Employé de l'UdeM le jour, candidat aux élections la nuit!

Chantal Huot, Christine Paré et Frédéric Lapointe

Chantal Huot, Christine Paré et Frédéric Lapointe

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Rencontre avec trois employés de l’UdeM qui se sont portés candidats à une élection municipale, provinciale ou fédérale.

Aux impôts et à la mort s’ajoute une troisième certitude: réunissez trois personnes qui ont goûté à la politique en tant que candidates et vous aurez une discussion animée! C’est ce que nous avons pu constater en rencontrant Chantal Huot, Christine Paré et Frédéric Lapointe, trois employés de l’Université de Montréal qui ont en commun la passion de la chose politique. À un moment de leur carrière à l’UdeM, ils se sont tous les trois portés candidats à une élection municipale, provinciale ou fédérale.

Parmi nos trois politiciens, c’est sur Chantal Huot que la pression est la plus forte, à quelques jours des élections municipales des 6 et 7 novembre. La conseillère en communications à l’École de santé publique de l’UdeM se présente comme mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville pour le parti Ensemble Montréal.

«Aujourd’hui, la véritable question, c’est pourquoi j’ai attendu aussi longtemps avant de me présenter!» s’exclame celle qui se dit mordue de politique depuis l’adolescence. À l’âge de 16 ans, elle frappait à la porte du bureau de son député provincial pour lui offrir son aide. S’en sont suivis des engagements auprès des instances jeunesse du Parti québécois, le parlement étudiant et des années en tant qu’attachée de presse politique, entre autres.

Mais avant de faire le saut comme candidate, Chantal Huot a préféré attendre que ses enfants soient plus grands. «Je ne voulais pas les priver de la présence de leur mère, explique-t-elle. Et puis une campagne électorale, c’est une affaire de famille.»

La politique, c’est pour tout le monde

La beauté de la chose politique, c’est que c’est aussi l’affaire de tous, y compris de ceux et celles qui viennent de loin. C’est le cas de Christine Paré, conseillère principale à l’adaptation institutionnelle à la diversité au Secrétariat général. Originaire du Burkina Faso, elle est arrivée au Canada dans les années 2000.

«Je suis arrivée ici en tant que femme engagée, cela faisait déjà partie de mon identité. J’ai été membre du mouvement étudiant au lycée et à l’université, puis du mouvement syndical dans le but de défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses. Une fois rendue au Canada, j’ai consulté l’échiquier politique pour trouver la meilleure façon de poursuivre mon militantisme.»

Il n’aura pas fallu plus de deux ans pour que Mme Paré se joigne à la Fédération des femmes du Québec, où sa rencontre avec la militante féministe et syndicaliste Madeleine Parent l’a fortement marquée. «C’est elle qui m’a convaincue de l’importance qu’il y ait des femmes et des personnes issues de la diversité autour de la table afin que nous prenions la place qui nous revient, mais aussi dans le but d’avoir tout un spectre de points de vue.»

Sa candidature pour le NPD (Nouveau Parti démocratique) en 2019 et 2021 dans la circonscription de Papineau – celle du premier ministre Justin Trudeau – lui aura permis, notamment, de démontrer aux personnes issues de l’immigration qu’elles ont leur place en politique. «Ce n’est pas facile de se présenter lorsqu’on est une femme et ce l’est encore moins lorsqu’on vient de la diversité en raison entre autres de l’absence d’un réseau de contacts établi. Mais quand de jeunes immigrants voyaient que je me présentais contre Justin Trudeau, ça les impressionnait!» raconte Mme Paré.

Un milieu de travail qui permet l’engagement citoyen

Frédéric Lapointe, pour sa part, se dit être de la «génération Meech», qui s’est socialisée par la politique. Entré à l’université comme étudiant durant cette crise constitutionnelle, il en a profité pour travailler sur deux fronts politiques à la fois: contribuer au mouvement souverainiste d’une part et travailler à reconstruire un mouvement étudiant sur le déclin d’autre part.

«Éventuellement, j’ai choisi de travailler à l’UdeM parce que cela me permettait de maintenir mon engagement. C’est vous dire à quel point la chose politique m’anime! Même si je n’ai jamais gagné ma vie avec la politique, je n’ai jamais cessé d’en faire depuis 30 ans. Et si j’y arrive, c’est justement parce que mon emploi, lui, n’est pas politique», précise le conseiller pédagogique du Centre de pédagogie universitaire.

