaires et internationaux

Membres (par ordre alphabétique)

Aminata Bal, adjointe à la doyenne à la Faculté de droit

Asma Bouikni, étudiante de maîtrise en neurosciences à la Faculté de médecine et secrétaire générale de l’Association générale des étudiantes et étudiants de la Faculté de l’éducation permanente

Sabrina Fournelle, chargée de cours à la Faculté des sciences infirmières 

Alexandra Gariépy, étudiante de maîtrise en ergothérapie à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et coordonnatrice aux affaires universitaires de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM

Francis Gingras, professeur titulaire au Département des littératures de langue française de la Faculté des arts et des sciences

Simon Hobeila, conseiller en affaires internationales Asie-Pacifique à la Direction des affaires internationales

Noura Karazivan, professeure agrégée à la Faculté de droit

Pascale Lefrançois, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation

Michaël Séguin, chargé de cours au Département de sociologie de la Faculté des arts et des sciences