Un détecteur de drogue rapide, portatif et numérique issu de la bionanotechnologie

Alexis Vallée-Bélisle

Alexis Vallée-Bélisle

Crédit : Amélie Philibert

En 5 secondes

Le professeur du Département de chimie de l’UdeM Alexis Vallée-Bélisle et son équipe ont reçu 500 000 $ pour concevoir un test rapide afin de détecter la présence de drogue dans la salive ou le sang.

Détecteur de drogue permettant d'effectuer un test rapide à partir de la salive ou du sang.

Crédit : Alexis Vallée-Bélisle

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en bio-ingénierie et bionanotechnologie de l’Université de Montréal, le professeur du Département de chimie de l’UdeM Alexis Vallée-Bélisle se spécialise dans la création de technologies médicales à base d’ADN.

C’est par le biais d’un programme créé par le ministère de l'Économie et de l'Innovation du Québec et Axelys – organisme gouvernemental dont la mission est d’accélérer la mise au point et le transfert d’innovations à haut potentiel issues de la recherche publique – que le chercheur a obtenu cette importante subvention, qui lui servira à faire sortir sa découverte de son laboratoire.

Alexis Vallée-Bélisle s’est entretenu avec nous de ce projet, qui bénéficie aussi d’un partenariat avec la compagnie Anasens, jeune pousse dont il est l’un des cofondateurs.

Sur quelle technologie travaillez-vous en partenariat avec Axelys et Anasens?

L’équipe de recherche que je dirige travaille actuellement sur un biocapteur à base d’ADN pour la détection de drogue. On parle de drogues légales, comme le cannabis, mais aussi de drogues illicites comme les opiacés, la cocaïne, les amphétamines et méthamphétamines. C’est une technologie qui permet la détection de ces drogues, de façon quantitative, en deux minutes environ.

À l'usage de qui est destiné votre détecteur de drogue?

Le détecteur de drogue est destiné à l’usage de tous ceux qui désirent établir une certaine zone de sécurité autour de la consommation de drogue, qu’on pense aux corps policiers qui contrôlent les conducteurs avec les facultés affaiblies, au personnel soignant dans les hôpitaux qui a besoin de connaître rapidement les concentrations de drogue dans le sang de patients venant d’arriver à l’urgence ou à quelqu’un à la maison qui veut surveiller sa propre consommation. Dans un premier temps, l’appareil servira aux milieux de la sécurité publique et de la santé, mais nous souhaitons aussi le rendre accessible à un public élargi ultérieurement.

Comment le détecteur fonctionne-t-il?

C’est un détecteur qui s’inspire d’un appareil simple et peu coûteux: le glucomètre, que les diabétiques emploient pour connaître leur taux de sucre. Nous avons adapté ce dispositif, auquel nous avons ajouté une technologie de détection à base d’ADN.

Pour résumer simplement, nous utilisons la formation de doubles hélices d’ADN pour détecter la présence de drogue et la mesurer. Quand sont déposées sur notre dispositif une ou deux gouttes de salive ou de sang d’une personne qui vient de consommer, la présence de drogue entraîne la formation de doubles hélices d’ADN, qui déclenche alors un courant électrique. C’est une simple réaction en chaîne: plus la concentration de drogue est élevée, plus la formation de doubles hélices d’ADN augmente et, conséquemment, la force du courant électrique s’accentue. La variation de la force du courant électrique nous permet donc d’avoir une mesure précise de la quantité de drogue dans un échantillon de salive ou de sang.

Quel est l’avantage de votre détecteur par rapport à ceux actuellement sur le marché dans certains pays?

C’est sa simplicité d’utilisation, qui résulte de ses trois qualités principales: rapide, numérique et mobile. Notre appareil est en effet capable de numériser le signal électrique produit lorsqu’il détecte la présence de drogue, et ce, de façon beaucoup plus rapide que le font des appareils existants.

Les appareils qui sont actuellement sur le marché ressemblent beaucoup aux tests de détection de la COVID-19. Il faut faire plusieurs manipulations et l’on doit attendre de 10 à 12 minutes pour avoir les résultats, qui sont visuels – positifs ou négatifs –, mais pas quantitatifs. À l’inverse, notre détecteur est un appareil numérique. Ça prend environ 2 minutes pour obtenir le résultat, qui est transféré automatiquement à une tablette ou un téléphone intelligent. C’est donc une technologie qui simplifie énormément les choses pour ses utilisateurs.

Votre technologie semble déjà au point. À quoi servira la subvention que vous venez de recevoir?

Oui, nous pouvons affirmer que les bases scientifiques de notre technologie sont solides, puisque nous avons démontré qu’elle fonctionne très bien en laboratoire. La subvention que nous venons de recevoir va nous permettre de créer le prototype qui pourra être testé sur le terrain. C’est l’une des étapes que les budgets de recherche traditionnels ne couvrent pas. C’est là toute l’importance de ce nouveau type de subvention créé par le gouvernement et Axelys, qui permet aux découvertes de sortir des laboratoires universitaires pour participer à l’essor de la société en améliorant la santé mondiale et notre vie quotidienne!

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