Sclérose latérale amyotrophique: décoder ses mécanismes moléculaires pour mieux la traiter
- UdeMNouvelles
Le 14 juin 2021
Au Centre de recherche du CHUM, Christine Vande Velde et Geneviève Matte étudient la sclérose latérale amyotrophique. Tour d’horizon de leurs travaux en ce mois de sensibilisation à cette maladie.
Près de 3000 Canadiens vivent avec la sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig ou maladie de Charcot. Chaque année, elle est diagnostiquée chez un millier de personnes et autant en décéderont.
La SLA est une maladie neurodégénérative incurable, caractérisée par la perte sélective de motoneurones, des cellules nerveuses qui servent de câblage interne. Les motoneurones nous permettent de bouger à notre guise en assurant la transmission de signaux aux muscles pour qu’ils se contractent.
Chez les personnes atteintes de sclérose latérale amyotrophique, les motoneurones se détériorent graduellement. Elles perdent alors leurs capacités musculaires jusqu’à la paralysie complète, l’espérance de vie n’étant en moyenne que de trois à cinq ans après le diagnostic. Concrètement, une personne vivant avec cette maladie rare perd la capacité de marcher, de parler, de manger, d’avaler et, ultimement, de respirer.
Des mécanismes complexes
«Dans notre laboratoire, nous essayons de comprendre le mauvais fonctionnement des motoneurones d’un point de vue des mécanismes moléculaires. Nous voulons mettre au jour des mécanismes que nous pourrons cibler avec une thérapie et trouver des biomarqueurs pour suivre l’évolution de la maladie et prédire si elle va progresser rapidement ou lentement», explique Christine Vande Velde, professeure au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, chercheuse au Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et coprésidente du comité consultatif scientifique et médical de SLA Canada.
Au cours des deux dernières années, son équipe a observé, chez les personnes atteintes de SLA, qu’une protéine, la TDP-43, est moins présente dans le noyau des motoneurones. Dans ce cas, le taux d’une autre protéine, appelée G3BP1, diminue et influe directement sur la formation des granules de stress.
Dans les cellules saines, les granules de stress sont des structures de protection qui empêchent que l’acide ribonucléique ou ARN soit endommagé par le stress environnemental, comme la chaleur ou la pollution. Si le niveau de la protéine G3BP1, essentielle à leur bonne formation, diminue, les motoneurones sont plus susceptibles d’être abîmés.
À l’heure actuelle, Christine Vande Velde collabore avec le chercheur du CRCHUM Alex Parker, qui a mis à sa disposition des modèles de C. elegans représentatifs de la sclérose latérale amyotrophique, et une entreprise de Colombie-Britannique pour tester de petites molécules sur ces mécanismes moléculaires et voir s’ils peuvent être stoppés.
La recherche fondamentale à l’unisson de la clinique
Environ 100 patients sont suivis annuellement au CHUM et peuvent participer, s’ils se qualifient, à l’un des essais cliniques menés au CRCHUM, notamment à l’Unité d’innovations thérapeutiques. Là, les patients en échec thérapeutique se voient offrir des options de traitement parmi les plus avancées en neurologie, notamment des médicaments administrés pour la première fois chez l’humain.
«Il y a près d’un an et demi, j’ai pu commencer un programme d’autopsie. Cela nous permet de recueillir et stocker des échantillons de tissus de grande qualité. L’équipe de mon collègue, le Dr Alexandre Prat, nous aide dans cette initiative. Nous avons même eu quelques patients qui ont donné leur cerveau», dit la Dre Geneviève Matte, directrice de la clinique de sclérose latérale amyotrophique du CHUM et présidente du Réseau canadien de la recherche sur la SLA.
Cette biobanque est cruciale pour les avancées des travaux de Christine Vande Velde, car elle lui permet de valider sur les tissus de patients les mécanismes découverts en laboratoire.
«Je crois que nous sommes parvenus à assurer une bonne cohésion entre le laboratoire et la clinique», déclare la professeure. Une complémentarité entre les deux chercheuses qui se révèle notamment sur le terrain de leurs recherches en cours.
L’environnement et le financement dans le viseur
Grâce à une récente subvention des Instituts de recherche en santé du Canada, l’équipe de Christine Vande Velde s’intéresse à la façon dont les motoneurones sont touchés par le stress environnemental. De son côté, la Dre Matte se penche sur les liens entre l’exposition au cuivre et le développement de la sclérose latérale amyotrophique, en collaboration avec Susan Gaskin, chercheuse à l’Université McGill. Avec Alex Parker, elle est aussi à mettre sur pied un essai clinique pour tester un composé qui a des effets bénéfiques sur un modèle animal de SLA.
Au quotidien, «faire avancer les connaissances et donner de l’espoir à nos patients nous motive. Mais cela demande plus que de la passion! Le financement de la recherche fondamentale et de la recherche clinique est le nerf de la guerre. Malheureusement, nous en manquons cruellement», rappelle la Dre Matte.
Vous souhaitez soutenir leurs travaux? Faites un don à la Fondation du CHUM en précisant que vous voulez qu’il soit utilisé pour faire progresser des projets de recherche sur la sclérose latérale amyotrophique.
À propos de ces travaux de recherche
Le financement des travaux des deux chercheuses a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada, ALS Society of Canada, Brain Canada, ALS Association (États-Unis) et Target ALS/Frontotemporal Degeneration Association (États-Unis).