Dix suggestions de lecture pour le temps des fêtes
- UdeMNouvelles
Le 11 décembre 2023
- Virginie Soffer
Des membres de la communauté universitaire parlent de leur livre préféré.
La communauté de l’Université de Montréal aime lire! Pour une deuxième année, nous avons demandé à des membres du personnel de différentes unités et à des étudiants et étudiantes de nous faire part de leur bonheur de lecture.
Carnet de voyage graphique, bande dessinée humaniste, essais, romans québécois albanais, turcs… Les suggestions de notre communauté sont éclectiques!
«C’est le Québec qui est né dans mon pays!», d’Emanuelle Dufour, Écosociété, 2021
«À l’occasion de sa rencontre avec des Maoris en Nouvelle-Zélande, Emanuelle Dufour prend conscience de sa méconnaissance des Premiers Peuples. À son retour, elle entreprend un nouveau voyage, très personnel, afin de mieux comprendre les réalités autochtones. Ce carnet de voyage graphique présente une série de rencontres qui témoignent des expériences issues d’un passé colonial – les pensionnats, la crise d'Oka, etc. –, mais aussi de la résurgence des cultures et des langues autochtones.»
Marie D. Martel, professeure à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information
«La bibliomule de Cordoue», de Léonard Chemineau et Wilfrid Lupano, Dargaud, 2021
«Je conseille à tout le monde la découverte de cette bande dessinée. Sa lecture devrait ravir les jeunes et les moins jeunes tout autant par le récit que par la facture graphique. À travers des saynètes rocambolesques et des personnages truculents, elle propose une véritable ode à l'humanisme et à l'ouverture à toutes les formes de la connaissance.»
Rémy Besson, conseiller en recherche à la Faculté des arts et des sciences
«Au commencement était… Une nouvelle histoire de l’humanité», de David Graeber et David Wengrow, Les liens qui libèrent, 2021
«Une plongée captivante dans l’histoire de l’humanité à des années-lumière de la douce rêverie séduisante de Sapiens, de Yuval Noah Harari. Graeber et Wengrow revisitent les bases de notre histoire à la lumière de sources moins consensuelles et classiques. Connaissez-vous Kandiaronk, le chef wendat? Avez-vous entendu parler de Marija Gimbutas, une anthropologue, et de l’hypothèse kourgane qui révolutionne la vieille Europe au IIIe millénaire avant Jésus-Christ? C’est un livre fascinant, à lire avec gourmandise.»
Stéphane Petit, conseiller en communication Web au Bureau des communications et des relations publiques
«La bête intégrale», de David Goudreault, Stanké, 2018
«Un livre touchant, drôle et original, rédigé du point de vue d’un jeune délinquant. On sent que l’auteur, travailleur social de formation, connaît bien le jargon et les théories criminologiques et il s’en joue pour notre plus grand plaisir. À déguster pour le style dynamique et percutant, l’humour corrosif et, accessoirement, pour réfléchir un peu sur les facteurs criminogènes, la marginalité et le milieu carcéral.»
Fabienne Cusson, responsable de programmes au Certificat en criminologie de la Faculté de l’éducation permanente et au baccalauréat par cumul avec appellation en études du phénomène criminel à la Faculté des arts et des sciences
«L’hiver de la grande solitude», d’Ismaïl Kadaré, Fayard, 1999
«Paru pour la première fois en 1973, alors que le régime d’Enver Hoxha menait une purge sanglante contre les milieux intellectuels, ce roman d’Ismaïl Kadaré ouvre une fenêtre sur le schisme du monde communiste en 1960-1961, opposant d'un côté l’Albanie et la Chine et, de l'autre, le bloc soviétique. D’un génie incontestable et offrant une perspective interne du totalitarisme, Kadaré se livre à l’analyse microsociologique des effets de cette rupture sur sa société en mettant en scène plusieurs personnages: des hauts placés du régime, des bourgeois déclassés et particulièrement un couple, Besnik et Zana, dont la vie est bouleversée. Tous se questionnent sur les conséquences de la rupture des relations avec l’URSS. Cette parution a valu à Kadaré la censure de son livre, remanié en 1978 sous le nom Le grand hiver, où l'auteur est obligé de donner une meilleure image de Hoxha et d’un parti communiste qui jouit du plein appui de son peuple. Empêché de publier pendant plusieurs années, il cède à l’autocensure: son œuvre vire à la mythologie qui, en dépit du totalitarisme hoxhiste, a permis à l’auteur de construire une Albanie libre.»
