Le nombre de gens qui se lancent en affaires a presque chuté de moitié en 20 ans
Malgré une population de 40 millions d’habitants, le pays compte 100 000 entrepreneuses et entrepreneurs de moins qu’il y a 20 ans, selon une étude de la Banque de développement du Canada (BDC) réalisée en collaboration avec le Centre d’innovation de l’Université de Montréal et Millénium Québecor à l’occasion de la Semaine de la PME BDC.
Déclin inquiétant
Cette tendance générale est alarmante. En 2022, seulement 1,3 personne sur 1000 a lancé une entreprise comparativement à 3 sur 1000 en 2000. «Cette tendance est préoccupante parce que l’entrepreneuriat est crucial pour l’économie et alimente l’innovation et la croissance économique», souligne Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef à BDC.
Le rapport cible plusieurs facteurs contribuant à ce déclin, notamment un taux de chômage bas, des salaires élevés, le vieillissement de la population et un environnement d’affaires plus complexe.
Des compétences essentielles
De plus, le rapport met en lumière une triste réalité: le tiers des entreprises qui se sont créées ferment leurs portes dans les cinq premières années. Cette situation montre l’écart entre l’intention de se lancer en affaires et la réussite entrepreneuriale, selon Pierre Cléroux. «Pour combler cet écart, il est important que les entrepreneuses et les entrepreneurs acquièrent les compétences essentielles pour fonder et faire grandir leur entreprise, en particulier dans un environnement d’affaires de plus en plus complexe», dit-il.
Le rapport désigne quatre catégories de compétences nécessaires pour réussir en affaires (les plus déterminantes étant la ténacité et les capacités relationnelles, qui s’avèrent indispensables à toutes les étapes de la croissance d’une entreprise):
- la ténacité et les capacités relationnelles,
- les compétences en marketing et en finance,
- le leadership et les relations humaines,
- les compétences en administration opérationnelle.
Pour Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal, cela montre l’importance de mieux préparer ceux et celles qui désirent se lancer en affaires. «Grâce au travail qui a été fait par BDC et l’UdeM, nous disposons maintenant d’une information solide et pertinente pour construire des programmes de formation qui tiennent compte des défis réels des entrepreneurs et qui répondent aux besoins exprimés par nos étudiants et étudiantes. Et cette façon de faire, c’est exactement la méthode qu’appliquent tous les universitaires: utiliser des données fiables pour produire un savoir et le transmettre», ajoute-t-il.
Fait à noter, la recherche de BDC réalisée en collaboration avec l’UdeM a démontré que le succès en affaires n’est pas lié à des aptitudes innées et que ces compétences peuvent être acquises et développées.
Méthodologie
L’étude est fondée sur l’analyse de trois sondages effectués en ligne, une analyse économétrique et l’indice BDC de la nouvelle activité entrepreneuriale mis à jour. Deux sondages ont été menés en ligne par Angus Reid du 2 au 14 mars 2023: l’un auprès de 1259 propriétaires de PME canadiennes fondées il y a plus de deux ans et l’autre auprès de 1001 Canadiennes et Canadiens âgés de 18 ans et plus qui souhaitent lancer une entreprise au cours des deux prochaines années ou qui ont créé une entreprise il y a moins de deux ans. L’Université de Montréal a utilisé le même questionnaire pour sonder sa population étudiante entre le 12 et le 21 juin 2023, ce qui lui a permis d’obtenir 230 réponses.