Des vibrations pour faciliter l’effort physique

En 5 secondes Une équipe de recherche internationale s’intéresse au potentiel des vibrations tendineuses sur la perception de l’effort lors d’une activité physique.
Ces études visent à mettre au point des techniques pour diminuer la perception de l’effort dans le but d’encourager les personnes sédentaires à bouger plus.

Pourquoi certaines personnes trouvent-elles qu’un simple jogging est épuisant, alors que d’autres semblent courir sans effort? Certes, une partie de la réponse concerne l’entraînement et la puissance musculaire. Mais une autre réside dans le cerveau, plus précisément dans la façon dont on perçoit l’effort. 

L’effort, c’est ce qu’on ressent lorsqu’on déploie une énergie physique pour accomplir une tâche comme pédaler, courir, soulever un poids, etc. Ce n’est pas une donnée purement mécanique, c’est aussi une perception subjective qui varie d’une personne à l’autre. 

Or, cette perception influence directement l’engagement dans l’activité physique et la performance sportive. Si un exercice semble trop difficile, il aura tendance à être évité. Si, au contraire, il paraît plus facile, il devient plus agréable et donc plus susceptible d’être répété. 

Et si l’on parvenait à réduire la perception de l’effort et à être moins freiné par l’impression que «c’est trop difficile», est-ce qu’on aurait envie de bouger plus? 

C’est précisément la question explorée dans une collaboration internationale entre Benjamin Pageaux, professeur à l’École de kinésiologie et des sciences de l’activité physique de l’Université de Montréal, et les chercheurs Nicolas Forestier, Florian Marchand et Florian Monjo, de l’Université Savoie Mont Blanc. 

Ensemble, les chercheurs s’intéressent aux mécanismes neurophysiologiques derrière la perception de l’effort dans un but d’amélioration de la santé et de la performance. 

Brouiller les signaux du cerveau 

Dans une récente étude, l’équipe s’est penchée sur la vibration tendineuse – soit le recours à un dispositif vibrant appliqué sur des tendons – comme outil pour amoindrir la perception de l’effort.  

Des volontaires étaient invités à pédaler sur un vélo stationnaire en laboratoire. Avant l’exercice, on appliquait sur leurs tendons d’Achille et du genou le dispositif pendant 10 minutes. Ensuite, ils devaient s’activer pendant 3 minutes à un niveau d’effort perçu comme modéré ou intense en réglant eux-mêmes la cadence de leur pédalage.  

Les résultats sont parlants: pour un même niveau d’effort perçu, les participants produisaient davantage de puissance après la stimulation vibratoire. 

Le mécanisme derrière cette réponse reste à élucider, mais Benjamin Pageaux a quelques hypothèses. «En fonction de l’amplitude et de la fréquence de la vibration, on vient exciter ou inhiber les neurones de la moelle épinière, estime-t-il. Également, la vibration prolongée change la réactivité des fuseaux neuromusculaires et le signal envoyé au cerveau est alors altéré.» 

Donc, en modifiant les informations envoyées au cerveau, on change la perception du mouvement et de l’effort, et les participants ont l’impression que l’exercice est moins exigeant, alors que leurs muscles travaillent plus fort. 

 

Une fenêtre sur le cerveau 

S’ils sont prometteurs, ces travaux restent pour l’instant à un stade préliminaire. «Ça n’a pas été testé pour un marathon, mais seulement pour un exercice court de pédalage de trois minutes. Mais c’est la première fois que ç'a été fait dans ce type d’exercice», dit Benjamin Pageaux avec prudence, mais enthousiasme. 

La prochaine étape consistera à comprendre ce qui se passe exactement dans le cerveau. Les chercheurs veulent observer, grâce à des techniques comme l’électroencéphalographie ou l’imagerie par résonance magnétique, comment la vibration tendineuse modifie l’activité cérébrale liée à l’effort. D’autres projets explorent l’effet inverse: comment la douleur et la fatigue peuvent augmenter la perception de l’effort et rendre le mouvement plus difficile. 

À terme, ces études visent à mettre au point des techniques pour diminuer la perception de l’effort afin d’encourager les gens plus sédentaires à bouger davantage ou d’améliorer les performances des sportifs. 

«En comprenant mieux comment le cerveau évalue ce rapport entre effort et récompense perçue à s’engager dans un exercice, on souhaiterait pouvoir favoriser la pratique régulière d’une activité physique, pratique qu’on sait essentielle à la santé», conclut Benjamin Pageaux. 

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