Anjeza Bregaj, étudiante de doctorat en science politique
«En plein cœur», de Louise Penny, Flammarion Québec, 2012
«Bien que faisant partie d’une série, ce livre peut être lu seul, puisque chaque roman a sa propre enquête. Cette auteure torontoise situe ses romans au Québec, principalement dans le village fictif de Three Pines, dans les Cantons-de-l’Est. Le meurtre d’une villageoise y amène Armand Gamache, chef de la section des homicides de la Sûreté du Québec. Il y rencontre des personnages hauts en couleur, mais attachants. La force de Louise Penny réside dans la profondeur de ses personnages, on en finit même par aimer l’amère Ruth Zardo. Au fil de la série, on suit les enquêtes, on voyage à travers le Québec et l’on apprend à mieux connaître les différents personnages. Peut-être que cette série me plaît parce que j’aimerais qu’un tel village existe. Un village où les gens sont réellement présents les uns pour les autres, un endroit où l’on accepte les différences et où l’on s’aime pour celles-ci.»
Magalie Beaudoin, responsable des ressources financières et matérielles à la Direction des bibliothèques
«Les nuits de la peste», d’Orhan Pamuk, Gallimard, 2022
«Je recommande vivement la lecture de ce livre qui vous transporte sur l’île imaginaire de Minguer. Une île où l’on se surprend à se promener dans le rêve d’un Empire ottoman à la senteur de rose et qui donne envie de courir loin du cauchemar de l’ignorance ayant donné à la peste l’arme de son hécatombe.»
Alexandre Riccio, responsable des opérations de vente au détail au Service des entreprises auxiliaires
«Soufi, mon amour», d’Elif Shafak, 10/18, 2011
«“La seule vraie crasse est celle qui emplit nos cœurs. Les autres se lavent. Il n’y a qu’une chose qu’on ne peut laver à l’eau pure: les taches de la haine et du fanatisme qui contaminent notre âme. On peut tenter de purifier son corps par l’abstinence et le jeûne, mais seul l’amour purifiera le cœur.” Voilà l’une des 40 règles de l’amour qu’Elif Shafak offre à son lectorat dans Soufi, mon amour. Ce livre expose différentes perspectives sur la nature de l’amour, amour de l’autre qui mène aussi vers soi-même. Une lecture captivante et inspirante.»
Ahlem Ammar, doyenne de la Faculté des sciences de l’éducation
«De Gaulle: une certaine idée de la France», de Julian Jackson, Seuil, 2019
«Ce n’est pas une hagiographie, mais bien un travail de moine, précis, à la lumière d’archives nouvelles, permettant de mieux comprendre Charles de Gaulle. Homme timide, il était notamment intraitable avec ses alliés de la période de la Deuxième Guerre mondiale. Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt ont eu maille à partir avec lui à répétition. Possédant très peu de moyens militaires, mais ayant une certaine idée de la France, comme le souligne le titre du livre, il devait tenir une ligne politique qui était loin d’être gagnée d’avance, surtout dans la foulée de l’appel du 17 juin 1940, créant du coup le mouvement de la France libre.
«Bien sûr, c’est une immense biographie qui nous fait suivre également le personnage avant les faits d’armes de la Deuxième Guerre mondiale et après le conflit. Avant, c’est sa participation comme officier durant le premier volet de la guerre et, après, c’est comment il a navigué sur le plan politique pour extirper la France du bourbier algérien et a réussi à imposer la création de la Ve République, rien de moins!»
Alain Tremblay, technicien en gestion des dossiers étudiants à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l'information
«Heartstopper», d’Alice Oseman, Hachette, 2019
«Beaucoup de gens ont vu la série télé sur Netflix – c’était la sensation du printemps 2022 –, mais je suis toujours un peu surpris d’apprendre que très peu de personnes de mon entourage – mis à part mon amie bibliothécaire! – ont lu les livres. La prémisse est plutôt simple: Charlie fait la rencontre de Nick à l’école et les deux adolescents tombent amoureux l’un de l’autre. Malgré tout, Heartstopper réussit à se démarquer grâce à ses nombreux moments de tendresse, sa célébration de la joie queer et ses personnages diversifiés et attachants. Jamais une série ne m’a fait autant de bien! L’auteure n’hésite pas non plus à aborder des sujets plus délicats comme l’intimidation et les maladies mentales, mais elle le fait sans jamais tomber dans le sensationnalisme et en proposant une vision du monde somme toute optimiste. La série Heartstopper compte présentement cinq tomes; le cinquième est sorti le 7 décembre et j’ai bien hâte de le lire!»
Samuel Poirier-Poulin, doctorant en études cinématographiques
Vous pouvez trouver la grande majorité de ces livres dans les librairies et les bibliothèques de l’UdeM.