Une nouvelle chaire de recherche franco-québécoise sur les enjeux de la liberté d’expression

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Une nouvelle chaire sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression au Québec et en France vise à jouer un rôle pilote dans la réflexion sur la liberté d’expression à l’échelle mondiale.

Une chaire de recherche sur la liberté d’expression a été créée conjointement par les Fonds de recherche du Québec et le Centre national de la recherche scientifique (France) et elle est coordonnée par huit cotitulaires, quatre en France et quatre au Québec.

Les travaux de la Chaire France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression, qui bénéficie d’un financement de deux millions de dollars pour les cinq prochaines années, portent sur quatre axes: la démocratie et les droits fondamentaux, les croyances religieuses et les identités, les savoirs et les sciences ainsi que la création et la censure.

Solange Lefebvre, professeure à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Montréal, est la responsable québécoise de l’axe Liberté d’expression, croyances religieuses et identités avec son homologue français Hanane Karimi, de l’Université de Strasbourg.

Les trois autres cotitulaires québécois de la Chaire sont Pierre Rainville, de l’Université Laval, Mathilde Barraband, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, et Maryse Potvin, de l’Université du Québec à Montréal. Du côté français, les autres cotitulaires sont Thomas Hochmann, de l’Université Paris Nanterre, Thibaud Boncourt, de l’Université Jean Moulin Lyon 3, et Anna Arzoumanov, de Sorbonne Université.

Étudier la liberté d’expression et la liberté de conscience

Liberté d’expression et liberté de conscience sont protégées ensemble dans les textes fondateurs québécois et français. «Mais dans les faits, la liberté d'expression des uns va parfois s'opposer aux sensibilités religieuses des autres et l'expression religieuse des uns peut s'opposer à la laïcité des autres», explique Solange Lefebvre.

Ces conflits se cristallisent parfois dans des contextes de grande tension. «On peut penser en France aux attaques religieuses radicalisées contre des institutions culturelles comme le Bataclan ou Charlie Hebdo. Mais les enjeux dépassent l’islamisme extrémiste et peuvent tout aussi bien concerner le catholicisme traditionaliste tentant de censurer des œuvres culturelles ou encore les débats ayant trait aux réappropriations culturelles contestées par des minorités. Comment en outre baliser les mots et les réalités qui choquent comme islamophobie notamment? Comment les membres des religions eux-mêmes entrevoient-ils leur propre liberté de parole?» poursuit la professeure.

C’est dans ce climat sensible que sera étudiée la négociation de ce que sont la liberté d'expression et ses limites, ses possibilités. 

Une chaire franco-québécoise

La Chaire France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression compte 21 cochercheurs et cochercheuses. Un grand nombre d’entre eux sont à l’Université de Montréal: Harith Al-Dabbagh (Faculté de droit), Ryoa Chung (Département de philosophie), Ersy Contogouris (Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques), Stéphane Couture (Département de communication), Ugo Gilbert-Tremblay (Faculté de droit), Bruce Maxwell (Département d’administration et fondements de l’éducation), Ignace Ndongala Maduku (Institut d’études religieuses) et Jean-François Roussel (Institut d’études religieuses).

Également, 46 collaborateurs et collaboratrices interviennent ponctuellement dans les travaux de la Chaire.

«Cette chaire collective demande beaucoup de coordination entre ses différents membres. Mais nous nous sommes déjà rencontrés, nous avons eu quelques séances de travail ensemble et nous sommes très heureux de nos cotitulaires français. Nous attendons beaucoup de ce travail à venir. Cette chaire prend naissance dans un contexte où de nombreuses questions délicates se posent. Nous espérons que la recherche permettra un certain apaisement des débats en les inscrivant dans une réflexion approfondie sur le long terme», conclut Solange Lefebvre.

Journée d’étude

Le volet québécois de la Chaire France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression organise, le jeudi 20 avril à la Faculté de droit de l'UdeM, sa première journée d’étude sur le thème «La liberté d’expression: regards juridiques et normatifs», qui sera suivie du lancement officiel de la Chaire au Québec.

Fin mai, à Paris, une autre journée d’étude se tiendra à l’Université Paris Nanterre, suivie d’un autre lancement à la bibliothèque Gaston-Miron.