Des diplômés avec la fibre entrepreneuriale

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Dans toutes sortes de secteurs d’activités, les jeunes pousses sont florissantes sur le campus de l’Université de Montréal. En voici quatre qui se démarquent créées par des diplômés.

Les jeunes pousses sont florissantes depuis longtemps sur le campus de l’Université de Montréal. Au moment où l’UdeM lance un nouveau programme de formation et d’accompagnement pour soutenir l’entrepreneuriat grâce à un don record de 40 M$ de Québecor et de la Fondation Chopin-Péladeau, voici quatre entreprises qui se démarquent créées par des diplômés.

Valence: l’intelligence artificielle pour concevoir des médicaments

Un record de financement obtenu par une jeune pousse installée à Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, a été fracassé par Valence en décembre dernier. Celle-ci a réussi à amasser pas moins de 8,5 M$. Avec la sommité mondiale en intelligence artificielle Yoshua Bengio comme conseiller scientifique, l’entreprise fondée en 2018 a construit un moteur basé sur l’apprentissage profond pour cibler, tester et optimiser différentes molécules en vue de concevoir de nouveaux médicaments.

«L’apprentissage profond a besoin d’une grande quantité de données, mais ce n’est pas toujours possible dans le domaine de la découverte de médicaments, explique Therence Bois, cofondateur de Valence et titulaire d’une maîtrise en médecine moléculaire et cellulaire de l’UdeM. Notre entreprise se distingue parce qu’elle a été capable de bâtir des modèles prédictifs, même avec très peu de données, qui permettent de réaliser un design de molécules de plus grande qualité et plus rapidement.»

En collaborant avec quelques partenaires, dont l’entreprise pharmaceutique Servier, la firme de biotechnologie Repare Therapeutics et la société de recherche contractuelle Charles River, Valence a mis au point sa plateforme dans les dernières années.

Avec les 8,5 M$ reçus, l’entreprise souhaite maintenant commencer à élaborer ses propres médicaments. «Nous sommes encore au début de ce virage, mais nous nous intéressons déjà beaucoup aux maladies rares, à l’oncologie et aux maladies du système nerveux central», indique Therence Bois.

Pour atteindre ses objectifs, Valence, qui compte actuellement une douzaine d’employés, projette de tripler ses effectifs dans les prochains mois. La course aux talents est internationale.  

Novagrow: jardiner sur son comptoir de cuisine

Lorsque le printemps arrive, on se précipite à la pépinière pour acheter des fines herbes qu’on bichonnera tout l’été et, à l’automne, on s’attristera de les voir dépérir avec l’arrivée du froid. Mais si l’on s’équipait pour les cultiver à l’année sur son comptoir de cuisine? C’est ce que propose Novagrow. Vous avez l’impression d’avoir déjà entendu parler de cette entreprise? Fort possible. Elle est passée à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon au printemps dernier et a reçu les offres de trois investisseurs. «La diffusion de l’émission a engendré 250 000 $ de ventes», déclare fièrement Simon Dufour Préfontaine, cofondateur de l’entreprise créée en 2019.

Le (beau!) problème de Novagrow, c’est qu’il n’y a pas assez de ses jardins de comptoir conçus et assemblés au Québec pour répondre à la demande. «Nous travaillons très fort en ce moment pour accélérer notre rythme de production», explique l’entrepreneur diplômé en droit de l’UdeM.

Le défi pour la jeune entreprise constituée d’un noyau de huit personnes est de trouver du financement qui lui permettra d’embaucher davantage pour produire plus. Heureusement, elle a déjà reçu l’appui de différentes organisations, comme le Centre d’entrepreneuriat de l’Université de Montréal qui, en plus d’avoir fourni un soutien financier, lui a permis de bénéficier des conseils de Cédric Duvivier. «Il nous a vraiment aidés à développer nos avantages concurrentiels», mentionne Simon Dufour Préfontaine, qui a comme associé Simon Roberge, diplômé de Polytechnique Montréal en génie mécanique. Les gouvernements provincial et fédéral soutiennent aussi, par des subventions, l’entreprise, qui possède des brevets sur ses technologies. La Banque de développement du Canada et PME Mtl ont également donné de bons coups de pouce à Novagrow.

«Nous finalisons actuellement nos commandes et en avril ou en mai, précise le cofondateur, nous aurons des unités prêtes à être livrées!» 

