À l’approche des fêtes, l’Université de Montréal plonge dans l’esprit de partage… de livres! Nous avons demandé à des membres du personnel et des communautés étudiante et enseignante de l’UdeM quels livres leur avaient causé une surprise, avaient suscité leur intérêt ou fait vivre un moment d’émotion. Voici leurs recommandations, parfaites pour vous accompagner durant le temps des fêtes.
Roman fantastique déjanté, poésie québécoise actuelle, recueil de témoignages sur les fantasmes féminins, enquête journalistique sur notre système de santé ou encore roman graphique sur l’autisme… il y en a pour tous les goûts!
Sans nouvelles de Gurb, d’Eduardo Mendoza (1990)
«Il s’agit d’un roman écrit sous la forme du journal de bord d’un extraterrestre à la recherche de son compagnon, Gurb, disparu peu après leur atterrissage en Espagne. En consignant son aventure déjantée, l’extraterrestre nous dépeint un monde moderne caricatural dont il peine à comprendre les règles. C’est un petit livre sympathique qui se dévore en une soirée, un livre qui ne manque pas de me faire sourire, même en y repensant pour écrire ces lignes.»
Benjamin Constantineau, chef de la bibliothèque Hubert-Reeves
La mémoire délavée, de Nathacha Appanah (2023)
«Les pouvoirs coloniaux “déplacent” plus de 500 000 Indiens vers l’île Maurice pour travailler dans les plantations de canne à sucre. Les ancêtres de Nathacha Appanah y arrivent en 1872. Comme les autres, ils se sont “engagés” par contrat, pour un maigre salaire, dans la perspective de mieux vivre. Des promesses non tenues. C’est la déshumanisation systématique: “Mon trisaïeul porte le numéro 358444”, dit-elle. À travers sa quête d’une mémoire familiale délavée, l’auteure retrace un douloureux parcours de migration. Au centre du livre: les grands-parents, dans leur profonde dignité et leur grande humanité. Un récit court, intense, écrit avec pudeur, intelligence et poésie.»
Barbara Agnese, professeure de littérature comparée au Département de littératures et de langues du monde
La cuisinière des Kennedy, de Valérie Paturaud (2004)
«La cuisinière des Kennedy raconte le parcours d’Andrée Imbert, orpheline devenue chef cuisinière pour de grandes familles françaises avant de se joindre, en 1955, à la mythique famille Kennedy. De sa campagne natale aux demeures américaines, elle fait preuve de passion, de résilience et d’une soif rare de liberté, traversant avec humanité les joies et les drames du clan.
«Ce roman est le fruit de recherches approfondies. Je le recommande aux personnes fascinées par les destins hors du commun. Valérie Paturaud a une écriture sensible et élégante, où vie personnelle et contexte historique se répondent avec finesse. La cuisine devient alors un lien culturel et un vecteur de transmission.»
Martin Hudon, adjoint à la doyenne à la Faculté de musique
Want: Women's Fantasies in the Twenty-First Century (Nos désirs: 174 fantasmes féminins du monde entier), de Gillian Anderson (2024)
«Les femmes sont souvent dépeintes dans notre société comme des êtres moins sexuels que les hommes, et pourtant… La démarche de Gillian Anderson démontre tout le contraire et c’est tant mieux. Elle édite dans cette brique de plus de 500 pages les fantasmes et autres pensées coquines de 174 femmes de partout à travers le monde. À l’heure où la pornographie n’a jamais été aussi accessible, l’auteure s’est demandé ce qu’il en était des fantasmes des femmes. C’est Gillian Anderson elle-même qui introduit chaque chapitre et elle se livre chaque fois en toute vulnérabilité et avec honnêteté. Sans filtre, sans tabou, décomplexés, parfois provocateurs ou carrément dérangeants, mais sans contredit féministes, ces récits apparaissent comme une ode au désir féminin sous toutes ses coutures. En livre audio avec la voix profonde de Gillian Anderson à la narration, l’écoute donne parfois chaud!»
Geneviève O’Meara, porte-parole de l’Université de Montréal et conseillère principale aux relations avec les médias
La grande drive des esprits, de Gisèle Pineau (1993)
«La grande drive des esprits, de Gisèle Pineau, est un roman qui nous plonge dans la Guadeloupe des années 1930 à 1970. Il raconte les pérégrinations de Léonce, un jeune homme travailleur, marqué par une infirmité de naissance: un pied bot. Il parvient à épouser Myrtha, la femme qu’il aime. Leur mariage semble promis à un avenir heureux, mais leur destin, ainsi que celui de leurs descendants, sera bouleversé par des forces mystérieuses.
«À travers cette fresque, Gisèle Pineau explore les croyances populaires locales, les liens familiaux, les relations entre l’île antillaise et la France tout en peignant un tableau de la complexité et de la beauté de la culture guadeloupéenne.»
