Lancement d’une formation sur les changements climatiques, la santé et les migrations
- UdeMNouvelles
Le 9 janvier 2024
- Christine Fortier
Les modules de la formation portent sur le climat et les changements climatiques, leurs conséquences sur la santé des populations et des individus et les migrations qu’ils provoquent, le statut des migrantes et migrants et leur accès aux services, les vulnérabilités des populations touchées et, enfin, les stratégies d’adaptation et les pistes de solution.
Crédit : GettyLa formation vise à améliorer la compréhension du phénomène de la migration climatique et de ses effets sur la santé des personnes déplacées.
Le Réseau de recherche en santé des populations du Québec (RRSPQ), et en particulier ses axes Santé mondiale et Éthique, viennent de mettre en ligne une formation en libre accès sur les changements climatiques et leurs répercussions sur la santé des populations et les migrations et déplacements forcés ou contraints.
Lisa Merry, professeure agrégée à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal et à la tête de l’axe Santé mondiale, raconte que la formation est née pendant la pandémie de COVID-19. «Au début, on voulait organiser une activité grand public sur l’immigration, les changements climatiques et la santé, mais le projet est tombé à l’eau à cause de la pandémie. Comme on trouvait que le sujet était d’actualité, on s’est demandé ce qu’on pourrait faire à la place et l’on a décidé de créer une formation offerte en ligne», dit-elle.
La formation s’est construite en deux temps. Tout d’abord, Lisa Merry, Matthew Hunt, professeur agrégé à l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill et directeur de l’axe Éthique, et leur équipe ont proposé à des membres du RRSPQ représentant différentes disciplines et expertises de participer à un atelier pour déterminer des thèmes pertinents à aborder dans la formation. Ensuite, ils ont invité une vingtaine d’experts du Québec et d’ailleurs à partager leurs réflexions et leurs connaissances dans les modules de la formation constituée de capsules vidéos, d’entrevues avec des spécialistes, de vignettes et de jeux-questionnaires. «On savait que personne ne lirait de longs textes ou des articles de recherche, alors on a essayé de rendre ça ludique», souligne la professeure, qui est aussi chercheuse au Centre de recherche SHERPA.
Concrètement, les modules de la formation portent sur le climat et les changements climatiques, leurs conséquences sur la santé des populations et des individus (incluant la santé mentale) et les migrations qu’ils provoquent, le statut des migrantes et migrants et leur accès aux services, les vulnérabilités des populations touchées (dont les communautés autochtones) et, enfin, les stratégies d’adaptation et les pistes de solution.
Des enjeux d’actualité
Depuis le début de l’élaboration de la formation, en 2020, les évènements climatiques extrêmes se sont multipliés à travers le monde. Le mois de juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur terre et le Québec a connu la pire saison d’incendies de forêt de son histoire. «On ne pensait pas qu’il faudrait autant de temps pour terminer la formation, mais elle arrive au bon moment. On entend parler de l’effet des changements climatiques tous les jours aux nouvelles et l’on entend aussi beaucoup parler d’immigration. De fait, les informations arrivent à un rythme tellement rapide qu’on se demandait si elle serait toujours à jour et pertinente. Je crois que oui, car elle porte sur les concepts de base de la migration climatique avec un accent particulier sur la santé et les vulnérabilités», indique Lisa Merry.
La formation s’adresse principalement aux chercheurs et chercheuses, à la communauté étudiante, aux cliniciens et cliniciennes, aux décideurs et à toute autre personne concernée par le phénomène de la migration climatique, mais elle est ouverte à tous. «Le contenu est accessible, même s’il y a des explications un peu plus détaillées et scientifiques qui sont données. Je dirais donc qu’elle cible davantage les gens qui ont des connaissances sur le sujet et veulent en savoir plus», poursuit la professeure.
Lisa Merry mentionne notamment l'intérêt de la formation pour le personnel infirmier parce qu’il est en contact avec les immigrants: «Le fait de mieux comprendre le vécu de ces personnes qui ont décidé ou ont été forcées d’immigrer au Québec à cause des changements climatiques pourrait être utile dans notre accueil, dans nos approches de soins.»
Maintenant que la formation est en ligne, Lisa Merry souhaite qu’elle ait du succès et contribue à sensibiliser les uns et les autres à cette réalité. «En ce moment, on a beaucoup d’immigrants qui arrivent et il y a une certaine stigmatisation à leur endroit. Enfin, j’aimerais qu’elle ait assez de visibilité pour avoir une influence sur les politiques», conclut-elle.
Un travail d’équipe
L'équipe qui a conçu la formation comprend aussi Thierry Hurlimann et Tzvetelina Tzoneva, coordonnateurs respectivement de l’axe Santé mondiale et de l’axe Éthique du RRSPQ, Sophie Schriever, agente de recherche du Réseau, le réalisateur Charles Massicotte (Dead End) et Sergio Luna pour la conception du site Web Climigrant. À noter que la formation a bénéficié du soutien financier du RRSPQ, du Fonds de recherche du Québec – Santé et de l’Université de Montréal.
La formation est accessible à climigrant.org/formation/.