La reconnaissance autochtone incluse dans le plan directeur d’aménagement

Le parc Tiohtià:ke Otsira’kéhne

Le parc Tiohtià:ke Otsira’kéhne

Crédit : Amélie Philibert

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La reconnaissance autochtone fait partie des trois axes autour desquels s’articule le nouveau plan directeur d’aménagement du campus de la montagne.

La reconnaissance autochtone est l’un des trois axes autour desquels s’articule le nouveau plan directeur d’aménagement du campus de la montagne, qui fait présentement l’objet de consultations publiques. «L’Université de Montréal s’est engagée à accroître la représentation des Premiers Peuples dans la communauté étudiante et le personnel, mais aussi en matière d’aménagement», explique Caroline Gélinas, conseillère principale aux relations avec les Premiers Peuples à l’UdeM.

Le plan directeur, en plus de présenter le contexte historique autochtone, reconnaît l’importance des symboles et des arts chez les Premiers Peuples, et surtout de tenir compte de leurs préoccupations, visions et expertises dans l’élaboration et la mise sur pied de projets d’aménagement. Il brosse de plus un tableau des potentiels archéologiques du campus de la montagne. Ainsi, 25 zones susceptibles de révéler des traces d’occupations autochtones et européennes ont été ciblées. 

Une reconnaissance progressive

C’est à la suite de la Commission de vérité et réconciliation du Canada en 2015 que les universités canadiennes ont constaté l’importance de passer à l’action pour une meilleure représentation des Premiers Peuples et de leurs cultures. Pour ce faire, l’Université de Montréal a entamé un vaste chantier intitulé Place aux Premiers Peuples, qui a donné lieu à une table de consultation et un comité de rédaction paritaire autochtone-allochtone constitué par le Vice-rectorat à la recherche, à la découverte, à la création et à l’innovation.

Le plan d’action Place aux Premiers Peuples est donc le plan d’action directeur de l’Université en termes de relations avec les Premiers Peuples. Pour assurer sa mise en œuvre et établir les mesures prioritaires, une structure de gouvernance a été créée. Le forum des partenaires regroupe des personnes diplômées de l’UdeM et des gens issus de divers milieux; le comité directeur Place aux Premiers Peuples réunit des partenaires autochtones externes, eux aussi pour la plupart diplômés de l’UdeM, de même que les membres autochtones du personnel (comité Kwe Kwe), un étudiant autochtone et des professeurs et professeures qui se spécialisent dans les questions autochtones.

Le plan d’action propose 111 mesures qui touchent toutes les missions et unités de l’Université. «Facultés, vice-rectorats et services ont tous à être porteurs de certaines mesures dans leurs créneaux respectifs. Ils sont aussi encouragés à élaborer leur propre plan d’action au sein de leur mission», indique Caroline Gélinas.

Des principes de collaboration

C’est dans cet esprit que la reconnaissance autochtone a été intégrée dans le nouveau plan directeur d’aménagement. «L’Université s’est assurée d’inclure cette dimension pour tenir compte des besoins et réalités des Premiers Peuples. Elle est allée encore plus loin, puisqu’on trouve dans le plan directeur d’aménagement des principes de collaboration avec les Premiers Peuples. Collaborer avec les Premiers Peuples, ça apporte une plus-value», croit Mme Gélinas, originaire de la communauté mohawk de Kanesatake.

Le nouveau plan directeur énonce les principes d’aménagement en milieu autochtone ou avec des Autochtones et les étapes d’une collaboration réussie. «Ça reflète vraiment le sérieux de la démarche de l’Université», affirme la conseillère. Cette approche consultative, qui s’inscrit dans une démarche de réconciliation culturelle, doit être adoptée dès les balbutiements d’un projet jusqu’à son achèvement de façon à prendre en compte les perspectives et la vision holistique des Autochtones.

Cette collaboration pourrait par exemple passer par l’incorporation de certains symboles ou formes artistiques traditionnelles, venant ainsi rejoindre le plan d’action Place aux Premiers Peuples, qui recommande entre autres que l’environnement bâti reflète l’accueil des Premiers Peuples.  

Des projets concrets

L’Université de Montréal a déjà posé plusieurs gestes témoignant de son engagement à reconnaître l’apport et la place des Premiers Peuples. Du salon Uatik au Centre étudiant des Premiers Peuples, qui accompagne les étudiants et étudiantes autochtones tout au long de leur parcours de formation, en passant par la Cérémonie des réussites étudiantes autochtones, l’UdeM affirme sa volonté de faire une place plus large aux étudiantes et étudiants des Premières Nations et inuits dans sa communauté.

Sur le plan des aménagements, deux projets sont sur le point de voir le jour, soit une installation permanente et un jardin des Premiers Peuples. Ce dernier projet mobilise plusieurs facultés, services et partenaires externes, notamment le Jardin botanique de Montréal et le CHUM, et pourrait être utilisé comme outil d’enseignement des savoirs traditionnels relativement aux plantes médicinales autochtones.

L’Université de Montréal a également conclu en 2010 un bail emphytéotique avec la Ville de Montréal pour l’utilisation d’un de ses terrains situé sur le troisième sommet du mont Royal. Un parc, qui porte le nom mohawk Tiohtià:ke Otsira’kéhne, y a été créé. Un autre bail de longue durée a été signé avec la Ville pour réaliser un tronçon du chemin de ceinture du Mont-Royal pour donner accès à ce parc.

«Tiohtià:ke veut dire “Montréal” et Otsira’kéhne “feu” ou “étincelles”. Ça fait référence, je crois, aux feux historiques de la ville de Montréal», explique Caroline Gélinas. En attribuant un nom mohawk au parc, l’Université reconnaît l’héritage autochtone de Montréal et participe au mouvement d’autochtonisation de la métropole, «comme l’a fait la mairesse Valérie Plante d’ailleurs, qui a renommé certaines rues, et son prédécesseur avec le drapeau de la ville [par l’inclusion du pin blanc, symbole de l’arbre de la paix pour les Autochtones]», remarque Mme Gélinas. Ce boisé paisible rappelle peut-être l’environnement naturel qu’on trouvait sur l’île avant l’arrivée des Européens. «Donner un nom mohawk à un lieu qui est représentatif pour cette nation est un geste important de l’Université, qui souligne son engagement sur le terrain», conclut-elle.