Emeline Pierre, professeure adjointe au Département des littératures de langue française
L'indomptable mammouth, de Pascal Mailhot et Marie-Michèle Sioui (2025)
«Depuis l’instauration de l’assurance maladie en 1970, le système de santé québécois a été soumis à de nombreux rapports, études et réformes. Dans L’indomptable mammouth: de l'assurance maladie à Santé Québec, un demi-siècle de réformes en santé, Pascal Mailhot et Marie-Michèle Sioui racontent, à travers des entrevues avec 30 personnalités, les multiples tentatives pour transformer ce réseau complexe. Leur récit met en lumière les ambitions politiques, les résistances corporatistes et les idéaux qui ont façonné la création de Santé Québec.»
Jonathan Abitbol, conseiller principal à l’engagement avec les Premiers Peuples au Vice-rectorat au communautaire, à l’international et aux Premiers Peuples
Et arrivées au bout nous prendrons racine, de Kristina Gauthier-Landry (2020)
«J’adore lire. Des romans, des essais, des recueils de nouvelles. Mais, en général, pas de la poésie. Pourtant, à l’été 2024, à l’occasion de la journée J’achète un livre québécois, c’est un recueil de poèmes que j’ai choisi à ma librairie de quartier préférée sur la rue Villeray: Et arrivées au bout nous prendrons racine, de Kristina Gauthier-Landry. Au départ, ce qui m’a attirée, c’est le thème: la Côte-Nord. J’ai eu la chance d’y aller trois fois en voyage dans ma vie et chaque fois ce fut La grande séduction. Une fois la lecture du recueil commencée, c’est le savant mélange de mots simples mis côte à côte, ou parfois mis les uns sous les autres comme des listes, évoquant des sentiments et des réalités pourtant complexes, qui a achevé de me séduire. Pour les amoureux et amoureuses des mots qui frappent. Et de la Côte-Nord.»
Annie Desnoyers, gestionnaire de projet en francisation à la Faculté des sciences de l’éducation
Le nom de la rose, d’Umberto Eco (1980)
«Le nom de la rose, premier roman du célèbre médiéviste et philosophe Umberto Eco, nous immerge dans le monde médiéval du 14e siècle. Œuvre relevant à la fois du polar et du roman historique, il nous livre le récit d’un ex-inquisiteur, Guillaume de Baskerville, et de son disciple, Adso de Melk, tous deux engagés dans une fascinante enquête sur une série de meurtres commis dans une abbaye bénédictine située entre la Provence et la Ligurie. D’une écriture érudite, parfois drôle, riche de références à la littérature médiévale, mais aussi moderne, truffée de débats théologiques et capable de grande poésie, Le nom de la rose nous propose tout à la fois une merveilleuse fresque historique et une passionnante histoire digne des grands romans policiers.»
Hugo Duguay, étudiant de doctorat à la Faculté de musique
Femme caméléon, de Mélissa Perron (2025)
«Ce récit d’une femme ayant reçu un diagnostic d’autisme à l’âge de 38 ans est poignant et révélateur. Avec franchise et sensibilité, il lève le voile sur la réalité que vivent de nombreuses personnes neurodivergentes qui, dès l’enfance, ont dû apprendre à s’adapter à une société qui ne leur correspondait pas vraiment. On y découvre les masques et les stratégies que l’auteure a fabriqués au fil des années pour survivre, ainsi que les étiquettes erronées qui lui ont été attribuées, faute de ressources et de compréhension. Comme je connais moi-même plusieurs personnes neurodivergentes, ce livre a fait écho à certaines de leurs confidences et expériences, ce qui a rendu la lecture encore plus touchante. Bref, une belle réflexion sur l’identité, la perception de soi et le camouflage social, qui aide à mieux comprendre ces caméléons qui partagent, plus souvent qu’on le pense, notre quotidien.»
Stéphanie Deschamps, conseillère en communication à la Faculté des sciences infirmières
Vol de nuit, d’Antoine de Saint-Exupéry (1931)
«Comme beaucoup, je pense, j’ai découvert Saint-Exupéry avec Le petit prince lorsque j’étais enfant. C’est pourtant avec Vol de nuit que j’ai redécouvert l’aviateur-écrivain il y a 10 ans.
«J’associe cette lecture à la nuit de l’hiver, profonde et colorée. Ce qui m’avait marqué, outre l’humanité entre le patron de l’aéropostale et ses pilotes, c’était la description poétique de ces vols de nuit en Argentine. Le génie de Saint-Exupéry s’exprime dès l’incipit: “Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or du soir.”»
Julien Robin, doctorant en science politique
Vous pouvez trouver la grande majorité de ces livres à La librairie et dans les bibliothèques de l’UdeM.