«La chauve-souris»: une oeuvre désopilante revisitée

En 5 secondes

Du 23 au 26 février, l’Atelier d’opéra et l’OUM présenteront «La chauve-souris», de Johann Strauss fils, sous la direction de Jean-François Rivest, dans une mise en scène de François Racine.

Dès que l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) attaquera les premières notes de Die Fledermaus (La chauve-souris), ne vous attendez pas à voir sur scène d’inoffensifs petits mammifères volants, car malgré son titre équivoque, l’œuvre de Johann Strauss fils ne s’intéresse pas aux chiroptères, mais au genre humain, plus particulièrement à celui qui composait la bourgeoisie quelque peu décadente de la Vienne des années 1870. 

Avec cette opérette en trois actes, Strauss fils signe un véritable chef-d’œuvre. Il réunit avec ingéniosité les ingrédients essentiels à une intrigue bien ficelée: tromperies, quiproquos, vengeance, rebondissements, le tout accompagné d’un brin de frivolité, d’une bonne dose d’humour et d’un zeste de dérision. La musique, élégante, grisante, s’élève en un irrésistible tourbillon de valses, de polkas et de mazurkas. Toutefois, tout en étourdissant le public à force d’airs enlevés et de danses affriolantes, le compositeur fait adroitement, en contrepoint, une critique mordante des mœurs libertines et des attentes démesurées d’une bourgeoisie désenchantée.

Une expérience hautement formatrice

Musique, chant, mise en scène, chorégraphie, décors, éclairage, accessoires, costumes: tout cela représente un véritable travail de collaboration entre divers corps de métiers. Les idées sont échangées, elles fructifient pour converger vers une vision cohérente et originale de l’œuvre qui donne naissance à un spectacle abouti dans lequel les responsabilités sont partagées. 

Bien que François Racine ait plusieurs fois mis en scène La chauve-souris, chaque nouvelle représentation constitue un réel défi. Plusieurs facteurs ont une incidence sur le travail à accomplir tels que le temps de répétition alloué, la formation des chanteuses et chanteurs, le texte parlé et le fait que la comédie est plus difficile à jouer que la tragédie.  

Pour les étudiantes et les étudiants en musique, présenter une opérette, c’est s’engager dans une expérience très formatrice, dans des conditions proches du milieu professionnel. La plupart des chanteurs et des chanteuses ont l’habitude de travailler avec le metteur en scène, puisqu’ils suivent le cours de jeu scénique qu’il donne à la Faculté de musique de l’UdeM. De ce fait, leur participation à l’opérette est l’occasion de mettre en pratique le savoir théorique acquis.  

Afin d’encourager les jeunes artistes à exprimer leur créativité et à démontrer leur talent, François Racine a opté pour une mise en scène énergique, avec beaucoup de déplacements, de chorégraphies et un jeu inspiré de celui de la commedia dell’arte. Ayant des rôles très physiques, les interprètes oublient plus facilement les contraintes liées à la technique vocale et ils font preuve de plus de spontanéité. Le metteur en scène a également décidé de fournir, tant aux solistes qu’à chaque choriste, une occasion d’être à l’avant-scène au cours de la représentation. Autant d’initiatives qui bonifient l’expérience pédagogique tout en renforçant la participation des interprètes dans le spectacle.  

Raconter une histoire et la montrer

Chaque metteur en scène narre sa propre histoire à partir de l’œuvre présentée. Sans modifier l’intrigue, François Racine a récrit les dialogues de l’opérette afin qu’ils soient parfaitement adaptés à sa mise en scène et qu’ils fassent avancer l’action. 

L’histoire qu’il raconte se situe, au premier acte, dans le monde assez fermé de la petite bourgeoisie des années 1900. Dans le deuxième acte, on pénètre dans un univers dadaïste, comme il en existait à Paris ou à New York autour de 1920, et le bal viennois d’origine prend les apparences d’une fête techno. Ce monde de luxe et d’excentricité rend encore plus criante la différence avec l’ambiance du troisième acte, qui se déroule dans une prison. Paradoxalement, c’est dans ce lieu austère, voire lugubre, où règne l’obscurité que la comédie atteint des sommets. 

Si vous souhaitez échapper au spleen hivernal, rendez-vous à la Faculté de musique de l’Université de Montréal du 23 au 26 février afin de découvrir les aventures rocambolesques d’une bande de joyeux fêtards au son d’une musique pétillante comme du champagne!  

Johann Strauss fils, «Die Fledermaus» («La chauve-souris»)

Opérette en trois actes sur un livret de Karl Haffner et Richard Genée 

Les jeudi 23, vendredi 24 et samedi 25 février à 19 h 30 et le dimanche 26 février à 14 h 

Salle Claude-Champagne 

Billets: 37 $ (public) | 22 $ (tarif étudiant)

 

Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) et Atelier d’opéra  

Jean-François Rivest, direction de l'OUM 

Richard Margison, direction de l’Atelier d’opéra 

François Racine, mise en scène 

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