Les défis du monde de l’éducation, selon Ahlem Ammar, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation

Ahlem Ammar, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation à l'Université de Montréal

Ahlem Ammar, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation à l'Université de Montréal

Crédit : Amélie Philibert | Université de Montréal

En 5 secondes

Nommée doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation en juin dernier, Ahlem Ammar expose les défis auxquels font face la communauté facultaire ainsi que le monde de l’éducation en général.

Le 1er septembre 2022 est une date marquante dans le parcours d’Ahlem Ammar: elle est devenue doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) de l’Université de Montréal après y être entrée à titre de professeure adjointe du Département de didactique il y a 18 ans.

Ahlem Ammar connaît bien la FSE et les personnes qui la composent, tant son corps enseignant que son effectif étudiant. Avant de devenir doyenne, elle occupait la fonction de vice-doyenne au développement et à la formation continue depuis 2018, en plus d’avoir donné 13 cours depuis son embauche comme professeure en 2005. En 2014, Ahlem Ammar recevait d’ailleurs un prix d’excellence en enseignement remis par la faculté.

Deux ans plus tard, l’Université de Montréal lui décernait le Prix d’excellence en encadrement aux cycles supérieurs, elle qui – au fil de sa carrière – a dirigé plus de 25 étudiantes et étudiants de 2e et de 3e cycle, et pris part à près d’une centaine de jurys.

Sur le plan facultaire, Ahlem Ammar a notamment été responsable du programme d’enseignement du français langue seconde, coresponsable puis responsable des études aux cycles supérieurs.

Six mois après son entrée en poste, la doyenne de la faculté nous parle des défis du monde de l’éducation et de sa vision de l’avenir de la FSE.

Quels sont les principaux défis que doit relever la Faculté des sciences de l’éducation?

Ils sont nombreux et je me limiterai à trois d’entre eux qui, à mon avis, sont les plus importants et qui façonneront les orientations et les chantiers de notre faculté dans les prochaines années.

D’abord, il y a le défi du recrutement étudiant, qui touche l’ensemble des établissements universitaires. Il y a un déclin marqué des effectifs étudiants qui se reflète dans la baisse historique du nombre d’inscriptions dans des programmes de formation à l’enseignement.

Il s’agit d’une tendance inquiétante, puisqu’elle se manifeste à un moment où l’urgence de suivre une formation en enseignement ne se fait plus sentir pour différentes raisons, dont la fatigue pandémique, qui a incité plusieurs personnes à suspendre leurs études, et la pénurie de personnel enseignant, qui a permis à certaines personnes d’enseigner sans nécessairement suivre de formations qualifiantes.

Ensuite, le profil de l’université du futur est en train de se dessiner à la suite de la pandémie. On ne peut plus miser sur un mode d’enseignement exclusivement en présentiel ou à distance. Ainsi, le mode d’enseignement hybride doit faire l’objet de sérieuses réflexions pour nous permettre de faire des choix éclairés. C’est le défi sur lequel notre communauté facultaire a décidé de se pencher depuis l’année dernière afin de faire les meilleurs choix pédagogiques tout en aidant sa population étudiante à mieux concilier les vies familiale et professionnelle avec les études.

Enfin, nous assistons à une dévalorisation inquiétante de la profession enseignante: des déclarations et des débats récents laissent croire que l’acte d’enseigner consiste à appliquer de simples pratiques généralisables, voire des recettes, à la suite de formations courtes. Or, la qualité de notre système éducatif repose sur celle de ses enseignantes et enseignants et, pour maintenir cette excellence, il faut remplir certaines conditions. Il est d’une extrême importance d’inciter les meilleurs candidats et candidates à embrasser la profession enseignante et, surtout, de fournir à ces personnes une formation de qualité qui leur donne le sentiment d’efficacité dont elles ont besoin pour faire face aux grands défis qui les attendent.

En offrant à nos futurs enseignants et enseignantes une formation de qualité, nous les valorisons. Aussi, notre faculté compte prendre sa place autour de la table des négociations pour désigner les mesures qui protègent les intérêts et l’avenir de nos enfants et de nos jeunes et, surtout, qui valorisent la profession enseignante. Notre communauté facultaire a déjà démontré sa capacité d’innovation, notamment en étant la première à créer une maîtrise qualifiante en éducation préscolaire et en enseignement primaire et en étant la seule à offrir des services de reconnaissance des acquis et des compétences pour les enseignants formés à l’extérieur du Canada.

Quelle vision et quelles priorités entendez-vous mettre de l’avant dans les années à venir à la FSE?

Dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté, l’éducation est le principal vecteur de changement qui permet de relever les défis auxquels nous, en tant que citoyens du monde, sommes et serons confrontés. De ce fait, la Faculté des sciences de l’éducation est appelée à jouer un rôle fondamental dans les réponses apportées à ces défis, mais également pour tracer les grandes lignes du monde de demain.

Elle doit ainsi continuer à offrir à ses étudiantes et étudiants des trois cycles une formation contemporaine et à la fine pointe de la recherche pour contribuer à la réussite éducative de tous. La faculté doit également renforcer son ouverture à la formation tout au long de la vie pour tous les acteurs du milieu de l’éducation en personnalisant les contenus des formations, qui doivent être proposées selon différentes formules.

L’ancrage et l’influence de la faculté dans le secteur de l’éducation au Québec et ailleurs dans le monde passent par l’établissement de liens de confiance et de partenariats solides et pérennes avec ses milieux institutionnel, communautaire et international. À travers nos projets phares – dont le projet des écoles associées, qui se veulent l’équivalent des hôpitaux universitaires pour la formation des médecins –, nous avons l’intention de concrétiser sur le terrain toutes les facettes du slogan de notre faculté: Ancrée dans sa communauté et tournée vers le monde. Le travail avec ses partenaires nationaux et internationaux, qui se fait dans l’optique de les autonomiser, lui permet de remplir sa mission citoyenne et, ce faisant, d’occuper la place qui lui revient.

La faculté doit continuer d’assurer son rôle d’agent de changement et de trois façons:

  • en faisant progresser les connaissances afin de répondre aux enjeux et défis éducatifs actuels et futurs;
  • en utilisant ces connaissances pour transformer le milieu éducatif;
  • en les rendant accessibles au grand public.

L’une de nos grandes priorités réside également dans la professionnalisation de la recherche et le renforcement de l’identité de la FSE quant à la production de connaissances et à la formation de futurs chercheurs et chercheuses en appuyant tous les types de recherche. Ainsi, la société peut s’attendre à ce que notre faculté se porte garante de l’objectivité, de l’intégrité et de la rigueur analytique requises pour permettre au système éducatif québécois de prendre des décisions sur un terrain scientifique loin des croyances individuelles et, ainsi, de toujours cibler l’excellence.  

Par son engagement à promouvoir l’excellence en enseignement et en recherche, la FSE sera un acteur incontournable dans l’avancement des connaissances et leur application dans une variété de contextes francophones et francophiles tout au long de la vie, en prenant appui sur sa créativité, son agilité, son ingéniosité, sa rigueur, sa collégialité et sa gouvernance transparente et responsable.

Sur le même sujet

éducation enseignement formation