«L’homme aux chats», par Michèle Ouimet

En 5 secondes

Incursion dans l'univers sordide d’un tueur en série avec ce polar noir qu’on n’arrive pas à lâcher.

Dans une ruelle de Montréal, une femme gît au sol à côté d’un chat éventré. Elle est nue. Le corps lacéré. On l’a sauvagement assassinée. C’est la quatrième qu’on découvre. L’enquête piétine. Et le patron de la journaliste Marie Pinelli l’envoie au front: il veut une exclusivité. Prête à risquer jusqu’à sa propre vie, elle fera tout en son pouvoir pour l’obtenir. Nous la suivrons alors à la trace et la journaliste Michèle Ouimet nous emmène dans les dédales d’une salle de presse survoltée. Elle nous entraîne aussi, avec une écriture lapidaire, dans l'univers sordide d’un tueur en série. Un polar noir qu’on n’arrive pas à lâcher.

Vous vouliez écrire quelque chose de très sombre dès le début?

Oui; je voulais être dans la tête d’un psychopathe. Mais je souhaitais également qu’il y ait des moments plus drôles et légers. Mon idée de départ était, sans avoir l’air trop prétentieuse, de sonder l'âme d'un psychopathe!

Comment faire pour sonder l’âme d’un psychopathe? Vous vous êtes préalablement renseignée sur les tueurs en série?

Ma première démarche a été d'envoyer des lettres personnelles à neuf grands meurtriers emprisonnés au Canada en passant par Service correctionnel Canada: Robert Pickton, accusé d’avoir assassiné plus de 20 prostituées, Paul Bernardo, qui est pour moi l’archétype du psychopathe, mais également Russel Williams, Luka Rocco Magnotta, Agostino Ferreira…

J’ai expliqué à chacun ma démarche: je suis journaliste, mais c'est en tant qu’autrice que je vous sollicite parce que je veux écrire un livre sur un tueur en série et j'aimerais en savoir plus. Tous ont refusé.

Je me suis alors tournée vers le Dr Jocelyn Aubut, psychiatre et ancien directeur de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel. Il a accepté de répondre longuement à mes questions en entrevue pour m’aider à tracer le portrait de mon psychopathe, ses principaux traits de caractère, son manque d’empathie. J’ai de plus rencontré un profileur, un psychologue judiciaire, un polygraphiste…

Vous avez fait un vrai travail d’enquête préalable comme journaliste…

Oui, je voulais qu’on croie à mon histoire, que la trame soit exacte. Pour moi, c’était particulièrement important de faire de la recherche. Ma formation de journaliste m’a permis d’effectuer des recherches sur le terrain.

Le chef de police de la Ville de Longueuil a très gentiment accepté que je passe deux semaines avec son équipe. J’ai eu carte blanche pour observer comment se déroulaient des enquêtes et voir le quotidien du travail des policiers. J’ai pu écouter ce qui se disait autour de la table à café le matin, ce que les policiers pensaient des journalistes. Ç’a vraiment été révélateur, sinon j’aurais commis des erreurs. J’ai également découvert qu’il y avait beaucoup plus de femmes dans le milieu de la police que ce que j’imaginais!

Puis cela a été mis de côté et j’ai commencé mon travail de romancière.

Est-ce que cette journaliste et cette salle de rédaction sont inspirées de votre expérience?

La journaliste n’est pas moi!

Et la salle de rédaction n’est pas celle de La Presse!

Cela dit, j’ai fréquenté le milieu des journalistes pendant plus de 35 ans et je me suis beaucoup inspirée de ce qu’on m’a raconté ainsi que d’autres salles de rédaction où j’ai pu travailler. J'ai pris certains travers que j'ai exploités pour cette œuvre, qui n'est pas de l'autofiction, mais de la fiction!

En savoir plus

L’homme aux chats
Michèle Ouimet
Histoire, 1976
Boréal, 2021
252 pages

Sur le même sujet

livres diplômés littérature