Lecture collective du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada

Crédit : Gouvernement du Canada

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La lecture organisée dans la foulée des révélations sur les tombes anonymes des pensionnats autochtones est la première à se dérouler en français et en anglais.

C’est Joyce Boro, directrice du Département de littératures et de langues du monde de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, qui est à l’origine du projet de lecture collective du Sommaire exécutif du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR): «J’étais en discussion avec des professeurs de l’Université McGill qui trouvaient important de lire le rapport même s’il a été publié en 2015, surtout dans le contexte des découvertes concernant les enfants des pensionnats. J’étais prête à me rallier à leur initiative et, finalement, je me suis dit qu’il était important de le faire à l’UdeM en français ou en format bilingue», résume Joyce Boro.

Pour concrétiser son idée, elle a sollicité la participation de Marie-Ève Bradette, chargée de cours en littératures autochtones à l’UdeM. Mme Bradette a tout de suite accepté: «J’enseigne la littérature des pensionnats. Ce sont des textes littéraires, souvent autobiographiques qui racontaient déjà dans les années 70 ce qui se passait dans les pensionnats, mais qui n’ont pas été considérés dans le discours populaire critique ou universitaire. Il n’y a pas de raison de ne pas savoir ce qui s’est passé, mais maintenant qu’on le sait, qu’est-ce qu’on fait?» demande-t-elle.

Un projet encore d’actualité

Il faut savoir que leur initiative s’inspire du TRC Reading Challenge (trcreadingchallenge.com) et de la lecture du rapport de la CVR par le Théâtre Passe Muraille de Toronto l’été dernier. Dans le premier cas, il s’agit d’un défi de lecture né en 2015, à la suite de la publication du rapport de la Commission.

Ce défi est encore pertinent, surtout au Québec, selon Marie-Ève Bradette: «En 2015, la publication du rapport n’a pas eu un retentissement aussi grand au Québec que dans le Canada anglais. L’histoire des pensionnats et des atrocités vécues par les enfants dans ces établissements a vraiment trouvé un écho ici avec les découvertes qui ont été faites près des pensionnats le printemps dernier.» 

Les instigatrices du projet affirment qu’il est important de lire le rapport de 594 pages et que le faire dans le cadre de la lecture collective hebdomadaire peut être une façon de se motiver: «Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas manquer une semaine», dit Mme Bradette. Elle croit aussi qu’il est important de prononcer les mots du rapport à voix haute et que d’autres les entendent. «Quand on dit les choses à voix haute, poursuit Joyce Boro, on intériorise, c’est plus impressionnant, plus touchant. Pendant les séances de lecture, il y a des moments où des personnes ont de la difficulté à lire parce que les mots, les voix, les expériences résonnent.»

Une lecture collective en toute simplicité

Sur le plan pratique, les deux femmes ont opté pour une formule simple: une plateforme en ligne et un local à l’UdeM pour les gens qui ont besoin de se retrouver en compagnie d’autres personnes.

Les séances de lecture, commencées le 12 octobre, ont lieu les mardis de 11 h 30 à 12 h 15. Tout d’abord, les organisatrices notent les prénoms des personnes qui veulent lire et pendant combien de temps. Une fois que c’est leur tour, elles peuvent lire en français ou en anglais. Après une demi-heure, les participantes et participants sont encouragés à utiliser les 15 dernières minutes pour écrire un journal ou réfléchir individuellement par exemple.

Empathie et activisme

Joyce Boro et Marie-Ève Bradette ont également créé le groupe de lecture afin de répondre à l’appel lancé par de nombreux groupes autochtones, dont la Native Earth Performing Arts, pour que les personnes blanches, non autochtones, occupantes canadiennes lisent le rapport de la CVR. D’après leurs calculs, l’activité devrait s’étendre environ sur une année. Ensuite? La chargée de cours en littératures autochtones mentionne qu’à la fin du rapport il y a des suggestions d’actions qui peuvent être menées dans les milieux éducatifs du primaire, du secondaire, du collégial et dans les universités: «Peut-être aussi que la lecture inspirera au collectif une action concrète.»

Pour sa part, Joyce Boro croit que la littérature et la lecture de documents comme le rapport de la CVR ouvrent à d’autres points de vue et créent l’empathie qui mène à l’activisme: «On voit un Autochtone sans-abri et l'on se dit: “C’est bien triste, qu’est-ce qu’il fait là?” En lisant le rapport, on sait ce qu’il fait là. Peut-être que ça incitera quelqu’un à être plus gentil quand il verra un Autochtone sans-abri, peut-être qu’il lui parlera, qu’il fera un don à un organisme ou commencera une activité. C’est pour ça que je crois que l’empathie peut mener à l’activisme.»

Comment participer?

Les séances de lecture en personne se déroulent au Carrefour interdisciplinaire et interculturel (salle C-8056) du Département de littératures et de langues du monde, pavillon Lionel-Groulx, 3150, rue Jean-Brillant (station de métro Côte-des-Neiges). Les personnes désireuses de lire sur place peuvent écrire à marie.eve.bradette(at)umontreal.ca ou à joyce.boro(at)umontreal.ca.

Pour la lecture en mode virtuel, on s’inscrit ici: umontreal.zoom.us/meeting/register/tZAvfu-vqj0sGtKySpaEo-wRBCWJqYmZsz2I.

 

 

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