Les arts et les sciences se rencontrent à la Station de biologie des Laurentides
- UdeMNouvelles
Le 13 juillet 2022
- Béatrice St-Cyr-Leroux
Pendant une semaine, quatre artistes ont eu l’occasion de côtoyer les chercheuses et les chercheurs de cette station de recherche relevant du Département de sciences biologiques de l’UdeM.
Échanges, partages, découvertes, nature et soleil radieux: voilà quelques mots qui résument la semaine des quatre artistes ayant séjourné à la Station de biologie des Laurentides (SBL) du 4 au 8 juillet.
Territoire protégé pour sa biodiversité et destiné à une vocation éducative, la SBL est devenue, le temps d’un premier séjour, le centre des explorations et des investigations des artistes Félix Bernier, Laure Bourgault, Diane Morin et Ana Rewakowicz, sélectionnés à la suite d’un appel de candidatures destiné aux professionnels des arts visuels, des arts numériques et des métiers d’art.
Cette résidence est le fruit d’une collaboration inédite entre le Centre d’exposition de l’Université de Montréal (CEUM), le Musée d’art contemporain des Laurentides (MAC LAU) et la SBL, ayant pour but de «créer des ponts entre les disciplines et de générer un bouillon d’idées», souligne Laurent Piché-Vernet, directeur du CEUM.
Au terme de ce processus de recherche-création seront réalisées deux expositions au CEUM et au MAC LAU à l’automne 2023. «Le but est de reproduire la Station de biologie des Laurentides dans un nouvel espace-temps et de la transformer en matériaux», précise Anne-Marie Belley, commissaire mandatée pour ce projet de résidences et d’expositions.
Rencontres et réflexions
Pendant ces cinq jours, les quatre artistes se sont promenés sur le territoire forestier et aquatique de la SBL à la rencontre des chercheuses et des chercheurs qui y résident pour étudier une variété de sujets liés à la biologie et à la géographie.
Ils ont pu rencontrer plusieurs étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs du Département de sciences biologiques de l’UdeM, notamment Charlie Sarran (supervisé par le professeur Éric Harvey) qui s’intéresse aux conséquences de l’arrivée de matières animales et végétales sur le fonctionnement des écosystèmes aquatiques, Myriam Cloutier (supervisée par le professeur Étienne Laliberté) qui développe un modèle d’apprentissage profond pour identifier les espèces d’arbres à partir d’images prises par drone, et Ariane Côté (supervisée par la professeure Sandra Ann Binning) qui étudie l’influence des infections parasitaires sur la formation des bancs de crapets-soleils.
Au contact de ces chercheuses et de ces chercheurs, les artistes en ont appris davantage sur la construction des savoirs et les enjeux du territoire en matière d’objets d’études scientifiques. Certaines idées artistiques ont émergé, mais comme cette résidence était la toute première phase d’un long processus, les artistes étaient surtout sur place pour s’immerger, absorber et explorer.
Félix Bernier, qui s’intéresse aux interrelations entre espace physique et virtuel, a été particulièrement attiré par le projet de Charlie Sarran qui laisse beaucoup de place à la variabilité. «Je songe à créer un environnement sonore avec cette variabilité, à ajouter du chaos aux données abstraites», dit-il.
Pour sa part, Laure Bourgault entrevoit la réalisation d’un documentaire expérimental à partir des gestes effectués par les chercheuses et chercheurs et de nombreuses archives trouvées dans la bibliothèque de la SBL.
Quant à Diane Morin et à Ana Rewakowicz, elles souhaitent prendre un peu de recul pour réfléchir à leurs observations, à leurs discussions et à leurs perceptions.
Art et science, main dans la main
Lors de leur séjour à la SBL, les artistes ont constaté, parfois avec étonnement, les similarités entre les milieux artistique et scientifique.
Ana Rewakowicz a observé que les deux groupes suivent des protocoles rigoureux pour réaliser leur travail, alors que Laure Bourgault a réalisé que les artistes comme les scientifiques prêtent une attention particulière au monde qui les entoure. Diane Morin a ajouté que «les scientifiques fabriquent toutes sortes de dispositifs et d’outils pour faire advenir les phénomènes qu’ils observent, comme nous, les artistes».
Non seulement un tel projet collaboratif ouvre le dialogue entre artistes et scientifiques, mais il leur permet de trouver un langage commun.