Datagotchi: un outil de prédiction du vote qui s’améliore en continu!

Grâce à l’augmentation de la participation des électrices et des électeurs tout au long de la campagne de l'automne dernier, l’algorithme de Datagotchi a permis de prédire le vote avec une certaine justesse pour chacun des cinq partis en lice.

Grâce à l’augmentation de la participation des électrices et des électeurs tout au long de la campagne de l'automne dernier, l’algorithme de Datagotchi a permis de prédire le vote avec une certaine justesse pour chacun des cinq partis en lice.

Crédit : Getty

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Lancée au cours de la campagne électorale québécoise de septembre dernier, l’application Datagotchi améliore sa capacité à prédire le vote des gens selon leurs habitudes de vie.

Bien que le comportement électoral de l’Homo politicus moderne ne s’explique pas seulement par ses habitudes de vie, les résultats des analyses qu'a réalisées l’équipe de l’application Datagotchi semblent montrer que le mode de vie des électrices et des électeurs a un effet non négligeable sur leur choix au moment de voter.

En effet, les données compilées par Datagotchi à l’issue du scrutin québécois tenu le 3 octobre tendent à démontrer que certains modes de vie sont fortement associés au vote pour les principaux partis politiques en lice.

En un peu moins d’un mois, près de 95 000 personnes ont répondu aux questions de l’application. Les réponses ont été analysées par l’équipe de recherche de l’Université Laval qui l’a mise au point, dont fait partie l’étudiant de doctorat Nadjim Fréchet, du Département de science politique de l’Université de Montréal.

Une capacité de prédiction en croissance

Nadjim Fréchet

Nadjim Fréchet

Crédit : Photo de courtoisie

À l’image d’un ancien slogan d’une marque de saucisses voulant que «plus de gens en mangent parce qu’elles sont plus fraîches» (et vice versa!), la capacité de prédiction de Datagotchi s’accroît à mesure que le nombre de personnes qui l’utilisent augmente.

Grâce à l’augmentation de la participation des électrices et des électeurs tout au long de la campagne, l’algorithme de l’application a permis à l’équipe de recherche de prédire, au premier ainsi qu’au deuxième coup:

  • le vote caquiste à 82,43 %;
  • le vote péquiste à 67,81 %;
  • le vote libéral à 62,65 %;
  • le vote solidaire à 74,38 %;
  • le vote conservateur à 76,49 %.

«Nos données indiquent aussi que la combinaison des variables sociodémographiques et des modes de vie accroît de 7 % la capacité de prédiction de Datagotchi, comparativement aux seules variables sociodémographiques», mentionne le doctorant de l’UdeM.

D’autres élections nationales et internationales en vue

Au cours des prochains mois, le Datagotchi sera de nouveau mis à l’épreuve dans des élections à venir, notamment en Ontario et en Colombie-Britannique. Des chercheurs se sont également dits désireux d’utiliser l’outil et de l’exporter notamment en Indonésie, au Japon ainsi qu’en Grande-Bretagne, dont le système politique comporte plusieurs similitudes avec le système canadien.

À cet égard, l’équipe de recherche compte bien mettre son application à l’épreuve d’un océan à l’autre, que le gouvernement minoritaire actuel soit défait ou qu’il se rende à la fin de son mandat, en 2025.

Un nouvel axe de recherche en science politique

L’évolution des modes de vie des gens et l’influence de ces habitudes sur leur allégeance politique constituent un nouvel axe de recherche en science politique, selon Nadjim Fréchet.

«L’intérêt porte entre autres sur la comparaison des modes de vie entre les Occidentaux et les non-Occidentaux et leurs choix dans l’isoloir, précise-t-il. À court terme, l’idée est de diversifier les lieux de collecte de données et de faire des prédictions bien au-delà du parti favorisé.»

Spécialiste des méthodes quantitatives, le doctorant poursuivra sa participation dans le projet quant à l’entraînement des algorithmes de l’application et à la collecte de données tout en contribuant à l’analyse des résultats obtenus.

«Dans un contexte où les médias sociaux et les chaînes de nouvelles en continu sont omniprésents, l’étude du rôle des modes de vie devient un champ de recherche excitant à explorer, car la littérature scientifique à cet égard est embryonnaire en dehors du contexte américain», conclut Nadjim Fréchet.

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