Un harfang des neiges pourrait-il s’installer à l’UdeM?

Le harfang des neiges aperçu à l'UdeM

Le harfang des neiges aperçu à l'UdeM

Crédit : Élise Deshaies

En 5 secondes

Un harfang des neiges a été aperçu sur le campus principal de l’Université de Montréal cet automne.

Un harfang des neiges a été aperçu le 20 novembre en haut du pavillon Roger-Gaudry. Pourrait-il élire domicile à l’Université de Montréal?

Pour en savoir plus, nous avons parlé avec Guy Fitzgerald, clinicien enseignant à la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM et fondateur de la Clinique des oiseaux de proie.

Que vient faire un harfang des neiges sur le campus de la montagne à cette période de l’année?

Les harfangs des neiges vivent dans le Grand Nord. C’est là qu’ils se reproduisent l’été. Ces proches cousins du grand-duc d’Amérique se déplacent ensuite à la recherche de nourriture.

La majorité des harfangs qui sont observés cet automne à Montréal et dans le sud du Québec sont de jeunes oiseaux nés en 2021 dans le Grand Nord. Ils sont en errance. Le harfang des neiges qui est venu sur le campus est probablement un juvénile, sans beaucoup d’expérience.

La toundra, d’où vient le harfang, est une étendue plate. On a aperçu l’oiseau tout en haut du pavillon Roger-Gaudry. Est-ce habituel de le voir ainsi en hauteur sur des structures humaines?

Ces oiseaux nés dans la toundra n’ont pas beaucoup d’interactions avec les humains et ne connaissent pas les constructions urbaines. Quand ils arrivent en ville, ils découvrent de nouveaux endroits où se percher comme des toits de maison ou des voitures. On peut alors trouver des harfangs dans des endroits inusités. Il y a cinq ans, un harfang est allé se percher sur une caméra du ministère des Transports! La photo le montrant les ailes déployées a fait le tour du monde.

Pour eux, c’est tout à fait inattendu d’être perchés si haut, car dans le Nord il n’y a pas d’arbre. Ils découvrent un habitat complètement nouveau avec de beaux perchoirs en hauteur, qui donnent une bonne vision d’ensemble du territoire et des proies potentielles. Comme la femelle qui a été aperçue sur le toit du pavillon Roger-Gaudry.

Aurait-on plus de chances de croiser des harfangs des neiges sur le campus de la montagne dans ses parties boisées?

Le harfang des neiges n’est pas un oiseau qui cherche les habitats forestiers. Il préfère les grands espaces, là où il est avantagé pour chasser ses proies.

Il va plutôt rechercher des endroits très dégagés où il peut voir au loin. Sur le mont Royal, on aurait plus de chances d’en croiser un sur le sommet ou près du cimetière.

Des faucons ont élu domicile à l’UdeM sur la tour du pavillon Roger-Gaudry. Des harfangs des neiges pourraient-ils eux aussi venir s’y installer?

La tour du pavillon Roger-Gaudry est devenue un site de reproduction pour les faucons pèlerins Ève et Sphinx. L’année passée, trois fauconneaux sont nés. Par contre, il n’y aura pas de cohabitation avec des harfangs.

Les harfangs des neiges ne sont de passage dans le sud du Québec que pendant l’hiver. Ils retournent dans le Grand Nord pour se reproduire. Ce sont des oiseaux généralement solitaires. Ce n’est qu’au moment de la reproduction qu’ils sont en famille. Une femelle harfang peut pondre jusqu’à 10 œufs et avoir une couvée nombreuse à nourrir. Dès lors, on peut les voir en groupe sur les sites de reproduction dans le Grand Nord. Le reste de l’année, ils sont isolés et peuvent parfois être territoriaux: s’ils sont sur leur territoire, ils pourraient chasser un autre harfang qui s’y aventurerait. Les chances sont donc très minces de voir des harfangs des neiges s’installer sur le campus! Par contre, un autre harfang pourrait repasser en hiver sur le campus surtout s’il y a de la nourriture accessible facilement.

Si l’on souhaite observer un harfang des neiges sans se rendre dans le Grand Nord, où nous conseillez-vous d’aller?

Si vous souhaitez observer des harfangs des neiges, vous pouvez vous rendre près de grandes étendues, que ce soit au Technoparc Montréal, à l’aéroport de Saint-Hubert ou encore près des champs entre le Quartier DIX30 et l’autoroute 20. Je vous conseille de regarder sur les lampadaires ainsi que sur les poteaux électriques. Les tas de neige sur les poteaux électriques peuvent se révéler être des harfangs qui sont perchés là! À la campagne, on les voit aussi sur les silos de ferme.

Sinon, si vous partez en voyage, sur la piste de l’aéroport international Montréal-Trudeau, vous aurez peut-être la chance de voir un harfang des neiges perché ou au sol. En effet, vous vous trouverez sur une vaste étendue clôturée sans obstacle, sans arbre et sans prédateur, là où les souris dansent! Un lieu que j’appelle le «fastfood des harfangs des neiges», car il foisonne de petits rongeurs ne pouvant pas se cacher dans la neige ou dans la végétation.

Et avez-vous reçu des harfangs des neiges à la Clinique des oiseaux de proie?

Nous avons reçu 16 individus depuis la fin octobre d’un peu partout au Québec. La moitié sont arrivés morts ou sont morts à la Clinique. Ils étaient très maigres. Six sont encore en traitement et deux ont été remis en liberté. La cause de blessures la plus fréquente est la collision avec un véhicule. Malheureusement, il y a aussi eu des harfangs qui ont été tirés au fusil dans les 35 ans d’existence de la Clinique, ce qui est tout à fait illégal.

  • Un harfang des neiges relâché à la Clinique des oiseaux de proie.

    Un harfang des neiges relâché à la Clinique des oiseaux de proie

    Crédit : Guy Fitzegrald

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