BocoBoco: faire l’épicerie sans déchet et sans perte en quelques clics

C’est après avoir trimballé son attirail de bocaux d’une épicerie zéro déchet à une autre aux quatre coins de la ville pour tenter de trouver ce dont elle avait besoin – et y avoir pratiquement passé la journée! – que Lauren Rochat a eu l’idée de lancer BocoBoco. Cette épicerie en ligne est zéro déchet, zéro perte, le plus possible biologique et locale.

En étant en ligne, l’entreprise n’a pas besoin d’avoir pignon sur rue et moins d’employés sont nécessaires, ce qui permet d’avoir des prix concurrentiels. Aussi, les stocks sont gérés stratégiquement.

«Les clients ont jusqu’au mardi à minuit pour commander, explique l’entrepreneuse. Le mercredi matin, nous envoyons les quantités exactes à nos fournisseurs de fruits, légumes, prêts-à-manger, pains et pâtisseries. Nous recevons les produits le jeudi matin et nous les livrons en après-midi dans nos contenants consignés.»

La livraison des commandes se fait à vélo, par Communauto ou en Prius hybride, de Verdun à Hochelaga-Maisonneuve en passant par Ahuntsic. Il est aussi possible de passer chercher son épicerie au local de BocoBoco, situé dans le Mile End, et des points de cueillette s’ajouteront prochainement.

BocoBoco en était à peine à l’étape du plan d’affaires qu’elle se voyait déjà récompensée: bourse Montréal inc. en 2018, premier prix du concours Zéro déchet de la Ville de Montréal en 2019, prix Novae pour les projets innovants avec une grande portée sociale et bourse d’honneur du gouvernement du Québec en 2020.

Si au départ BocoBoco devait convaincre les gens de faire leur épicerie en ligne, tous ont voulu s’y mettre au début de la pandémie. «Notre site est passé de 40 produits en 2019 à plus de 750 aujourd’hui», raconte Lauren Rochat, titulaire d’une maîtrise en géographie de l’UdeM.

Son conjoint, Guillaume Sirois, lui donne un grand coup de main et ils ont maintenant trois employés.

Avec leur forte croissance, leur local de 135 m2 de la rue Casgrain est rendu beaucoup trop petit. «Nous en cherchons un trois fois plus grand, précise la jeune femme. Nous voulons aussi améliorer notre site Web et la logistique pour offrir une meilleure expérience client. Pour réaliser tous ces projets, nous sommes à la recherche de financement.»

E2-Sport: les vélos électriques, ce n’est pas pour les paresseux!

Les vélos électriques, c’est pour les paresseux, les aînés ou les personnes handicapées. C’est, en général, ce que pensaient les gens en 2017, lorsque Francis Marier et Laurent-Philippe Beaudoin, diplômés en design industriel de l’UdeM, ont ouvert dans le quartier Griffintown, à Montréal, la boutique de vélos électriques E2-Sport.

«L’avantage du vélo électrique, c’est qu’il permet d’aller à son rythme, de faire disparaître l’écart de force, dit Francis Marier. Ainsi, un ami ou un parent qui fait peu de vélo peut être capable de suivre un passionné qui parcourt plus de 3000 km par année.»

Tranquillement, les deux entrepreneurs ont convaincu de plus en plus de gens d’adopter le vélo électrique. Et il y en a pour tous les goûts: vélos de montagne, de route et hybrides. Résultat? Les ventes de l’entreprise ont augmenté de 500 % depuis la première année d’activité.

Puis, même s’ils croient toujours en la force du bon vieux service à la clientèle, ils ont fait prendre à E2-Sport le virage du commerce électronique un an et demi avant le début de la pandémie. «C’est pratique pour les gens qui sont loin de Montréal et c’est bon pour notre notoriété.»

Les entrepreneurs ont aussi été habitués dès leur première année en affaires à gérer un approvisionnement difficile. «Le Canada est un petit marché et nos fournisseurs réservent souvent des volumes de matériel pour les grands marchés, comme celui de l’Europe, signale Francis Marier. Nous commandions déjà toujours plus que ce que nous pensions avoir besoin, alors nous n’avons pas été en rupture de stock lorsque la demande a augmenté pendant la pandémie.»

L’entreprise continue ainsi sa croissance. Le lieu de vente a plus que doublé récemment pour s’étendre sur deux étages. Les deux fondateurs ont cependant toujours en tête le rêve qu’ils caressaient en ouvrant leur boutique après leurs études universitaires: un jour, lorsqu’ils connaîtront mieux le marché, ils fabriqueront leurs propres vélos électriques.