La Plateforme de biopharmacie, un élément clé dans la mise au point des médicaments

La Plateforme de biopharmacie est située au pavillon Jean-Coutu, sur le campus principal de l'Université de Montréal.

La Plateforme de biopharmacie est située au pavillon Jean-Coutu, sur le campus principal de l'Université de Montréal.

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Si la pandémie de COVID-19 a ralenti les activités dans plusieurs secteurs de la société, elle a démontré l’importance critique des plateformes de découverte de médicaments de l’UdeM.

Grégoire Leclair, professeur à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal, chercheur et directeur de la Plateforme de biopharmacie, est le premier à dire que la pandémie a fait ressortir les besoins en matière de recherche sur le médicament: «Au premier confinement, en mars 2020, tout a été fermé pendant quelques semaines, mais assez rapidement on a été déclarés comme un service essentiel par le gouvernement et l'on a été parmi les premiers à retourner sur les lieux de travail.»

De la même façon, la pandémie a permis de mieux mesurer l’importance de la Plateforme de biopharmacie dans la chaîne de fabrication des médicaments. À ce sujet, le chercheur nous rappelle que l’environnement de la recherche pharmaceutique a beaucoup changé depuis qu’il a créé la Plateforme, en 2010: «À ce moment-là, plusieurs grosses compagnies pharmaceutiques ont fermé à Montréal et leurs chercheurs sont allés travailler dans de plus petites entreprises. Pendant la période 2010 à 2015, les écosystèmes se sont redéfinis. Les choses sont maintenant un peu plus claires, avec des projets qui proviennent des milieux de l’enseignement et de la recherche et qui sont repris par l’industrie pharmaceutique pour faire du développement et de la mise en marché», explique-t-il.

Grégoire Leclair

Un bon exemple pour illustrer le phénomène est celui de la création des vaccins contre la COVID-19: «On peut voir le nom d’une petite société de biotechnologie, d’une université ou d’un autre organisme à côté du nom du vaccin produit par chaque compagnie pharmaceutique. Cela veut dire que la recherche a été faite par ces organisations et les pharmaceutiques ont servi de vecteur pour la commercialiser par la suite», précise M. Leclair en ajoutant que cela démontre ce qu’une initiative comme la Plateforme de biopharmacie est capable de potentialiser à l’aide de ses collaborations avec les autres acteurs de la recherche et de l’enseignement et les acteurs industriels de la découverte et du développement du médicament.

Tournée vers l’avenir

Lors de sa création, la Plateforme de biopharmacie employait deux personnes, soit son directeur et fondateur et un agent de recherche. Aujourd’hui, M. Leclair travaille avec la professeure Valérie Gaëlle Roullin, conseillère scientifique, Mihaela Maria Friciu, spécialiste en formulation et coordonnatrice, Martin Jutras, spécialiste HPLC-MS/MS, et Isabelle St-Jean, spécialisée en bioanalyse.

Le professeur de la Faculté de pharmacie aimerait dire qu’un médicament de la Plateforme a été commercialisé, mais ce n’est pas encore le cas: «Dans le domaine du médicament, il y a beaucoup de choses qui ne fonctionnent pas. En fait, quand il y en a une qui fonctionne, c’est l’exception!» Néanmoins, il affirme que, parmi différents projets de l’IRIC en oncologie et en immuno-oncologie, il y en a plusieurs qui sont prometteurs.

Il mentionne ensuite deux initiatives qu’il veut valoriser. La première est un registre de préparations magistrales qui pourrait permettre l’accès rapide pour des patients à des médicaments existants, mais en rupture d’approvisionnement ou pour lesquels il y a des problèmes d’accessibilité. Ce registre serait mis sur pied en collaboration avec le Laboratoire de synthèse en flux continu de l’UdeM.

Son deuxième objectif est de continuer les activités actuelles de la Plateforme de biopharmacie et d’augmenter ses outils et instruments de recherche pour pouvoir réaliser d’autres tests qui permettront de connaître mieux encore les molécules que les chercheurs produisent à l’Université: «Le but est d’amener encore plus loin les collaborations en cours de façon que, quand un produit est conçu à l’UdeM, il soit presque prêt à être soumis aux agences règlementaires», conclut le chercheur.

Un rôle essentiel

Concrètement, le rôle de la Plateforme de biopharmacie est de récolter suffisamment d’informations sur les molécules qu’on lui soumet afin de désigner leurs chances de devenir des médicaments commercialisés: «Dans la mise au point des médicaments, la première étape est de déterminer chez l’animal si le produit a l’effet thérapeutique voulu quand on l’administre et de s’assurer qu’il n’a pas d’effets toxiques. Une fois que le client voit qu’il a une molécule prometteuse, il pourra venir me rencontrer pour qu’on analyse ses autres propriétés, telles que sa solubilité, sa stabilité et la formulation qui sera requise», énumère le chercheur.

Ce faisant, M. Leclair et son équipe répondront à plusieurs questions telles que la molécule sera-t-elle stable une fois sous forme de médicament? Pourra-t-on le conserver sur une tablette pour une durée raisonnable? Une fois absorbé, comment se métabolisera-t-il? Devra-t-on l’administrer par injection ou pourra-t-il être ingéré? Les réponses détermineront si le produit vaut la peine d’être commercialisé ou non.

La présence de la Plateforme à l’UdeM a de nombreux avantages: «Si l’on prend les chercheurs de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie [IRIC] ou les professeurs de la Faculté de médecine, ils ont souvent les idées et les modèles animaux pour tester et faire des preuves de concept. Par contre, ils ne possèdent pas les outils et les expertises nécessaires pour valoriser les autres aspects de leurs produits. S’ils ont plusieurs molécules à analyser, ils peuvent choisir eux-mêmes celles sur lesquelles ils travailleront en fonction des informations que je leur donne. Si on n’était pas là, j’ai l’impression que plusieurs projets seraient arrêtés parce que l’information critique manquerait», estime le directeur.

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