Marie-Fabienne Fortin: une pionnière qui laisse sa marque

Crédit : Amélie Philibert

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Grâce à son don testamentaire, elle crée un fonds de bourses en sciences infirmières et ouvre la porte aux générations futures.

Marie-Fabienne Fortin (sciences infirmières 1968), pionnière du développement de la recherche et des études supérieures à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, a choisi de poursuivre son œuvre auprès de la communauté étudiante. Ainsi, elle a prévu un don testamentaire pour la création d’un fonds de bourses.

Native du Bas-Saint-Laurent, Mme Fortin se démarque par son parcours universitaire. Diplômée en sciences infirmières de l’Université de Montréal, elle entreprend des études de maîtrise et de doctorat en épidémiologie à l’Université McMaster, puis à l’Université McGill. Suivront des études postdoctorales à l’Université de Californie à San Francisco. Alors que l’accession des femmes aux études universitaires était peu encouragée à cette époque, Marie-Fabienne Fortin a su combler malgré tout son désir de liberté et d’érudition.

«Je suis née dans une famille de neuf enfants, précise-t-elle. Le chemin vers les études ne s’ouvrait pas devant moi. Mes frères, eux, avaient ce droit. Nous, les filles, devions négocier et argumenter avant d’obtenir gain de cause. Pour mon père, les filles n’avaient pas besoin de poursuivre des études et d’avoir une carrière parce qu’elles se mariaient.» À cela, elle répondait qu’alors elle ne se marierait pas, raconte-t-elle, toujours animée par la force de ses ambitions.

Cette promesse, elle l’a tenue! De même que celle qu’elle s’était faite de perfectionner ses connaissances en sciences infirmières et en épidémiologie et de démocratiser celles-ci pour une plus grande accessibilité à tous. C’est à l’Université de Montréal qu’elle décide de partager son savoir. Elle a marqué le domaine de l’apprentissage de la recherche dans plusieurs universités du Québec par la publication d’un ouvrage qui en est aujourd’hui à sa quatrième édition: Fondements et étapes du processus de recherche: méthodes quantitatives et qualitatives (Chenelière Éducation, 2022).

Franciser le savoir

Lorsque Marie-Fabienne Fortin était sur les bancs d’école, les livres sur la recherche étaient en anglais. «Dans le contexte politique de l’époque, c’était une grande préoccupation des étudiants, souligne-t-elle. Ils n’étaient pas tous à l’aise de lire en anglais.»

La situation n’avait guère changé lorsqu’elle a commencé à enseigner la recherche au baccalauréat en sciences infirmières à l’Université de Montréal. C’est alors qu’elle a eu l’idée de se mettre à l’écriture pour offrir aux étudiantes et étudiants une base d’apprentissage dans leur langue.

Profitant d’une année sabbatique après quelques années d’enseignement à l’UdeM, elle s’envole pour San Francisco. Elle se joint à une équipe se consacrant à l’étude des fondements de la recherche qualitative, matière encore peu exploitée à cette époque, afin d’en explorer les approches et les applications pour la pratique. Elle recense dans son ouvrage les données recueillies durant cette année exploratoire pour en faire profiter les nouvelles cohortes de sciences infirmières aux cycles supérieurs.

«En début de carrière, je n’aurais jamais pensé écrire un livre sur les méthodes de recherche, mais les circonstances m’y ont menée et cela répondait à un besoin», mentionne celle qui est devenue professeure émérite après 27 ans de carrière.

Un legs pour les générations futures

Avant de concrétiser son projet philanthropique par un don planifié, Marie-Fabienne Fortin a longuement étudié les possibilités qui s’offraient à elle. «J’ai toujours donné à mes alma mater sans savoir que c’était de la philanthropie, indique-t-elle. Pour moi, ce concept me semblait plutôt inusité ou inatteignable. J’ai lu sur le sujet, je me suis rendu compte que la philanthropie, ce sont de grands comme de petits gestes. Puis, je me suis dit que créer un fonds serait bénéfique pour le partage des savoirs et la transmission intergénérationnelle.»

Le don planifié de Mme Fortin vise la création d’un fonds de bourses. Il sera destiné aux étudiantes et étudiants poursuivant des études supérieures en sciences infirmières désireux d’élargir leurs horizons et de posséder un bagage complémentaire aux notions apprises à l’UdeM.

Éduquer les générations futures malgré son absence dans les classes, elle s’en fait un devoir. Elle demeure ainsi fidèle à ce qu’elle a toujours été: une femme guidée par des convictions profondes. «Aujourd’hui, en regardant derrière moi, je constate que j’ai voulu quitter mon milieu d’origine pour aller vers d’autres horizons et acquérir des connaissances dans un domaine précis, explique-t-elle. Ce domaine m’a conduite à l’UdeM, où j’ai développé au fil du temps un sentiment d’appartenance. Je sentais que je devais faire quelque chose d’utile pour la communauté universitaire. Cette idée n’est pas étrangère à mon engagement philanthropique.»