Soliste invitée à l’OUM, Yukari Cousineau troque le violon contre l’alto

Par UdeMNouvelles
En 5 secondes Le vendredi 5 décembre à 19 h 30, l’Orchestre de l’Université de Montréal, dirigé par Mathieu Lussier, présentera le concert «Dialogues en couleurs» mettant en vedette Yukari Cousineau.
Yukari Cousineau, soliste invitée à l’OUM

Fondé en 1993 par Jean-François Rivest, qui l’a dirigé jusqu’en 2023, l’Orchestre de l’Université de Montréal (OUM) a connu une année de transition marquée par une succession de chefs invités, avant que Mathieu Lussier en prenne les rênes. Le nouveau chef a notamment fait ses preuves à la direction artistique d’Arion Orchestre Baroque et du Domaine Forget.

Surtout connue en tant que violon solo à l’Orchestre Métropolitain (OM), poste qu’elle occupe depuis 2010, Yukari Cousineau est également (on le sait un peu moins) une altiste accomplie. Elle a d’ailleurs accepté de relever le défi que lui a proposé le directeur de l’OUM en interprétant le Concerto pour alto, de Paul Hindemith.

Défi multiple, puisqu’il s’agit pour elle d’une toute première occasion en carrière de jouer un concerto d’alto en concert; ensuite parce que l’œuvre choisie est fort exigeante sur le plan technique; et enfin parce qu’entre son rôle de premier plan à l’OM, ses engagements au sein de diverses formations de musique de chambre et sa tâche de professeure invitée à la Faculté de musique de l’UdeM, il lui faut trouver le temps!

«Quand Mathieu est venu me proposer ce projet, ma première réaction a été de me dire que ça n’avait aucun sens, confie Yukari Cousineau. J’étais déjà hyper occupée, en pleine session de travail avec l’OM, en plus de l’enseignement à la faculté… D’un autre côté, c’était la première fois – croyez-le ou non! – qu’on m’offrait l’occasion de jouer un concerto d’alto! Alors, même si c’était un peu fou, je me suis dit que ça ne se refusait pas!» 

 

Attractivité

Si cette collaboration avec Mathieu Lussier fait partie d’une longue série, puisque les deux musiciens ont eu l’occasion de se côtoyer à de nombreuses reprises au fil des ans dans une variété de projets musicaux, c’est en revanche la première fois que Yukari Cousineau partagera la scène avec l’OUM, un orchestre que la musicienne connaît surtout par l’attrait qu’il exerce sur les étudiantes et étudiants en musique, notamment les siens.

Une attractivité qui déborde d’ailleurs des frontières de l’UdeM… et même du Québec, a pu constater Yukari Cousineau. «Il y a quelques années, j’ai enseigné à un étudiant étranger, un Français, qui s’est inscrit à la faculté spécialement pour rejoindre les rangs de l’OUM! L’année précédente, il était venu rendre visite “en touriste” à un ami qui étudiait avec moi; à cette occasion, il avait assisté à une répétition de l’OUM et ça l’avait tellement emballé que, dès son retour en France, il a engagé les démarches pour revenir chez nous en tant qu’étudiant», se souvient-elle.

 

Alternance

Si le violon et l’alto sont proches parents – le regretté bédéiste Marcel Gottlib n’écrivait-il pas que ce «grand frère» du violon s’en «différencie […] principalement par le fait qu’il est presque pareil»? –, il demeure assez rare de voir un interprète professionnel maîtriser les deux instruments. 

C’était le cas de Jean Cousineau, le père de la musicienne et fondateur des Petits Violons, ensemble dont a longtemps fait partie sa fille, d’abord comme membre de l’orchestre, ensuite comme formatrice.

À l’âge de 11 ans, fascinée par la sonorité de l’alto, qu’elle rêve depuis longtemps d’essayer, Yukari Cousineau profite d’une répétition des Petits Violons pour s’emparer quelques minutes de l’instrument d’un camarade sorti prendre l’air à l’occasion d’une pause. Dès qu’elle le tient dans ses mains, c’est le coup de foudre. «Peu après, je me suis procuré mon premier instrument: un alto, même si c’est le violon que j’étudiais! raconte-t-elle. C’est que, des violons, mon père en possédait plusieurs, que je pouvais lui emprunter à loisir. Mais il avait un seul alto… qu’il gardait pour lui. Alors j’ai décidé qu’il m’en fallait un à moi!» 

Dès lors, tout en poursuivant ses études de violon, elle travaille passionnément l’alto en autodidacte, notamment au sein d’un trio qu’elle forme avec sa sœur violoniste et son frère violoncelliste.

«À l’université, poursuit-elle, j’étudiais le violon, mais je transportais toujours aussi mon alto. Dans nos ensembles de musique de chambre, il manquait souvent d’altistes, ce qui me donnait l’occasion de m’en servir. De sorte que, au début de ma carrière professionnelle, on faisait appel à peu près aussi souvent à l’altiste qu’à la violoniste.»

Puis Yukari Cousineau entre comme violoniste à l’Orchestre Métropolitain, où elle sera altiste pendant un peu plus de cinq ans avant de revenir au violon quand on lui offre le poste de violon solo en 2010. 

«Pendant ces quelques années, relate-t-elle, on me considérait surtout comme une altiste. Tellement qu’un jour une collègue m’a dit: “Ah bon, tu joues aussi du violon? Je ne le savais pas!” [Rires.] C’est fou comme la perception des gens peut basculer rapidement.» 

 

Éclectisme

Œuvre intense et singulière, ce concerto pour alto de Paul Hindemith s’intègre dans un programme qui se distingue par une audacieuse diversité, des points de vue tant des styles et des époques (de Mozart à Paul Dukas en passant par Brahms et Mendelssohn) que de l’instrumentation – du petit ensemble à cordes jusqu’à l’orchestre entier en passant par l’harmonie et la fanfare. Une soirée où l’on ne risque pas de s’ennuyer!

En savoir plus et réserver ses billets pour le concert Dialogues en couleurs le 5 décembre à la salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.

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