Une nouvelle étude menée par une équipe de recherche de l'Université de Montréal met en lumière un manque crucial de connaissances sur les particularités cognitives des individus qui souffrent simultanément d’un trouble de la personnalité et de schizophrénie, une double problématique qui touche pourtant jusqu’à 40 % des personnes qui sont atteintes de schizophrénie.
Publiée dans la revue Schizophrenia Research: Cognition, cette analyse exhaustive de la littérature scientifique des 24 dernières années révèle que, malgré la fréquence élevée de ce double diagnostic et le fait qu'il soit lié à une évolution défavorable, les données disponibles demeurent étonnamment limitées et fragmentées.
«Notre analyse met en évidence un angle mort important dans les connaissances actuelles; on en sait très peu sur la cognition des individus qui sont traités pour un trouble de la personnalité et pour schizophrénie», explique Anouck Chalut, auteure principale de l'étude et titulaire d’un doctorat en neuropsychologie du Département de psychologie de l'Université de Montréal.
L'équipe de recherche, dirigée par la professeure Tania Lecomte, docteure en psychologie et directrice de L’ESPOIR – un laboratoire de recherche du Département de psychologie de l’UdeM visant à améliorer les traitements et services offerts aux personnes atteintes d’un trouble mental grave –, a passé au peigne fin des centaines d'articles scientifiques pour n'en retenir que 10 répondant à des critères de rigueur scientifique.
«Nous avons constaté que les recherches existantes sont peu nombreuses, morcelées et parfois contradictoires, laissant le personnel clinique avec peu de repères clairs», poursuit Anouck Chalut. Cette lacune est d'autant plus préoccupante que la cognition représente actuellement le meilleur prédicteur du rétablissement chez les personnes vivant avec la schizophrénie.