L’histoire de l’Université de Montréal

L'ouvrage «L'Université de Montréal: une histoire urbaine et internationale» comporte plus de 500 images qui permettent de voir l'évolution de la société montréalaise.

L'ouvrage «L'Université de Montréal: une histoire urbaine et internationale» comporte plus de 500 images qui permettent de voir l'évolution de la société montréalaise.

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Un nouveau livre dévoile de multiples pans de l'histoire locale et de l’histoire internationale de l'UdeM qui étaient jusqu'alors méconnus.

Micheline Cambron et Daniel Poitras

Micheline Cambron et Daniel Poitras

Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

Abondamment illustré, le riche ouvrage L'Université de Montréal: une histoire urbaine et internationale, coécrit par Daniel Poitras, historien des milieux universitaires au Canada et diplômé de l’UdeM, et Micheline Cambron, professeure émérite du Département des littératures de langue française de l’Université, vient de paraître aux Presses de l’Université de Montréal.  

Remontant aux origines de l'idée d'université à Montréal et relatant sa matérialisation jusqu’à nos jours, le livre souligne la nature sinueuse et imprévisible de l'histoire de l’Université de Montréal, influencée par les diverses visions de ses acteurs, contrainte par les nombreux pouvoirs en place et ouverte sur le monde. Les auteurs racontent les rêves des bâtisseurs de l’Université qui se sont réalisés, mais également ceux restés en jachère. Ils évoquent ainsi des projets avortés, par exemple celui d'une université sur l'île Sainte-Hélène. Ils montrent que l’Université, loin d’être confinée aux salles de classe et aux officines des administrateurs, a été un lieu de création et un véritable laboratoire social dans la ville. 

Divisé chronologiquement en sept grandes périodes, l’ouvrage propose des chapitres qui mettent en relief des évènements ou des aspects marquants de l'histoire de l’UdeM. Ainsi découvre-t-on l'inauguration de la nouvelle université sur fond d’incendies (1920), la présence des femmes dans l'entre-deux-guerres (1920-1940), le déménagement sur la montagne durant la Deuxième Guerre mondiale (1942-1943), la révolution informatique qui bouscule les habitudes universitaires (1999-2001) ou encore la période très récente de la pandémie. Révélant une histoire complexe, le texte déconstruit plusieurs idées reçues sur l'Université de Montréal. 

Une histoire sociale composée de milliers de voix

Inscrivant l'Université dans la ville, le livre se veut aussi une histoire sociale. Il donne à voir la diversité des acteurs (étudiants, professeurs, administrateurs, membres de la société civile) et montre l'influence de leurs actions et de leurs discours sur la vie sociale, culturelle, politique montréalaise. «On a voulu mettre l’accent sur les personnes plutôt que sur les institutions ou sur les résultats de la recherche afin d’explorer une histoire qui se fait, au gré de pratiques et d’idées qui évoluent», précise Daniel Poitras. 

Les auteurs se sont en outre penchés sur des voix moins attendues ou moins entendues. C’est le cas des femmes, qui jouent un rôle déterminant dans l’histoire de l’UdeM tout en ayant à affronter de nombreux obstacles qui vont de l’accession à l’université jusqu’au sexisme sur le campus. C’est aussi le cas des étudiants étrangers. De plus en plus nombreux et actifs à partir des années 1940, ils contribuent à sensibiliser les membres de la communauté universitaire aux enjeux de la décolonisation, de la discrimination et du racisme tout en transformant le campus en un haut lieu d’interculturalité à Montréal. Et c’est le cas, à une autre échelle, de nombreux dirigeants et administrateurs peu connus de l’Université. «Souvent relégués dans l’ombre, ils ont largement forgé la personnalité de l’établissement. Pensons à Léon Lortie, qui s’est occupé du Service d’extension et a été l’homme à tout faire de l’UdeM pendant plusieurs années», raconte ainsi Micheline Cambron.  

