L’IA peut-elle rendre les villes plus durables?

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Des professeurs de l’UdeM ont participé à la rédaction d’un livre blanc sur les façons dont les systèmes d’IA pourraient soutenir le développement de villes socialement et écologiquement durables.

Shin Koseki

Shin Koseki

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Un livre blanc collaboratif sur les possibilités et les risques de l’intelligence artificielle (IA) dans un contexte de développement urbain durable vient d’être publié par Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, et ONU-Habitat, le programme des Nations unies chargé de promouvoir l’urbanisation durable.

Cet ouvrage vise à s’assurer que l’implantation de technologies issues de l’IA en milieu urbain se fera de façon à réduire les risques pour les individus et l’environnement tout en maximisant les avantages potentiels pour les populations.

Rassemblant observations et recommandations destinées aux municipalités et aux gouvernements, mais aussi aux praticiens en urbanisme et aux équipes techniques, ce livre blanc est le fruit d’un projet mené par plusieurs membres de Mila et de l’Université de Montréal, notamment Shin Koseki, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, Jean-Louis Denis, professeur à l’École de santé publique, et Catherine Régis, professeure à la Faculté de droit.

Un vaste potentiel pour les villes…

Le document couvre les applications urbaines de l’IA dans sept secteurs: l’énergie, la mobilité, la sécurité publique, la gestion de l’eau et des déchets, les soins de santé, l’urbanisme et la gouvernance urbaine.

On y apprend par exemple que l’IA peut:

  • Accélérer la transition vers une société à faibles émissions de carbone en prévoyant l’approvisionnement en énergie à partir de sources variables comme le vent et le soleil et en déterminant les quantités d’énergie ainsi produites.
  • Prédire la demande relative aux systèmes de covoiturage.
  • Faire progresser l’adoption des véhicules électriques en prédisant l’état de la batterie, sa dégradation et sa durée de vie restante.
  • Analyser les données météorologiques pour prédire les risques d’inondation et aider les personnes qui achètent une assurance ou une maison.
  • Optimiser le trafic automobile et la circulation des piétons.
  • Détecter les contaminants toxiques pour améliorer les systèmes de gestion des déchets.
  • Créer des systèmes de surveillance de la santé à distance (fréquence cardiaque, température corporelle, pression sanguine, etc.) pour faire des interventions en temps réel.

… qui vient avec des bémols

«L’intelligence artificielle est un outil au potentiel énorme pour favoriser le développement durable urbain, mais elle est accompagnée d’enjeux importants quant aux droits de la personne, croit Shin Koseki, titulaire de la Chaire UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal. Le livre blanc offre donc des conseils pour évaluer où et à qui l’IA apporte une valeur ajoutée centrée sur les individus et déterminer si son utilisation est appropriée dans un contexte donné.»  

Soucieux de ne laisser aucun angle mort, les auteurs du livre blanc ont ainsi bien pris soin de faire une analyse des risques pour chacune des propositions. Les inconvénients se déclinent alors sous tout autant de coutures: iniquité, biais, remplacement des ressources humaines par des systèmes automatiques, violation de la confidentialité, désalignement des données avec la réalité, répression politique, etc.

«Les risques existent à toutes les étapes de l’implantation des technologies, mais particulièrement lors du choix des données qui servent à entraîner les algorithmes. Pour éviter les biais, j’insiste sur l’importance d’avoir des équipes compétentes et sensibles aux enjeux de diversité et dont les membres possèdent une variété de connaissances techniques, de parcours et d’expériences», affirme Shin Koseki.

Le livre blanc collaboratif AI & Cities: Risks, Applications and Governance est accessible gratuitement en ligne.