En plus de laisser aux membres de son personnel une liberté d’engagement politique, l’UdeM leur offre d’enviables conditions de travail qui facilitent cet engagement citoyen. Par exemple, il n’est pas nécessaire de démissionner pour se porter candidat. En vertu de l’entente de l’Association des cadres et professionnels de l’UdeM (ACPUM), une ou un membre qui se présente comme candidate ou candidat à une élection provinciale ou fédérale bénéficie d’un congé rémunéré de six semaines, un avantage de taille lorsqu’on sait qu’une campagne électorale exige un sacrifice financier de la part des candidats. Pour une candidature au municipal, comme dans le cas de Chantal Huot, le protocole de l’ACPUM prévoit plutôt un congé sans solde de six semaines. Finalement, si une employée ou un employé de l’Université est élu, son lien d’emploi est conservé pendant quatre ans afin de lui permettre d’exécuter son mandat.

«C’est une chance que nous avons. Mais c’est aussi très précieux pour la société, cette liberté que nous donne l’Université, puisqu’elle facilite l’engagement politique et, par le fait même, la démocratie», renchérit M. Lapointe.

Des expériences qui rapportent

S’il y a un aspect de son travail à l’UdeM qui a teinté la manière dont Christine Paré a mené sa campagne, c’est la rigueur. «Quand vous travaillez au quotidien avec des chercheurs et chercheuses, vous vous préparez! Avant une entrevue ou un débat, je faisais mes recherches d’informations fiables!»

Même son de cloche chez Frédéric Lapointe, pour qui les expériences en tant que chargé de cours et conseiller pédagogique lui ont permis d’être un meilleur candidat. «Je suis devenu plus tolérant et j’ai appris à mieux écouter. Quand on travaille dans un secteur pédagogique, on apprend à éviter, justement, les attitudes antipédagogiques! J’essaie de transposer ces qualités de pédagogue dans mon milieu politique, notamment avec les électeurs potentiels.»

Si les candidats sont enrichis par leurs expériences respectives sur le campus, la réciproque est tout aussi vraie: un milieu de travail comme l’UdeM gagne à avoir en ses murs des employés et employées qui ont un bagage politique. «Les personnes qui ont fait de la politique possèdent toutes, sans exception, de formidables capacités d’adaptation. C’est à mon avis assez méconnu de la part des employeurs. On est en mesure de se retourner très rapidement et ça, c’est une qualité précieuse», mentionne Chantal Huot.

Et que dire du sentiment d’accomplissement et de fierté attaché à cette réalisation? La candidate à l’élection municipale ajoute que cette campagne lui aura apporté beaucoup de fierté. «J’ai fait des choses que je ne pensais pas être capable de faire. J’en ressors avec tout un sentiment d’accomplissement, et cette confiance en moi est certainement quelque chose que je vais pouvoir transposer dans mon travail.»

Une vie après la politique?

«Lorsqu’on est en campagne électorale, on vit sur un "high". Au lendemain d’une élection, c’est mieux de ne pas se retrouver seul chez soi parce qu’il y a un réel sevrage à faire!» met en garde Frédéric Lapointe, qu'on aperçoit ici à l'UdeM au lendemain d'une campagne électorale.

Bien que Christine Paré et Frédéric Lapointe ne soient plus en campagne électorale, ils poursuivent tous les deux leur action politique, rappelant que les campagnes ne sont que la partie visible de cet engagement qui peut prendre différentes formes. Une autre campagne est-elle envisageable dans l’avenir? «C’est plausible à… 95 %!» avance Frédéric Lapointe, sourire en coin.

Présentement dans la dernière ligne droite de la campagne municipale, Chantal Huot pense parfois avec nostalgie à son emploi à l’UdeM. «Il y a des moments plus difficiles dans une campagne pendant lesquels je m’ennuie de ma job et de ma vie d’avant… même si je souhaite vraiment être élue!» précise-t-elle en riant.

Lorsqu’on les interroge quant aux conseils qu’ils auraient à donner à des collègues qui songent à se lancer en politique, ils répondent ceci: «Soyez en bonne santé!» «Ayez l’appui de votre entourage.» «Soyez prêts à faire des compromis parce que la politique, c’est un sport d’équipe.»

Et notre conseil à nous sera le suivant: si vous croisez Chantal Huot, Christine Paré ou Frédéric Lapointe dans les corridors de l’Université de Montréal, n’hésitez pas à les saluer et à entamer une conversation avec eux au sujet de leurs expériences politiques. Nous l’avons dit: vous aurez toute une discussion animée!

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