L’université de Montréal et du monde

C’est dire que cette histoire sociale de l’Université de Montréal touche intimement à l’histoire de la ville, qu’on voit évoluer en arrière-plan, chacune ayant eu un rôle clé dans l’évolution de l’autre. Les deux sont d’ailleurs complices dans le processus qui les amène à s’ouvrir au monde et à faire de Montréal un pôle d’attraction international et un lieu où s'entrecroisent influences culturelles, urbanistiques, architecturales et scientifiques. Daniel Poitras admet avoir été surpris de découvrir à quel point l'Université était présente dans la ville et «à quel point elle était reliée au monde, et pas seulement depuis 30 ou 40 ans, mais depuis ses tout débuts». Par-delà les frontières du Québec et du Canada, les auteurs révèlent les multiples réseaux qui ont été créés grâce aux travaux des chercheurs universitaires. L’histoire de l’UdeM déborde de Montréal par des extensions du campus dans d’autres villes et parce que ses diplômés se retrouvent partout dans la province et dans le monde. La sensibilité des deux auteurs au caractère international de l'UdeM n’est pas surprenante. Micheline Cambron explique que «le mot université renvoie à l'universel. Il était donc essentiel de s'attacher à l'ensemble des liens que l'Université a tissés avec le reste du monde», dit-elle. 

Un livre richement documenté

Pour la réalisation de cet ouvrage, les auteurs se sont appuyés sur de multiples sources: archives de l’Université, particulièrement les procès-verbaux de ses diverses instances, journaux étudiants, articles publiés dans la presse, travaux racontant la naissance et l’essor d’unités d’enseignement ou de recherche ou portant sur des évènements ou des acteurs particuliers. Ils ont de plus tenu compte de correspondances, de mémoires, d'autobiographies, d'œuvres littéraires et artistiques de même que des histoires existantes de l’Université, dont une seule, celle d’Hélène-Andrée Bizier, a été publiée. Rigoureusement scientifique, le livre se veut aussi une expérience visuelle: plus de 500 images permettent de voir l’évolution de la mode féminine et des sensibilités esthétiques, architecturales et humoristiques. À cet effet, de nombreuses caricatures illustrent, sous une apparente légèreté, à quel point l’Université, lieu de haut savoir, est objet de débats, de critiques et, parfois, cible de flèches moqueuses. 

  • Les chercheurs du laboratoire de botanique de l’UdeM, en février 1926. Le frère Marie-Victorin est debout au milieu.

    Les chercheurs du laboratoire de botanique de l’UdeM, en février 1926. Le frère Marie-Victorin est debout au milieu.

    Crédit : Archives UdeM, E0118/1fp00020. Photographie : J. R. Dufresne.
  • Deux étudiants font de la recherche en électronique sous la surveillance du professeur Jean-Charles Bernier.

    Deux étudiants font de la recherche en électronique sous la surveillance du professeur Jean-Charles Bernier.

    Crédit : Archives UdeM, D0037/1fp03618.
  • La Maison des étudiants imaginée par Ernest Cormier pour l’Université de Montréal en 1924.

    La Maison des étudiants imaginée par Ernest Cormier pour l’Université de Montréal en 1924.

    Crédit : Centre canadien d’architecture, ARCH264335.
  • Deux étudiantes discutent dans une chambre de la résidence des filles, le 9 novembre 1968.

    Deux étudiantes discutent dans une chambre de la résidence des filles, le 9 novembre 1968.

    Crédit : Archives UdeM, D0067/1fp08637.
  • L'Université de Montréal : une histoire urbaine et internationale.

    L'Université de Montréal : une histoire urbaine et internationale.

    Crédit : Presses de l'Université de Montréal
  • L'Université de Montréal : une histoire urbaine et internationale.

    L'Université de Montréal : une histoire urbaine et internationale.

    Crédit : Presses de l'Université de Montréal

En savoir plus

Micheline Cambron et Daniel Poitras, L’Université de Montréal: une histoire urbaine et internationale, Les Presses de l’Université de Montréal, 2023, 576 pages. 

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