Quatre diplômées de l’UdeM remportent des bourses pour créer des opéras

De gauche à droite: Analia Llugdar, Alejandra Odgers, Nicole O’Bomsawin et Danaë Ménard-Bélanger.

De gauche à droite: Analia Llugdar, Alejandra Odgers, Nicole O’Bomsawin et Danaë Ménard-Bélanger.

Crédit : Musique 3 femmes

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Quatre diplômées de l’UdeM sont lauréates du prestigieux Mécénat Musica Prix 3 Femmes, qui leur permettra de créer un opéra.

Le 14 septembre, Musique 3 Femmes de Montréal et l’Ensemble vocal Arts-Québec ont décerné le Mécénat Musica Prix 3 Femmes 2022 à des équipes canadiennes de compositrices et librettistes. Ce prix prestigieux vise à encourager la relève.

Les lauréates de trois catégories sur quatre sont diplômées de l’Université de Montréal: la compositrice Analia Llugdar (Faculté de musique) dans la catégorie Œuvre en français; la compositrice Alejandra Odgers (Faculté de musique) et la librettiste Nicole O’Bomsawin (Département d’anthropologie) dans la catégorie Œuvre autochtone; et Danaë Ménard-Bélanger (Faculté de musique), chargée de cours en composition à la faculté, dans la catégorie Œuvre en français – prix Encouragement.

Les gagnantes reçoivent une bourse de 50 000 $ et bénéficient d’une formule de mentorat musical et dramaturgique de la célèbre compositrice et dramaturge Luna Pearl Woolf. Leurs œuvres seront représentées en 2024.

Un prix pour encourager les compositrices

«Dans mes cours de composition musicale au Mexique, j’étais la seule femme. Parfois, on était deux. Quand je suis venue étudier à l’Université de Montréal au début des années 2000, il y avait également très peu de femmes. Heureusement, les choses évoluent: l’Orchestre métropolitain de Montréal a mis en lumière des compositrices, l’UdeM a engagé des musiciennes comme la compositrice Ana Sokolović et des prix comme celui-ci permettent de favoriser la création chez les femmes», affirme Alejandra Odgers.

Une évolution: c’est ce que confirme également la jeune chargée de cours en composition musicale à la Faculté de musique de l’Université Danaë Ménard-Bélanger. Engagée depuis peu par l’UdeM et finissante de la maîtrise en musique, elle se souvient que ses cours comptaient principalement des hommes: «Une énorme différence par rapport aux cours de chant d’opéra, très majoritairement féminins.»

Les œuvres jouées sont surtout celles écrites par des hommes. «En France, où j’habite présentement, pour un concert où six œuvres sont au programme, cinq auront été composées par des hommes. Et souvent les créations des femmes sont les plus abouties, car ces musiciennes ont dû se battre pour que leurs pièces soient interprétées. Un prix comme celui-ci offre l’occasion d’entendre plus de compositrices», déclare Analia Llugdar.

Composer un opéra à plusieurs mains

C’est durant ses études à l’Université de Montréal qu’Alejandra Odgers a rencontré l’anthropologue abénaquise Nicole O’Bomsawin. Cette dernière a partagé avec elle des légendes et des chants abénaquis que l’étudiante a mis en musique dans le cadre de son doctorat. Il en a découlé une œuvre composée grâce au premier prix du Concours de composition de l’Orchestre de l’Université de Montréal et qui sera de nouveau interprétée, cette fois-ci à la Maison symphonique de Montréal. Ensemble, la doctorante et l’anthropologue vont explorer trois légendes pour concevoir un opéra. L’une d’entre elles, l’histoire de la création, raconte comment le monde a été créé grâce à la musique.

Danaë Ménard-Bélanger va quant à elle composer un opéra avec sa sœur Maïa. Elle va se charger de la musique et sa sœur va écrire le texte. «Notre manière de travailler est assez organique. Nous faisons de nombreux allers-retours entre le texte et la musique», mentionne-t-elle.

Quant à Analia Llugdar, elle va mettre en musique le texte poétique La danse du figuier, d’Emné Nasereddine, qui évoque les liens brisés par la guerre au Liban de trois générations de femmes. «Chaque mot est un bijou. Chaque mot a sa force. Je ne vais changer aucun d’entre eux. Pour transformer ce texte en opéra de chambre en respectant la trame narrative, je vais travailler main dans la main avec l’auteure», affirme-t-elle.

À propos de Danaë Ménard-Bélanger

Danaë Ménard-Bélanger est une compositrice québécoise qui s’inspire de l’univers symbolique des arts narratifs et visuels. Ses œuvres dépeignent de riches univers émotionnels par des jeux de timbre, de temps et de grands gestes musicaux. La maîtrise qu’elle terminera prochainement explore le silence, le statisme et le manque. Son début de carrière est marqué par sa passion pour la voix humaine. Sa fascination pour le paralangage est à la source de sa recherche universitaire et de ses compositions. Depuis 2022, elle est directrice adjointe de l’ensemble vocal Kô et entamera un doctorat sur les berceuses à l’Université de Montréal cet automne.

À propos d’Analia Llugdar

Analia Llugdar est une compositrice canado-argentine qui habite actuellement en France. Son catalogue comprend quelque 60 œuvres pour voix, orchestre, musique de chambre, instrument solo, ballet, opéra et musique mixte. Des créations qui donnent à entendre rudesse, âpreté et finesse. Son ballet Juana a été créé dans le cadre du Monaco Dance Forum.

Parmi les distinctions qu’elle a reçues figurent le prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton, du Conseil des arts du Canada; le prix Opus du compositeur de l’année 2008-2009, du Conseil québécois de la musique; et le prix Jules-Léger 2008.

À propos d’Alejandra Odgers et de Nicole O’Bomsawin

Compositrice mexicano-canadienne, Alejandra Odgers a étudié au Mexique et au Canada. Ce parcours lui a donné des outils pour créer une musique expressive et directe qui tire ses inspirations de différentes sources. Alejandra Odgers a composé plus d’une cinquantaine d’œuvres qui ont été interprétées par divers ensembles et une douzaine d’orchestres. Notamment, l’Orchestre métropolitain de Montréal lui a commandé une pièce dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal et une autre pour l’ouverture d’Espace 67. Cette dernière a été créée sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Alejandra Odgers a gagné des premiers prix de concours de composition au Mexique et au Québec.

Anthropologue abénaquise, Nicole O’Bomsawin a étudié en anthropologie à l’Université de Montréal. Depuis près de 50 ans, elle travaille à faire connaître la richesse de sa culture traditionnelle. D’abord par la danse, alors qu’elle a voyagé avec sa troupe au Canada, aux États-Unis et en Europe, et ensuite par les contes et légendes. Elle a obtenu plusieurs prix et distinctions pour son engagement dans la promotion des cultures des Premières Nations.

À propos de Musique 3 Femmes

Fondé en 2018, Musique 3 Femmes (M3F) est un organisme à but non lucratif qui encourage la prochaine génération de créatrices canadiennes et non binaires. Sous la gouverne des artistes Kristin Hoff et Jennifer Szeto, M3F va présenter deux opéras en première mondiale canadienne ce mois-ci à Berlin avec ufaFabrik (opéras d’Anna Pidgorna et de Laurence Jobidon) ainsi qu’un premier opéra long métrage en 2023, coproduction de Keiko Devaux et de l’Ensemble Paramirabo (finaliste aux prix Juno en 2020).

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