Rosemarie Landry reçoit le Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle
- UdeMNouvelles
Le 27 février 2023
- Christine Fortier
La soprano Rosemarie Landry a chanté dans le monde entier en récital, en concert et à l’opéra avant d’enseigner le chant classique à la Faculté de musique de l’UdeM.
Née en 1946 à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, Rosemarie Landry est professeure titulaire à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Son talent et ses réalisations ont été reconnus plusieurs fois depuis les années 1980. Elle est membre de l’Ordre du Canada, chevalière de l’Ordre des arts et des lettres en France et de l’Ordre de la Pléiade. Elle a reçu de nombreux prix, dont les prix d’excellence du Conseil des arts du Nouveau-Brunswick et de l’Alliance française de Toronto, de même que le Ruby Award d’Opera Canada. Elle est cette année lauréate du Prix du Gouverneur général pour les arts du spectacle.
Tout d’abord, félicitations!
Merci! Je suis extrêmement contente, émue et tous les qualificatifs qu'on peut donner. Ce prix me touche beaucoup parce que ce sont mes pairs à travers le Canada qui faisaient partie du jury et qui m'ont choisie. Et il rayonne sur l'UdeM. C’est la deuxième fois seulement qu’il est donné à quelqu'un de l’Université. Le premier avait été remis au compositeur Jean Papineau-Couture en 1994. Il était doyen de la Faculté de musique quand j'étais étudiante.
Que représente-t-il à vos yeux?
Premièrement, je ne m'y attendais pas! Il y a tellement de musiciens au Canada qui le méritent. Je pense entre autres à mon collègue Richard Margison, qui a une carrière immense dans le monde de l'opéra. Il ne faut pas oublier que ce prix est pour l'ensemble de tout ce que j'ai aimé faire. J'ai chanté parce que c'était ce que j'aimais le plus au monde. Toute ma vie, j'ai aussi fait la promotion de la langue française et cela, comme Acadienne, c'est extrêmement important.
Cela fait 26 ans que vous enseignez à l'UdeM. Qu'est-ce qui vous motive à continuer?
Si vous venez à la Faculté de musique, peu importe où vous vous trouvez, dans un corridor, dans un studio, vous entendrez de la musique du matin au soir. Je continue de vivre dans la musique et par la musique. C'est un prolongement de ma jeune carrière de chanteuse.
Vous avez marqué le secteur chant de la Faculté de musique de l'UdeM depuis 1997, en contribuant notamment à la hausse des inscriptions. Vous doutiez-vous des défis qui vous attendaient en changeant de carrière?
Disons que oui. Je savais que ce serait un travail immense. Il y a 25 ans, c’était une époque de changements avec de vrais visionnaires. Je pense entre autres à la doyenne d’alors, Marie-Thérèse Lefebvre, à son successeur, Réjean Poirier, et au recteur Robert Lacroix, qui m’avait beaucoup encouragée. Un orchestre avait été formé et, quand on a un orchestre, on fait de l'opéra et il faut un secteur chant pour former des chanteurs. J'ai participé aux changements et j'ai été au bon endroit au bon moment, mais je n'ai pas fait cela seule.
Dans un article d’«Opera Canada» de 2014, vous racontez qu’un de vos mentors, le pianiste Dalton Baldwin, vous a dit qu'un jour vous devriez redonner en enseignant. Quels apprentissages un professeur doit-il favoriser?
C'est toute une question que vous me posez! D'abord, il faut transmettre ce qu'on a appris et, en ce qui concerne le chant classique, ce n'est pas scientifique. Chaque corps est différent et réagit différemment, chaque personne a sa compréhension d'un mot, d’une consigne. Il faut d'abord établir la confiance avec l'étudiant ou l’étudiante, car bâtir une voix, c'est long et complexe. Il y a aussi la tradition vocale, la tradition de la musique française, du bel canto, de la musique allemande, espagnole, anglaise. On doit chanter dans tellement de langues. On a ici des cours de diction lyrique absolument fantastiques au premier cycle. Encore là, ce n'est pas seulement une personne qui enseigne. C'est une équipe qui travaille avec un jeune qui veut se consacrer au chant, à la musique. Mon bagage d'artiste de scène, de chanteuse d'orchestre, d'opéra, de récital, je dois aider les étudiants à le comprendre, à le vivre parce que c'est leur rêve. C'est comme une plante qu'on cultive et qui tout d'un coup fait une fleur. On ne se doutait pas de sa couleur, il y a toujours des surprises. C'est extraordinaire de voir le jeune gagner en confiance, de le voir animé et enflammé sur scène. C’est ça, le rôle du professeur. C’est aussi celui de diriger ceux et celles qui, peut-être, feront des carrières connexes, des carrières rattachées à la musique.
La scène vous a-t-elle déjà manqué?
Tout le temps [rires]. La scène, c'est grisant. J'ai adoré ce que j'ai fait, j'ai adoré voyager, rencontrer le public. J'adorais être sur scène, alors cette énergie, je l'ai sans doute transférée à mon enseignement, car sinon, je serais tombée de haut. La transmission du savoir m'a toujours intéressée, c'est pour ça qu'on est à l'université. J'ai beaucoup reçu au cours de mes études universitaires et il vient un moment où il faut prendre plaisir à cette transmission de la tradition. L'année prochaine, je prends un congé sabbatique pour travailler à un projet de transmission de ce que les maîtres m’ont appris avec Sylvain Caron, un collègue musicologue à la faculté.