Une première formation créditée offerte en milieu autochtone

Ce nouveau programme va permettre d’approfondir et d’enrichir chaque intervention et ainsi d’assurer une qualité optimale des services à une clientèle en difficulté d’adaptation.

Ce nouveau programme va permettre d’approfondir et d’enrichir chaque intervention et ainsi d’assurer une qualité optimale des services à une clientèle en difficulté d’adaptation.

Crédit : Faculté de l’éducation permanente

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Rencontre avec la directrice générale des centres Mamik dans le cadre d’un projet pilote visant à former des Autochtones en intervention psychoéducative directement dans leur milieu de vie.

Mélanie Boivin

Mélanie Boivin

Crédit : Faculté de l’éducation permanente

Au cours des sept dernières années, Mélanie Boivin a mis sur pied de nombreux services pour les Autochtones en milieu urbain au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Pour elle, l’éducation est la clé, elle est primordiale pour que les membres de sa communauté puissent prendre davantage en main leur avenir. Elle espère que, comme elle, d’autres Autochtones auront la possibilité d’effectuer des études universitaires, d’occuper des emplois tant à l’extérieur de la communauté que dans les différentes organisations autochtones.

Étant donné le manque de main-d’œuvre qualifiée dans les communautés autochtones en intervention psychoéducative, l’offre d’une formation dans la discipline était très attendue. Aujourd’hui, un programme basé sur les connaissances et les pratiques psychoéducatives qui ont fait leurs preuves, au moyen de stratégies pédagogiques axées sur l’utilisation des pratiques actuelles en intervention, est offert directement dans le milieu de vie. «On n’apprend pas à l’école à protéger nos enfants, la planète, notre eau, les animaux, alors que ce sont des valeurs fondamentales que les Autochtones ont en eux», souligne Mélanie Boivin.

Ce programme va permettre d’approfondir et d’enrichir chaque intervention et ainsi d’assurer une qualité optimale des services à une clientèle en difficulté d’adaptation. Dans un entretien, Mélanie Boivin nous confie sa joie et son soulagement de voir cette formation s’implanter.

Qu’est-ce que ce projet de formation représente concrètement pour les centres Mamik?

C’est une formidable occasion de rayonnement au-delà des centres Mamik. On souhaitait avant tout accroître les compétences de notre équipe en intervention. J’étais à la recherche de programmes qui pouvaient à la fois s’adapter à nos besoins, à notre travail et permettre l’acquisition de compétences pertinentes en intervention psychoéducative. Cette entente est le fruit de trois ans de discussion avec Chantal Levesque, responsable de programmes à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal. On vient de mettre en place quelque chose d’une grande envergure pour les centres Mamik.

Est-ce la première offre de formation universitaire délocalisée pour le centre Mamik du Saguenay–Lac-Saint-Jean et sa communauté autochtone?

Oui, c’est la première offre universitaire et déjà plus d’une vingtaine de personnes se sont inscrites, majoritairement des membres du personnel du centre Mamik et d’autres qui gravitent autour du centre.

À qui s’adresse ce programme?

Ce programme s’adresse aux membres des Premières Nations. C’est une formation délocalisée qui peut être suivie à temps plein par davantage de gens et à l’intérieur de leurs horaires de travail.

Quelle importance cette formation revêt-elle pour les personnes et les communautés autochtones? Et pour le personnel du centre?

Dans un contexte de rareté de la main-d’œuvre, le programme de formation représente une occasion inestimable de développer les compétences du personnel. Il y a beaucoup d’animatrices ou d’animateurs culturels qui reçoivent des confidences assez stupéfiantes et intimes et ils ne savent pas comment agir. En ayant des compétences en intervention, à l’intérieur de leur spécificité culturelle, ils vont être en mesure de soutenir la clientèle des centres Mamik. Donc, la population va bénéficier d’un plus grand soutien dans un contexte postpandémique où les besoins sont encore plus grands qu’avant la pandémie. On a vu augmenter le nombre de problèmes de santé mentale, de signalements au directeur de la protection de la jeunesse. On a beaucoup plus de travail, mais moins de main-d’œuvre qualifiée. D’où l’importance d’assurer la qualification de notre personnel.

Comment ce projet favorise-t-il l’accès aux études universitaires pour les Autochtones?

On leur facilite grandement l’accès aux études universitaires dans le cadre de ce programme, car ils n’ont pas à déménager, ils restent dans leur milieu de vie, un environnement sécurisant. Ces étudiantes et étudiants vont être entre eux, ils se connaissent tous et ont cet esprit collectif d’entraide. La sécurisation culturelle va être un élément supplémentaire de réussite éducative. Puis, il y a des employés de tous les domaines, éducation spécialisée, psychoéducation, il y a des intervenantes et intervenants sociaux. On a un amalgame de personnes qui vont se joindre à la cohorte et tous vont se soutenir mutuellement. Ensemble, ils vont pouvoir acquérir de nouvelles compétences pour mieux intervenir auprès de la clientèle. Que le programme soit délocalisé va permettre aux participants et participantes d’être proches de leur environnement, d’être au cœur de leur travail.

Avez-vous des vues sur d’autres programmes?

Il y en a une panoplie qui m’intéresse, dont le certificat en criminologie. De trop nombreux Autochtones sont en établissement carcéral, il faut absolument agir et réduire ce nombre, ces statistiques sont dévastatrices pour nos populations. Il y a aussi le certificat d’intervention en dépendances. Même chose pour ce qui est de la protection de la jeunesse. Autrefois, il y a eu les pensionnats, qui ont eu des répercussions sur les habiletés parentales, et maintenant, avec les placements d’enfants à l’extérieur des communautés, il se dessine un nouveau pan d’histoire. On a la volonté, dans les centres Mamik, de changer cette trajectoire. Encore une fois, il faut avoir des compétences pour y arriver.

Pour en savoir plus sur le certificat en intervention psychoéducative et le centre Mamik du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

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